Retour sur la rencontre des membres du Digital Democracy Accelerator

Retour sur la rencontre des membres du Digital Democracy Accelerator

En photo, 5 des 6 mentors de la première promotion du Digital Democracy Accelerator : Tomas Rakos, Domenico Di Siena, Annie Cook, Valentin Chaput et Jon Stever (photo : ©People Powered).

Un programme signé People Powered

People Powered est un réseau global qui connecte depuis plusieurs années les personnes et organisations qui construisent des projets participatifs d’avant-garde à travers le monde. Parmi de nombreux programmes de partage et formation, People Powered a lancé cette année un double programme d’accélération de démarches de démocratie climatique et de démocratie digitale, intégré dans un nouvel outil d’élaboration et de suivi de démarches appelé Participation Playbook. Valentin Chaput, co-fondateur et directeur général d’OSP, a été choisi pour être l’un des 6 mentors du programme.

L’implication d’Open Source Politics

Open Source Politics est heureux du partenariat fécond engagé avec People Powered depuis trois ans. Nous avons mis en place une plateforme participative Decidim pour les discussions stratégiques de la communauté, nous participons à des projets européens et internationaux ensemble et à travers ce nouveau programme, nous allons contribuer au succès de nouvelles démarches : la conception d’un débat sur l’IA avec la communauté éducative de l’Université de Malaga et l’association CoGlobal, ainsi que l’émergence d’une culture participative dans les start-ups danoises et leurs relations avec les institutions en accompagnant l’association de dirigeants Danish Tech Startup.

Une rencontre berlinoise placée sous le signe du collectif

Les 7 et 8 novembre derniers, les membre de la promotion 2023 du Digital Democracy Accelerator se sont retrouvés à Berlin, pour deux jours de réflexions collective centrés sur les projets lauréats et leurs plans d’action initiaux. Au programme : lutte contre la désinformation, implication des jeunes dans l’élaboration des réglementations contre le harcèlement en ligne, développement d’une culture du logiciel libre dans les administrations publiques, organisation des premiers panels citoyens dans de nouveaux pays européens ou encore mise en place d’un dialogue mondial sur l’intelligence artificielle…

Lors de cet événement, nous avons eu le plaisir de retrouver nos partenaires de l’association Decidim, de Platoniq et de Missions Publiques, ainsi que les mentors qui nous inspirent depuis des années et les soutiens financiers sans qui un tel projet ne pourrait exister (Open Society Foundation et Bertelsmann Stiftung notamment).

Les leçons apprises

Avec les autres mentors du programme (Annie Cook de Decision Matters, Domenico Di Siena de DemSoc, Reema Patel d’Ipsos, Tomas Rakos de Participation Factory et Jon Stever d’Innovation For Policy), nous avons partagé de nombreuses leçons apprises sur les 5 continents au cours de la décennie écoulée.

Il faut repenser nos vies numériques

Alors que nos vies numériques ont été complètement privatisées et enfermées dans des bulles de confort qui influencent nos comportements au-delà de ce dont nous avons conscience, il faut concevoir de nouvelles politiques numériques et de nouveaux outils publics, centrés sur les besoins collectifs et la justice sociale.

Les outils numériques ne sont pas magiques

Leurs succès dépend de l’usage que l’on en fait et de notre capacité à atteindre des publics cibles diversifiés et éloignés des décisions et/ou des usages numériques. Pour cela, il est important de trouver le bon degré de simplicité d’usage et de complexité des politiques publiques à transformer, le bon alliage entre participation en ligne et hors ligne, et les modalités qui égalisent les participants entre eux.

Un équilibre entre consensus et controverse doit être trouvé

Il faut également trouver le bon équilibre entre des démarches délibératives (comme les assemblées citoyennes) qui tendent vers le consensus, et le besoin d’exprimer et explorer les controverses et la polarisation présentes dans la société. Les démarches doivent être plus créatives, fondées sur une réelle intelligence collective qui n’émerge que si nous alternons les phases de dialogue ouvert et de convergence.

La mise en perspective est primordiale

Il est important de mettre en perspective nos propres conceptions de ce que doit être une bonne démocratie, au regard de démarches très ambitieuses conduites dans des pays que l’on pourrait qualifier d’autoritaires, alors que certaines démarches ne sont que des artifices dans les pays occidentaux. La session de Jon Stever sur le co-design des innovations démocratiques au Rwanda et au Sénégal a ainsi été très appréciée. Au-delà des temps de travail, de passionnantes discussions ont confronté nos regards sur l’état – souvent préoccupant – des démocraties en Europe, aux États-Unis, en Amérique latine et en Afrique.

Rien n’est figé dans le marbre

Il est possible de répliquer des modèles, de reproduire des recettes, mais il est toujours nécessaire de les adapter pour des démarches sur-mesure, qui restent par nature expérimentales et peuvent donc échouer en raison de multiples facteurs externes difficilement prévisibles. Nous avons notamment évoqué l’impact des alternances politiques, qui peut remettre en cause de fragiles acquis en matière de culture de la délibération.

La participation citoyenne est efficace et audacieuse

La participation citoyenne apparaît particulièrement efficace sur les sujets très controversés pour lesquels la population se trouve généralement en avance sur une classe politique frileuse (mariage homosexuel, fin de vie) ou émergents et non régulés (l’IA est dans toutes les têtes en ce moment).

L’innovation ne fait pas tout

Enfin, et c’était peut-être le conseil le plus contre-intuitif et marquant pour nous, nous avons retenu la recommandation de Tomas et Domenico : il n’est pas nécessaire de mettre en avant le caractère innovant et démocratique des exercices participatifs que nous menons pour convaincre et embarquer des parties-prenantes qui veulent surtout prendre des décisions plus efficaces, obtenir des données plus précises, améliorer la gestion de leurs projets, produits ou services publics. Comme des héritiers modernes des personnages de Molière, ils finiront par s’apercevoir des plus-values de la participation dont ils vont faire l’expérience sans en avoir conscience.

Rendez-vous au printemps pour évaluer les avancées des projets de démocratie numérique et justice sociale que nous avons hâte de voir se concrétiser.

Pour aller plus loin, lire l’article rédigé par Melissa Zisengwe pour People Powered

La participation citoyenne aux États-Unis et en Europe : une perspective comparative

La participation citoyenne aux États-Unis et en Europe : une perspective comparative

Ce texte rédigé par Joel Berenguer Moncada et Giulia Cibrario est disponible en français 🇫🇷 et en anglais 🇺🇸. English version below.


Open Source Politics est basée et travaille principalement en Europe, mais nous avons également la chance de mener des missions très intéressantes aux États-Unis. Nous avons notamment lancé la plateforme Decidim de la Civic Engagement Commission de la ville de New York (CEC), qui met en œuvre le premier budget participatif (BP) à l’échelle de la ville. Nous collaborons également avec le Great Cities Institute de l’Université de l’Ilinois sur le budget participatif de plusieurs quartiers de Chicago, ainsi qu’avec le High School District de Phoenix, en Arizona, qui a mis en place un BP axé sur un réseau de lycées de la ville.

En évaluant les principaux enseignements de nos missions aux États-Unis, nous avons remarqué un certain nombre de différences par rapport au contexte européen. Ces différences couvrent de multiples dimensions : 

  • les acteurs impliqués,
  • les objectifs de fond des démarches de participation citoyenne 
  • ainsi que les principaux axes de leur conception et de leur mise en œuvre. 

Pour cette raison, nous avons décidé de ne pas nous concentrer sur une mission spécifique ni de donner un simple aperçu de nos projets en Amérique du Nord, mais d’adopter une perspective comparative et de souligner les similitudes et les différences entre les processus participatifs que nous avons accompagnés en Europe et aux Etats-Unis. Néanmoins, notre perspective reste principalement basée sur le contexte européen et peut donc être biaisée. C’est pourquoi cette analyse comparative a été réalisée avec l’aide de Francesco Tena, fondateur de Pipeline to Power, partenaire de la Commission d’engagement civique de NYC, boursier de la Fondation Obama et champion infatigable de Decidim en Amérique du Nord. L’article que vous lisez est le résultat de ce dialogue.


Les processus participatifs liés à une thématique sociale et le rôle de la société civile

Les États-Unis d’Amérique sont l’une des plus anciennes démocraties du monde. Pourtant, la question de l’écoute de la voix de tous les citoyens, en particulier de ceux qui appartiennent à des groupes minoritaires, n’a jamais été autant sous les feux de l’actualité que ces dernières années. La participation des citoyens aux politiques publiques au-delà des élections n’est pas une pratique institutionnalisée ni régulière, alors que dans certains pays européens, des processus tels que le budget participatif sont de plus en plus répandus, au moins au niveau local, sous l’impulsion de gouvernements locaux de différentes tendances politiques.

Illustration concrète de la participation citoyenne américaine lors du séance public autour du sujet de l'agriculture urbaine à Atlanta.
Illustration concrète de la participation citoyenne américaine lors du séance public autour du sujet de l’agriculture urbaine à Atlanta. Adjoajo, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons

Les organisations de la société civile, et notamment celles qui agissent pour améliorer les conditions et l’accès aux droits des communautés à l’échelle locale se placent au centre de cette conversation. C’est ainsi que nous avons interprété le fait de voir de nombreux processus participatifs portés par des mouvements de base et des ONG plutôt que par des institutions publiques. Pourtant, nous avons découvert que le rôle central de la société civile dans la promotion de la participation des citoyens a des origines plus complexes.

Premièrement, les différents niveaux de gouvernement aux Etats-Unis sont moins coordonnés à des fins pratiques qu’en Europe. Dans ce contexte, de nombreuses ONG aident les citoyens à s’orienter ou à plaider devant les différentes juridictions qui se chevauchent (et parfois se contredisent). En outre, la décentralisation des initiatives (et des politiques en général) est plus une nécessité qu’un souhait, car ce manque de coordination implique davantage d’obstacles pour les projets à grande échelle. Il en va de même pour le rôle de la société civile, qui devient un intermédiaire nécessaire pour combler les nombreux fossés entre les citoyens et les multiples niveaux de gouvernement.

Une autre observation est que les processus participatifs aux États-Unis ont tendance à se concentrer davantage sur des questions spécifiques, et celles-ci ont généralement une charge politique plus importante qu’en Europe. Ces questions sont souvent liées au climat, au racisme, à l’éducation ou à l’inégalité d’accès aux soins de santé. Nous pensions que l’impact des ONG de plaidoyer et des mouvements citoyens expliquerait la demande de ces processus participatifs sur des « questions brûlantes ». Si, en effet, ces acteurs sont très vocaux quant à leurs demandes de solutions, ils ne demandent pas nécessairement plus de participation. Ce sont généralement les agents publics ou les professionnels de la participation citoyenne qui soulèvent la question de l’utilisation des outils participatifs lorsqu’ils sont mis au défi de canaliser ces demandes publiques. Par conséquent, le choix de la participation citoyenne fait partie de la méthodologie adoptée car il renforce l’efficacité des mesures mises en œuvre pour faire face à ce problème.

Institutionnalisation vs approche pilote

En revanche, en Europe, la pratique régulière du budget participatif est dans une certaine mesure un résultat clé, et les domaines politiques couverts concernent souvent les infrastructures : les gens proposent d’allouer une partie du budget communautaire pour mieux équiper les parcs, les voies, les infrastructures sportives publiques et toutes sortes d’espaces partagés. Aux États-Unis, les communautés veulent s’attaquer à un problème sociétal, et elles décident de le faire par le biais d’un processus participatif tel que le budget participatif.

C’est pourquoi la phase de conception de chaque processus participatif comprend un comité de pilotage où toutes les parties prenantes, et notamment les plus marginalisées, sont invitées à intervenir et à contribuer à la définition des règles selon les principes d’inclusivité et d’accessibilité pour toutes et tous.

Bannière de la plateforme Decidim de la Civic Engagement Commission de la ville de New York centrée sur la participation de ses citoyens dans le budget de la ville.
Bannière de la plateforme Decidim de la Civic Engagement Commission de la ville de New York (CEC).

En fait, la nature thématique de la plupart des processus participatifs s’explique également par des raisons budgétaires : la participation des citoyens n’est pas considérée comme une politique à part entière, mais elle est complémentaire des domaines politiques « principaux » (auxquels sont alloués les « principaux » financements). En termes d’organisation gouvernementale, la politique de participation est toujours rattachée à des bureaux chargés d’autres politiques, généralement proches des gens (jeunesse, engagement familial, droits civils). A titre d’exception, New York est l’une des rares villes à disposer d’une commission d’engagement civique dédiée à ce sujet.

Le principal avantage d’une telle approche est que l’accent est mis sur les problèmes à résoudre plutôt que sur le processus lui-même, ce qui garantit que ce qui compte, c’est l’impact des projets. Au contraire, ces projets ont souvent tendance à rester dans la phase pilote, principalement en raison du manque de ressources dans le temps.

Ressources limitées et professionnels de la participation citoyenne

Ce manque d’institutionnalisation peut également trouver son origine dans les pratiques budgétaires spécifiques du secteur public aux États-Unis. Ce caractère provisoire permanent des initiatives participatives est également dû à un manque général d’engagement pluriannuel à leur égard d’un point de vue financier. Outre le fait que les initiatives participatives ne jouent qu’un rôle « complémentaire » dans le cadre de politiques plus larges, leurs ressources sont susceptibles d’être réduites à tout moment, de sorte que les promesses et l’horizon de planification tendent à ne durer que jusqu’à la fin de l’année fiscale. Cette situation est aggravée en général par le budget réduit (environ 50 % des recettes totales) dont disposent les agents publics pour l’allouer de manière discrétionnaire, car pour les collectivités locales américaines, le poids des dépenses fixes est plus important (assurance maladie des employés, etc.).

En conséquence, la plupart des processus participatifs sont confiés à des prestataires qui peuvent fournir l’expérience et l’infrastructure nécessaires au déploiement de ces projets ponctuels. Ces prestataires interviennent généralement dans les phases de conception et d’exécution. Souvent, ils profitent de l’environnement existant pour obtenir des informations précieuses et renforcer la portée de l’initiative. Combinés aux ressources mises en place par l’office public chargé du processus, les contractants remplissent leurs objectifs politiques. En ce qui concerne la sélection de ces prestataires, peu de problèmes découlent de leur nature commerciale ou non, alors que la diversité dans leurs équipes d’effectifs tend à être appréciée comme une garantie d’inclusivité dans les résultats des projets.

Source ouverte et confidentialité des données : un argument naissant

On pourrait penser que parmi ces variables, il y a la nature des logiciels utilisés. En général, si les agents techniques du gouvernement sont conscients et très réceptifs aux avantages et aux défis des logiciels libres comme Decidim, d’autres agents peuvent avoir besoin d’une introduction plus approfondie. Quoi qu’il en soit, il ne s’agit pas encore d’une question prioritaire ou déterminante aux États-Unis, comme c’est de plus en plus le cas en Europe. Dans le même ordre d’idées, le débat public sur la confidentialité des données aux États-Unis ne repose pas sur les mêmes bases que sur le vieux continent, puisque l’accent est mis sur la méfiance des citoyens à l’égard de l’utilisation de leurs données par le gouvernement (identification des migrants en situation irrégulière, profilage, etc.).

Nous tenons à remercier chaudement Francesco pour sa précieuse expérience et ses réflexions et nous espérons que cet article vous a éclairé sur la situation de la consultation citoyenne en France/Europe par rapport aux USA.


Pour aller plus loin


Citizen Participation in the US and in Europe: a comparative perspective

Open Source Politics is based and mainly works in Europe, but we also have the chance to carry some very interesting missions in the US. Namely, we are powering the Decidim platform of the New York City Civic Engagement Commission (CEC), which is implementing the first citywide Participatory Budgeting. We are also collaborating with the Great Cities Institute of Chicago on its Participatory Budgeting, as well as with the High School District of Phoenix, Arizona, which implemented a PB focused on school safety. 

As the end of the year is approaching, it is time to perform the yearly overall evaluation of our missions of 2022. While assessing the main things we have learnt from our missions in the US, we noticed a number of differences compared to the European context. These differences cover multiple dimensions: the actors involved, the overarching goals of participatory processes as well as the main focuses in their design and implementation. For this reason, we decided not to focus on a specific mission nor to give a simple overview of our projects in North America, but to adopt a comparative perspective and highlight similarities and differences between participatory processes in Europe and in the US. Nevertheless, our perspective remains mainly based on the European context and therefore it may be affected by bias. This is why we decided to conduct this comparative analysis with someone from the other side of the Atlantic Ocean who has a deep understanding of the North American context. The article you are reading is the result of this dialogue.

We would like to thank Francesco Tena, founder of Pipeline to Power, partner of the NYC Civic Engagement Commission, Scholar of the Obama Foundation and tireless champion of Decidim in North America, for his precious experience and insights.

Issue-related participatory processes and the role of civil society

The United States of America is one of the most ancient democracies of the world, yet the conversation about listening to the voice of all citizens, especially the ones belonging to minority groups, has never been more under the spotlight than in the last few years. Citizen participation in public policy beyond the elections is not an institutionalized nor regular practice, whereas in some European countries processes like the Participatory Budgeting are becoming more and more widespread and « mainstream » at least at the local level, impulsed by local governments of different political leanings. 

Concrete illustration of American citizen participation during the public session on the subject of urban agriculture in Atlanta. Adjoajo, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons

Civil society organizations, particularly those working to improve conditions and access to rights for communities at the local level, are at the forefront of this conversation. This is how we interpreted the fact of seeing many participatory processes carried by grassroot movements and NGOs rather than public institutions. Yet, we discovered that the central role of civil society in promoting citizen participation has more complex origins. 

First, the different government levels in the US are less coordinated for practical purposes than in Europe. In this context, a lot of NGOs work helping citizens to navigate through or advocate before the different overlapping (and sometimes contradicting) jurisdictions. Moreover, decentralization of initiatives (and of policies in general) is more a necessity than a wish, as this lack of coordination implies more obstacles for big scale projects. The same goes for the role of civil society, which becomes a necessary intermediate filling the many gaps between citizens and the multiple levels of government.

Another observation was that participatory processes in the US tend to be more focused on specific issues, and these usually have a greater political charge than in Europe . These issues are often related to racial inequality, climate, education or unequal access to healthcare. We thought the impact of advocacy NGOs and citizens’ movements would explain the demand for these participatory processes on « burning issues ». If, indeed, these actors are very vocal about their demands for solutions, they do not necessarily ask for more participation. It is usually public officers or professionals of citizen participation who bring up the question of using participatory tools when they are challenged to channel these public demands. Therefore, the choice of citizen participation is part of the adopted methodology as it enhances the effectiveness of the measures implemented to face that issue.

Institutionalization vs pilot approach 

By contrast, in Europe the regular practice of Participatory Budgeting is to some extent a key result, and the policy areas covered often relate to infrastructure: people propose to allocate part of the community budget to better equip parks, lanes, public sport infrastructure and all kinds of shared spaces. In the US, communities want to address a community issue, and they decide to do it through a participatory process such as Participatory Budgeting.

This is why the design phase of each participatory process includes a steering committee where all the stakeholders, and notably the most marginalized ones, are asked to intervene and to help define the rules according to the principles of inclusivity and accessibility to all.

New York City Civic Engagement Commission’s (CEC) Decidim platform banner.

In fact, the thematic nature of most participatory processes is also explained by budgetary reasons: citizen participation is not considered as a policy on its own, but it is complementary to the « main » policy areas (to which the « main » funding is allocated). In terms of government organization, participation policy is always attached to offices in charge of other policies, usually close to people (youth, family engagement, civil rights). As an exception, New York is one of the few cities with a Civic Engagement Commission dedicated to the subject.

The main advantage of such an approach is that the focus remains on the issues to tackle rather than in the process itself, ensuring that what matters is the impact of the projects. On the contrary, these projects often tend to remain in the pilot phase, mainly as a consequence of lack of resources over time. 

Limited resources and professionals of citizen participation 

This lack of institutionalization may also find its origins in the specific budgeting practices of the public sector in the US. This permanent provisionality of participatory initiatives is also caused by a general lack of multi year commitment to them from a financial perspective. On top of the only « complementary » role of participatory initiatives within broader policies, its resources are subject to be cut at any time, so promises and planning horizon tend to last only until the end of the fiscal year. This is aggravated in general by the reduced budget (around 50% of the total revenue) available for public officers to allocate in a discretionary way, as for local communities in the US the burden of fixed expenses is higher (employees health insurance, etc).

As a consequence, most participatory processes are outsourced to contractors that can provide the experience and infrastructure needed to deploy these one-off projects. These contractors usually intervene in both the design and the execution phases. Often, these contractors will profit from the existing environment to get valuable inputs and boost the outreach of the initiative. Combined with the variables set up by the public office in charge of the process, the contractors fulfill their policy objectives. Concerning the selection of these contractors, few problems arise from the commercial or non-profit nature of these contractors, whereas diversity in their staff teams tends to be valued as a guarantee of inclusivity in the outcomes of the projects. 

Open source and data privacy: a nascent argument 

One could think that among these variables there could be the nature of the software used.

In general, while government tech officers are aware and very receptive to the advantages and challenges of open source software like Decidim, other officers may require a more deep introduction. In any case, this is not a priority or determinant issue in the US as it is increasingly becoming the case in Europe. On the same line, the public debate about data privacy in the US is not set on the same grounds as in the old continent, as the focus is put on the peoples’ distrust in the government use of their data (identification of irregular migrants, profiling, etc) rather than avoiding their commercial exploitation and enforcing a clear set of privacy rights.

We would like to thank Francesco for his valuable experience and thoughts and we hope that this article has enlightened you on the situation of citizen consultation in France/Europe compared to the USA.

Decidim Fest 2022 : l’avenir de l’Internet

Decidim Fest 2022 : l’avenir de l’Internet

L’univers du logiciel libre Decidim compte dans ses rangs une multitude d’intégrateurs comme Open Source Politics qui contribuent à son développement depuis sa création. Les ajouts et corrections se font sur une base de code partagée, ainsi, le logiciel n‘est pas développé en silo par une seule équipe, mais par une véritable communauté. Depuis six ans, contributeurs, chercheurs, activistes du logiciel libre, curieux et autres membres de la communauté Decidim se réunissent à Barcelone (ou à distance par temps de pandémie) pour l’événement annuel organisé autour de son outil de participation citoyenne. Cet événement, d’abord appelé JAM, et maintenant Decidim Fest, a eu lieu les 13 et 14 octobre derniers. Cinq membres de notre équipe étaient sur place pour assister aux conférences, profiter du soleil et vous faire le compte-rendu des temps forts de ce Decidim Fest 2022 !

Une partie de notre délégation au Decidim Fest avec dans l’ordre, Simon Žilinskas – Inta, Baptiste Thivend et Pauline Bessoles.

En amont, une rencontre avec nos homologues européens

La veille de la conférence, nous avons convié les entreprises qui, comme nous, sont fournisseurs de plateformes Decidim, à nous rejoindre pour un atelier dédié à l’amélioration et au renforcement de la collaboration entre nos différentes structures. Ce moment d’échange a été particulièrement fructueux, et il en est ressorti des points très encourageants, notamment une gestion collaborative des modules autour de Decidim ou encore la mise en place de processus de co-financement inter-entreprises. PokeCode (Barcelone), Mainio Tech (Helsinki), Octree (Genève) ainsi que de nombreuses autres entreprises ont annoncé leur volonté de collaborer plus étroitement afin d’améliorer Decidim encore plus efficacement. Nous continuons les discussions et vous tiendrons au courant de nos avancées !

Le Decidim Fest était organisé sur deux jours : le premier offrant une vision approfondie des sujets comme les communs numériques et la démocratie, et le second consacré à la communauté et à son avenir. La partie « théorique​ » (bien que très enrichie d’échanges et questions-réponses) a couvert un ensemble de sujets divers.

Premier jour : la construction d’un mouvement mondial

La journée a commencé par une discussion entre les représentants de 5 villes utilisant Decidim : Kakogawa (Japon), Monterrey (Mexique), Bruxelles (Belgique), New York (USA) et Barcelone (Catalogne, Espagne). Ce fut l’occasion de partager les meilleures pratiques issues de diverses expériences. Par exemple, le représentant de la ville de Bruxelles a souligné l’importance d’une approche hybride (numérique + présentiel), la représentante de la ville de Barcelone a partagé la manière dont  ils gèrent l’opposition à la participation des citoyens, et la représentante de la ville mexicaine de Monterrey a enfin parlé de leur expérience d’ouverture d’un budget participatif sur 5% du budget municipal dans une ville de 5 millions d’habitants. Arnaud Pinxteren (Bruxelles) a partagé l’idée d’aider les citoyens à visualiser les projets via des outils de réalité virtuelle  – avis à nos partenaires, que diriez-vous de l’ajouter à notre feuille de route et de le faire au prochain budget participatif ?

Le rôle des projets open source dans l’infrastructure web

La discussion a été suivie d’un exposé et d’une séance de questions-réponses avec Adriana Groh, responsable du Sovereign Tech Fund en Allemagne. Comme l’illustre cette image qu’elle a partagée au cours de son intervention, l’infrastructure numérique moderne repose sur quelques projets open source maintenus parfois par seulement 1 ou 2 développeurs engagés. En fait, 64 % des 133 principaux projets GitHub sont maintenus par un ou deux développeurs. Cela s’explique par le fait que, le plus souvent, leur travail n’est pas financé par un modèle économique viable sur le long terme. Son fonds soutient ces projets d’infrastructure numérique et leur maintenance non seulement en fournissant des ressources financières mais aussi en aidant à construire une communauté durable autour du projet. 

Les discussions suivantes ont porté sur la réglementation de l’internet, les stratégies de lutte contre la désinformation et la manière de réduire les inégalités sur internet. Les vidéos des interventions seront bientôt disponibles, nous vous tiendrons informés dès leur publication ! 

En résumé, cette première journée de festival nous a donné matière à réflexion, qu’il s’agisse de la soutenabilité des projets open source, de la coopération au sein de la communauté ou encore de nos pratiques de développement et de formation ! 

Deuxième jour : vie de la communauté Decidim

La deuxième journée a été consacrée exclusivement à la communauté. En plus des nombreuses occasions de discuter avec les autres « decidimeurs », l’Assemblée générale du vendredi matin a été l’occasion d’un débat structuré sur l’avenir de l’association et de la communauté. Trois grands chantiers ont fait l’objet d’une présentation par Arnau Monterde, Carolina Romero et Nil Homedes, tout trois travaillant au sein de l’association Decidim, puis les participants ont été séparés en deux groupes, pour travailler sur les différentes thématiques. 

L’internationalisation du logiciel et de la communauté 

Avec l’expansion dans tous les continents du logiciel Decidim, de nouvelles plateformes communautaires locales ont été créées, et notre Club utilisateurs en fait partie ! La création de plateformes comme le Club ou comme Metadecidim Japan fait entrer la communauté dans une nouvelle échelle internationale, et de nouvelles questions se posent. Comment intégrer les sections locales dans une communauté plus grande ? Comment encourager l’organisation d’événements locaux, qui viennent de la communauté et plus de l’association, comme nous l’avons fait avec le Decidim Day en 2019 ? De grands projets s’annoncent dans plusieurs régions du monde… 

Le financement de l’association et sa soutenabilité 

Comment trouver des financements directs du secteur public, et à l’international ? Comment améliorer les financements privés et les donations ? Le logiciel s’internationalise, et ses financements aussi. 

L’amélioration des outils de participation communautaire

Présentation de la nouvelle mouture de metadecidim, plus accessible et accueillante, Ouverture et animation de canaux dédiés au design de Decidim, à ses traductions, ouverture d’un canal pour le support aux administrateurs (en anglais). L’objectif ? Améliorer la participation de tous types de profils, et pas seulement de développeurs ! 

De la théorie à la pratique

Enfin, le Decidim Fest s’est conclu par des ateliers – un pour la visualisation des données, un pour la refonte, et un pour les débats. Nous ne vous en dévoilons pas le contenu pour l’instant car nous prévoyons de consacrer des articles dédiés à ces sujets dans les semaines à venir, mais voici quelques photos et témoignages de la délégation OSP à Barcelone.

C’était un vrai plaisir de retrouver toute la communauté, et d’avoir le temps de discuter de sujets structurants avec l’association, les entreprises et les chercheurs autour de Decidim ! L’atelier sur le redesign a été particulièrement intéressant, et nous a permis de faire nos retours sur une première maquette présentée par les designers de Populate, entreprise mandatée pour le redesign global des espaces utilisateur et administrateur. Nous avions déjà fait un atelier en interne à nos bureaux, pour pouvoir recueillir les avis de nos collègues, que l’on a donc pu faire à ces équipes, très ouvertes à nos retours ! Hâte de voir ces améliorations sur nos plateformes ! 

Pauline Bessoles

La thématique de cette année : comment penser et construire l’internet du futur ? Quels sont les défis démocratiques que cet espace conflictuel, dont la gouvernance est de plus en plus centralisée et privatisée ? Quelles réponses pouvons-nous apporter depuis le bien commun numérique qu’est Decidim ? Autant de questions qui se posent chaque jour dans ma pratique professionnelle mais aussi dans nos vies personnelles et citoyennes qui sont encadrées, rythmées et sollicitées par des actions nécessitant internet.

Travaillant sur les questions de mobilisation des populations éloignées de la participation, notamment les jeunes, et des pratiques délibératives, j’ai rejoint le groupe s’employant à co-créer davantage de délibération sur Decidim dans un sens plus inclusif, accessible et sécurisé. Merci à nos collègues de Platoniq Foundation pour cet atelier !

Lisa Giner
L’atelier sur l’amélioration de la fonctionnalité débat.
L’atelier sur l’amélioration de la fonctionnalité débat.
L’atelier sur le redesign de l’espace administrateur.
L’atelier sur le redesign de l’espace administrateur (qui sortira dans la version 0.29!).
Une partie du public lors de l’ouverture du festival.
L’atelier sur l’internationalisation du logiciel et de la communauté.

Pour aller plus loin

Pour ne rien rater des prochaines fonctionnalités à venir sur Decidim et plus globalement de l’actualité d’Open Source Politics et du monde de la civic tech, inscrivez-vous à notre lettre d’information mensuelle !


Toutes les photos de cet article sont de Claudia López et sous licence CC BY-SA 4.0. L’illustration de l’infrastructure web elle, est de XKCD sous licence CC BY-NC 2.5. Le texte sous licence CC BY-SA 4.0. est de Baptiste Thivend, Lisa Giner, Pauline Bessoles et Simon Žilinskas – Inta.