La métropole européenne de Lille : construire une politique publique de participation

La métropole européenne de Lille : construire une politique publique de participation

Cas d’usage – La métropole européenne de Lille : construire une politique publique de participation

Open Source Politics accompagne la Métropole Européenne de Lille depuis un an dans le développement de sa politique de participation. C’était donc l’occasion d’échanger avec Delphine Eslan, du service Concertation et Citoyenneté de la MEL, afin de revenir sur le travail effectué depuis le lancement du service en 2014.

Lorsque vous avez choisi Open Source Politics pour vous accompagner dans la réalisation de vos démarches participatives numériques comme physiques, la Métropole Européenne de Lille avait déjà une certaine tradition de participation citoyenne. Pourriez-vous nous retracer cette histoire ? Quand la MEL a-t-elle pris le parti d’impulser cette manière de construire ses politiques publiques ?

Delphine Eslan : Avant 2014 et les élections métropolitaines, la dimension transversale de la participation n’était pas particulièrement exploitée puisque les deux dispositifs en place (concertations réglementaires et Conseil de développement) n’avaient pas l’ambition de se nourrir mutuellement.

Le changement d’exécutif et l’arrivée de Damien Chastelain à la présidence a impulsé de profondes transformations dans la vision et le traitement de la participation citoyenne à l’échelle métropolitaine. La Mission Concertation et Citoyenneté est créée à cette occasion mais sa feuille de route n’est pas définie.

Il a donc fallu que nous construisions nous-mêmes, en accord avec les élus bien sûr, notre propre feuille de route. Nous avons décidé de soumettre l’élaboration de la politique de participation aux habitants du territoire. Les élus se sont beaucoup impliqués dans cette “Fabrique citoyenne”, qui a donné naissance à une Charte de la participation citoyenne. Cette Charte nous donne encore les orientations de la Métropole sur le sujet, les méthodologies à suivre et un plan d’actions précis. Finalisée fin 2016, cette Charte a été votée en Conseil métropolitain dans la foulée, le 2 décembre.

Nous n’avions pas Decidim à l’époque, nous avons donc dû à partir de décembre 2015 adapter le back-office du site internet de l’époque. La concertation qui a donné la Charte a également permis de soulever cette nécessité : la Métropole devait se doter d’un outil numérique dédié. Mi-2016, un appel d’offres en ce sens était donc lancé à toutes les entreprises civic tech. Début 2018, nous avons adopté après un premier essai Decidim, le logiciel libre proposé par Open Source Politics.

Rentrons maintenant plus dans la pratique de la participation à la MEL. Une métropole a une position souvent compliquée à gérer au sein de l’organisation politico-administrative française. Le déficit de reconnaissance souvent constaté rend parfois difficile la participation citoyenne. Comment déterminez-vous les thèmes qu’il est pertinent de soumettre à la concertation ?

Nous sommes une direction qui a vocation à venir en support des directions techniques. Nous sommes centrés sur les compétences de la MEL, ce qui nous permet de nous insérer facilement dans l’organisation politico-administrative française puisque ce sont les services qui viennent à nous avec une volonté d’intégrer la participation dans la construction de leur politique publique. Nous avons donc peu de conflit de compétences.

La plateforme Decidim de la MEL est un outil parmi de nombreux autres, mais les services rentrent souvent dans la participation par cet outil ; à nous de leur montrer comment prendre en compte les différentes modalités participatives. La pertinence d’un thème pour la participation dépend souvent du dispositif participatif mis en place.

Si l’on prend l’exemple précis de la concertation sur la marche, pourriez-vous nous décrire la manière dont vous avez construit cette démarche ?

La concertation sur la marche est un bon exemple de concertation vertueuse : elle a été bien anticipée puisque le Plan marche doit être finalisé en 2020. Nous avons élaboré un processus développé qui permet de travailler sur les cibles de la concertation et l’écosystème à mobiliser. Il faut ajouter à cela le temps de mettre en forme la démarche que l’on veut proposer aux citoyen.nes : nous avons souhaité utiliser le numérique pour établir le diagnostic et y adjoindre des dispositifs en présentiel.

Une randonnée urbaine exploratoire s’est avérée très utile pour confirmer le diagnostic. Notre plateforme Decidim nous a également permis de tirer au sort des propositions que nous avons évaluées lors de la Fab’MEL, en invitant les porteurs de projet à venir faire un pitch de leurs propositions avant que les participant.es présent.es ne les améliorent grâce à un atelier sous un format de Forum ouvert.

Cette démarche est donc à mon sens le résultat d’une belle hybridation très bien gérée par Decidim : il est possible de gérer conjointement le numérique et les autres modes de participation. Nous voulions démentir le solutionnisme technologique parfois présent aujourd’hui, tant chez les élus que les fonctionnaires.

La Randonnée urbaine exploratoire, alliance entre les formes numérique et physique de participation

Comment avez-vous assuré l’impact des contributions citoyennes ?

À l’issue de la concertation sur la marche, le service concerné a rédigé un rapport d’analyse établissant de grandes tendances de profils de marcheurs dans la Métropole. Il est compliqué de définir en amont de la démarche ce qui en sortira. Le bilan d’une démarche de construction d’une politique publique est souvent sous la forme d’une analyse technique et financière qu’il est difficile de sortir des services.

Lorsque la démarche inclut de la participation, il est encore plus nécessaire d’effectuer un retour aux participant.es sur l’impact de leur contribution, par un événement de restitution et sur la plateforme Decidim. C’est pour cela que nous nous efforçons, au-delà de la concertation sur la marche, de standardiser le format de sortie. Un cadre type de bilan de consultation a notamment été réalisé à l’issue d’une autre démarche de concertation (sur la mobilité), qui illustre bien cette nécessité.

Indiquer dès le lancement de la démarche l’impact qu’auront les contributions augmente la confiance des citoyens dans le processus

Les services ont-ils été formés ? Si oui, comment ?

Nous avons organisé plusieurs formations facultatives d’une journée portant sur la Charte. Trois jours de formation supplémentaires, axés spécifiquement sur la méthodologie de projets, ont ensuite été effectués avec un cabinet de conseil en concertation.

Maintenant, certains services font des cahiers des charges pour des AMO sans nous ; ils se sont autonomisés et c’est tant mieux ! Nous n’avons pas le temps de tout faire. Par contre, étant donné que nous avons l’expertise de la plateforme Decidim et que nous gérons son administration, toute volonté de l’utiliser nécessite notre implication dans la démarche participative

Quels sont les prochains chantiers que vous aimeriez traiter d’ici aux élections municipales ?

La Charte prévoit de faire le bilan de notre action. En parallèle des démarches de concertation qui doivent être accompagnées d’ici là, c’est ce bilan qui nous attend. Avec le recul, nous trouvons que la Charte est très technique et assez peu accessible au grand public. Elle pourrait pourtant être un contrat moral entre la MEL et les citoyens, mais elle n’est pas rédigée comme telle. Elle sert uniquement en interne ; c’est un bon début, mais il faudrait maintenant pouvoir se projeter.

Nous aimerions enfin travailler sur des indicateurs d’évaluation des démarches de concertation que nous mettons en place. Nous avons par exemple dans les tiroirs l’idée de mettre en place un “label citoyen” qui apparaîtrait dans les documents officiels pour distinguer les plus-values qui viennent des concertations. Beaucoup de projets donc, et beaucoup d’enthousiasme pour les faire avancer !

Comment mettre organiser un budget participatif : le cas d’Angers

Comment mettre organiser un budget participatif : le cas d’Angers



Cas d’usageLe premier budget participatif de la ville d’Angers

Le premier budget participatif de la ville d’Angers s’est terminé début novembre. C’est l’occasion de revenir sur cette expérience et d’établir les bonnes pratiques pour faire de cet incontournable de la concertation un succès.

Conception d’un BP, mobilisation des citoyen·nes, rôle des services, faisons un tour d’horizon des bonnes pratiques pour construire ensemble la ville !

Angers est rentrée dans un club de moins en moins fermé : 90 villes françaises ont conduit un budget participatif en 2018, contre seulement 25 deux ans plus tôt. En plus de se doter d’un outil numérique pour piloter sa démarche, la ville a donc pu tirer profit des expériences menées ailleurs. Ces enseignements ont directement bénéficié à l’équipe municipale, et le succès est au rendez-vous : les chiffres ci-dessous placent Angers dans la fourchette haute des premières éditions d’un budget participatif municipal.

Retrouvez ici l’article du Monde détaillant le contexte français du BP.

Les 7 phases successives de ce premier BP angevin s’étendent sur toute l’année 2018 (si l’on ne compte pas la réalisation des propositions lauréates). Comme vous l’imaginez, elles permettent aux habitant·es de proposer des projets puis de choisir ceux qui seront réalisés par la ville l’année suivante.

Page d’accueil de la plateforme ecrivons.angers.fr

Réussir un budget participatif en 7 phases

Le découpage précis d’un BP en sept étapes sécurise toutes les parties prenantes, tant les citoyen·nes que les services de la ville ou le pouvoir politique.

Phase 1. Conception : comment garantir l’impact de la participation ?

Une fois la volonté politique établie — c’est la première base indispensable — nous avons pu démarrer la conception de la démarche elle-même. L’avantage d’un budget participatif est incontestable pour les citoyens qui, en participant, décident de l’utilisation d’une partie du budget de leur ville. Ils ont la garantie que leur expression se transforme en impact. Compréhensibles et séquencées, les étapes construisent un parcours citoyen amplifié par le numérique qui favorise la participation par sa clarté.

Le parcours citoyen de Decidim : des fonctionnalités intégrées dans une démarche par étapes

À Angers comme ailleurs, la définition des critères de recevabilité des propositions et l’assemblage d’une équipe projet efficace sont les deux points nécessitant d’être spécifiés et clarifiés en amont du lancement du dispositif. C’est à l’aune de ces critères que la mairie va devoir retenir ou non les propositions des habitant·es et les transformer en projets soumis au vote.

Dans les conseils que nous apportons aux institutions avec lesquelles nous travaillons, nous veillons à ce que ces critères soient objectifs et faciles à analyser afin d’empêcher l’irruption de biais arbitraires ou subjectifs. La ville d’Angers a arrêté le règlement de ce budget participatif avant l’ouverture de la plateforme. On élimine ainsi un risque d’incompréhension, voire de frustration, vis-à-vis du processus et on augmente mécaniquement la confiance des habitant·es dans l’exercice.

Coordonner le bon déroulement d’un budget participatif nécessite uneimplication importante de l’administration. Il a donc fallu dès le départ rassembler une équipe projet. Au centre de toutes les démarches de concertation, la Mission participation citoyenne agrège les différentes compétences et responsabilités. Notre équipe l’a formée et accompagnée au fil des semaines pour une utilisation optimale de Decidim.

Phase 2. Proposition : comment encourager les contributions ?

Entre début février et mi-avril, la phase durant laquelle les habitant·es pouvaient proposer directement leurs idées pour le budget participatif avait pour ambition d’ouvrir différents canaux d’expression pour les Angevin·es. C’est l’hybridation entre la participation présentielle et la participation numérique qui a ainsi été particulièrement mise en avant lors de cette étape. Si les propositions ont été majoritairement déposées directement en ligne par les porteurs, six rencontres ont été organiséesau mois de mars, en couvrant tous les quartiers de la ville, pour permettre d’attirer des publics différents en diversifiant les modalités de contribution.

Exemple d’une proposition sur la plateforme Decidim d’Angers

La fonctionnalité de dépôt de proposition est l’une des plus abouties de la plateforme Decidim, avec son comparateur automatique de propositions similaires, et la possibilité pour l’utilisateur de renseigner une catégorie, un quartier, une adresse et une pièce jointe. Certaines propositions ont été réellement enrichies par de longs échanges de commentaires entre plusieurs habitants intéressés.

Phase 3. Évaluation : quelles propositions doit-on filtrer ?

Une fois la phase de dépôt de propositions achevée, l’étape d’évaluation incombe à la municipalité. En réalisant un export directement depuis la plateforme, elle consiste à vérifier que les propositions respectent les critères de recevabilité définis et indiqués au public dès le lancement du budget participatif. La mairie d’Angers, par l’intermédiaire de sa Mission Participation citoyenne, a beaucoup travaillé sur les exigences de transparence pendant le déroulement du budget participatif. Ainsi, dans le cadre de l’étape d’évaluation, chaque utilisateur·trice ayant déposé une proposition a reçu une réponse publique directement sur la page de sa proposition.

Capture d’écran de la plateforme ecrivons.angers.fr

Phase 4. Faisabilité : dans quelle mesure doit-on anticiper la réalisation des projets ?

Après le premier filtre des critères, la Mission participation citoyenne a réparti et transféré à la fin du printemps les propositions recevables aux services compétents afin que ceux-ci évaluent leur faisabilité technique et réglementaire, ainsi que leur coût. Les porteur·es de projet, après avoir reçu de la Ville un message privé directement sur la plateforme, ont eu l’opportunité d’échanger et de rencontrer le service en charge de l’analyse de sa proposition lors d’un rendez-vous, ce qui a également beaucoup aidé à la transparence.

Réalisé sur les mois d’été dans le cas d’Angers, ce travail est intense pour l’administration, notamment lorsqu’il était nécessaire d’effectuer des allers-retours avec les porteur·es de projet afin de préciser et éventuellement fusionner certaines propositions. Cette charge de travail peut cependant être grandement atténuée par le développement de bonnes interactions avec les différents services qui étudient les propositions.

Phase 5. Liste des projets et Vote : comment maximiser la mobilisation citoyenne ?

À la rentrée, la liste finale des projets soumis aux votes est présentée aux habitant·es sur la plateforme Decidim et sur une brochure imprimée. Chaque projet contient une cotation budgétaire, une présentation détaillée, une illustration et, pour assurer la traçabilité de la démarche, un lien avec la ou les proposition(s) citoyenne(s) qui l’ont inspiré. Le vote intervient ensuite : lors de cette phase, Angers a continué à allier participation numérique et physique, en installant entre autres une Agora sur la place du Ralliement, la plus grande de la ville.

Votes physiques pour les projets du budget participatif

Vote en ligne sur ecrivons.angers.fr

La Mission participation citoyenne a également été plus largement présente physiquement dans tous les quartiers de la ville pour permettre à tou·tes de voter pendant 18 jours (trois weekends), avec pour chaque habitant·e le choix des cinq projets qui lui paraissent les plus pertinents pour l’avenir de la ville. Les propositions sont localisées sur une carte de la ville et il est possible de les filtrer par catégorie et par quartier.

Ces temps-forts ont permis aux porteur·es de présenter leurs projets et aux participant·es de voter par bulletin papier ou en ligne sur la plateforme Decidim avec des tablettes ; le contact direct est une clé essentielle pour mobiliser le maximum d’habitant·es.

L’Agora du budget participatif sur la place du Ralliement

 

Phase 6. Validation : comment doit-on mettre en valeur l‘accord politique ?

Dès la phase de vote terminée commence l’étape de décompte des résultats. Durant cette phase, la Mission participation citoyenne opère le dépouillement des bulletins papier, en présence d’élus de la majorité et de l’opposition. Les votes papier et en ligne sont compilés pour obtenir et présenter la liste finale des projets lauréats par le maire lors d’un événement public et accessible sur la plateforme.

Comme dans de nombreux autres démarches équivalentes, les votes papier sont plus nombreux que les votes en ligne.

Dans le règlement du budget participatif, la mairie s’est engagée à intégrer les projets lauréats du vote 2018 et leurs montants dans la section d’investissement du budget primitif 2019 qui sera proposée au vote du Conseil Municipal en mars 2019.

Phase 7. Réalisation : comment permettre la transformation collaborative de la ville ?

La dernière étape — la plus longue — constitue l’aboutissement de cette année de participation des Angevin·es à l’écriture du futur de leur ville. La réalisation des projets doit advenir dans les deux ans et les porteurs des projets lauréats seront associés à cette dernière étape. La fonctionnalité de “Suivi” sera activée sur Decidim pour documenter à intervalles réguliers la réalisation des projets lauréats.

La mutualisation

Nous sommes fiers et heureux d’avoir accompagné la mairie d’Angers sur cette première démarche de budget participatif intense et concluante. Nous transmettons déjà les bonnes pratiques mises en place dans le cadre du budget participatif de la mairie d’Angers à d’autres institutions. Après le département du Loiret et la ville de Romainville (93), ce sont Nanterre (92) et Saint-Jean de Braye (45) qui se lancent fin 2018 dans leur premier budget participatif sur Decidim.

Open Source Politics travaille en effet avec Decidim, un véritable bien commun numérique, qui possède dans son ADN la gouvernance partagée et la mise en commun des réussites. Nous construisons donc étape après étape avec notre Club des utilisateurs francophones de la plateforme une communauté de soutien au sein de laquelle chaque organisation membre peut bénéficier du savoir-faire des autres, permettant ainsi de se lancer en augmentant d’autant ses chances de réussite.

Les nouveautés de la version 0.12 de Decidim

Les nouveautés de la version 0.12 de Decidim

Les nouveautés de la version 0.12 de Decidim

Nous avons profité de l’été pour passer nos instances de Decidim en version 0.12. C’est l’occasion de vous présenter les principales améliorations de cette mise à jour importante, notamment sur le plan graphique. Les montées de version de Decidim s’enchaînent très rapidement avec l’objectif d’une v1 en novembre. Nous n’avons pas fait d’article dédié depuis la v0.9, mais vous pouvez retrouver (en anglais) le changelog détaillé des versions 0.10 et 0.11sur le blog officiel du projet.

Nommée “Ada Lovelace” en l’honneur de la première programmeuse de l’histoire, la version 0.12 introduit un nouveau design de certains composants essentiels de la plateforme. Initialement conçue comme une v1.0, cette mise à jour n’a pas été jugée assez stable par les développeurs. Le cycle d’itération continue donc, avec la perspective d’une version 1 plus complète lors de la prochaine Decidim JAM en novembre. La roadmap a d’ailleurs été mise à jour en mai dernier.

Trois innovations attendues sont arrivées avec la mise à jour 0.12 de Decidim : de nouvelles cartes de propositions et rencontres, l’intégration de véritables profils personnels des utilisateurs et une première mouture du moteur de recherche.

Les cartes de propositions et de rencontres

Elles ont ainsi été entièrement redessinées afin d’accroître à la fois leur lisibilité, leur accessibilité et leur attractivité.

Nouvelles cartes des propositions sur Decidim

Nouvelle carte d’une rencontre sur Decidim

Les profils personnels des utilisateurs

Ils ont également été revus pour accentuer le rôle de réseau social de la plateforme. Bien que les transformations les plus importantes sur ce point auront lieu lors de la prochaine mise à jour, la version 0.12 introduit déjà des modifications substantielles.

Les notifications sont désormais directement intégrées dans les profils utilisateurs

Moteur de recherche

La dernière fonctionnalité importante de cette nouvelle version est le premier prototype du moteur de recherche, qui couvrira à terme toute la plateforme, mais qui permet d’ores et déjà d’effectuer une recherche sur n’importe quelle proposition ou rencontre intégrée à Decidim.

Exemple de résultat de recherche

Vous souhaitez découvrir Decidim en action avant de lancer une consultation dans votre ville, votre entreprise ou votre association ?

Nous avons mis à jour notre instance de démonstration.

Contactez-nous pour accéder à son panel d’administration.

@OpenSourcePol

La participation citoyenne dans une société en réseaux

La participation citoyenne dans une société en réseaux

La participation citoyenne dans une société en réseaux

Cet article sur la participation citoyenne est la traduction de l’introduction du guide d’administration de Decidim, publié en mars 2010 à l’occasion de la sortie de la version 0.10 de la plateforme (téléchargeable ici).

Cette introduction présente un intérêt tout particulier puisqu’elle explicite la vision qu’ont les fondateurs et fondatrices de Decidim. Vous pourrez y trouver les ressources théoriques mobilisées pour construire le cadre de Decidim. Celles-ci inscrivent la plateforme comme héritière d’une longue tradition intellectuelle ; vous pourrez toutefois constater que Decidim renouvelle profondément cette tradition et la réactualise en considérant les nouveaux enjeux du XXIè siècle.

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Le devenir d’une société en réseaux

Les technologies de l’information et de la communication (ci-après TIC) et les pratiques qui leur sont associées sont en train de provoquer des transformations irréversibles dans le monde social et politique. De la petite association de résidents jusqu’aux campagnes électorales les plus intenses, d’une organisation ou d’un rassemblement de quartier à l’Union Européenne, les relations politiques sont de plus en plus déterminées par l’utilisation d’outils et de technologies numériques. Il semble que le futur de la participation démocratique et de l’action collective se fera à travers le développement de plateformes numériques et de processus hybrides, qui rénovent les pratiques traditionnelles et les combinent avec des pratiques numériques (Fuchs, 2007).

Cette transition coïncide avec le déclin des systèmes représentatifs ces dernières décennies (Norris, 1999 ; Pharr & Putnam, 2000 ; Tormey, 2015), qui a contribué à la remise en cause de la légitimité et du sens de la démocratie elle-même, réduite et souvent identifiée à ce système (Crouch, 2004 ; Keane, 2009 ; Streeck, 2016). Plusieurs auteurs ont utilisé le terme « post-démocratie » pour se référer à la diminution du pouvoir et du sens des institutions représentatives qui va de la mondialisation à la désaffection et à la désertion politiques des citoyens (Brito Vieira and Runciman, 2008 ; Keane, 2009 ; Rosanvallon, 2011 ; Tormey, 2015). Les différentes tentatives d’amélioration de la participation ne sont pas parvenues à renverser cette tendance (Keane, 2011 ; Tormey, 2015).

Photo by Avel Chuklanov on Unsplash

 

Cette crise politique de long terme s’est révélée après la crise économique et financière de 2008, et lui est directement liée. Ainsi, des millions de gens mobilisés contre cette crise n’ont pas simplement demandé une vraie démocratie, ils l’expérimentent et la construisent réellement. L’étape-clé de ce processus est le mouvement-réseau du 15M. C’est dans un contexte d’hypermédiation technologique que les TIC, utilisées dans les années 80 et 90 pour l’accélération des flux financiers et de la mondialisation (Castells, 1996), sont devenues des espaces et des outils cruciaux en faveur d’une réappropriation multipolaire de la politique ainsi que de l’expérimentation démocratique (Martinet Ros et al., 2015).

 

Après quatre ans de nombreux succès et échecs, de nouvelles initiatives politiques citoyennes ont réussi en mai 2015 à prendre le pouvoir dans les principales villes espagnoles, dont Barcelone. De fait, elles se plaçaient dans la continuité de pays comme l’Islande, où la crise économique a entraîné une période de réappropriation citoyenne des institutions et d’innovation démocratie fertile, basées sur une utilisation intensive et créative des TIC.

 

Depuis le 15M, la plupart des expérimentations visant à l’introduction de nouvelles formes de démocratie participative et délibérative (Barber, 1984 ; Habermas, 1994, 1996 ; Della Porta 2013) ont utilisé la technologie comme intermédiaire. Comme on peut le constater à partir du cas islandais (et d’autres, comme l’exemple finlandais), les processus de démocratisation tels que la mobilisation citoyenne et la prise de pouvoir demande une coordination techno-politique (Rodotà 1997 ; Martinet Ros et al., 2015) pour atteindre une profondeur et une diversité maximales. La technopolitique émerge de la politisation de technologies et du ré-assemblage technologique de la politique aussi bien que du co-développement et de la co-production des technologies.

 

La forme que revêtent ces délibérations et participations techno-politiques diffère ; les pratiques numériques et présentielles, les espaces et les processus se connectent et se nourrissent mutuellement sur plusieurs niveaux. Ces dispositifs participatifs visent à l’augmentation du nombre, de la variété et de la parité des individus qui prennent part au gouvernement commun de la ville, étendant et enrichissant du même coup les zones, formes et périodes dans lesquelles ils se produisent et aidant ainsi à l’amélioration de l’intelligence collective (Levy, 1997), capable de se confronter à la complexité de la vie urbaine contemporaine. La technopolitique doit pallier les nombreuses limites de ce qui a été appelé la « démocratie numérique » (Hindman, 2008) en commençant par se libérer elle-même des récits « techno-centrés » et « techno-optimistes » autour de la participation aidée par le numérique.

 

De nouveaux dispositifs participatifs sont en cours de construction dans un contexte plein d’opportunités quoique périlleux. Le programme de gouvernement de 2015 et le Plan d’Action Municipal (PAM) 2016–2019 établis pour la ville de Barcelone donnent la part belle à la participation et plus spécifiquement à l’innovation et au développement de nouveaux modèles de participation. Le PAM, dont la construction a rassemblé des milliers de personnes, correspond à une demande sociale équivoque appelant à une profonde remise en cause du système démocratique et des mécanismes de participation.

 

Cependant, cette dynamique survient dans un contexte défini par : a) l’exclusion sociale, politique et économique de larges parts de la population ; b) des difficultés d’accès à la participation de plus en plus importantes, résultant de la situation de crise économique ; c) la crise de légitimité et d’efficacité du régime de démocratie représentative et des autorités publiques ; d) l’immense dépendance technologique vis-à-vis d’infrastructures et de services privés ; e) un contexte politique et législatif d’opposition à la démocratie directe, à l’indépendance sociale et à la souveraineté territoriale ; f) un désavantage institutionnel abyssal quant à la compréhension des complexités sociales à l’aide de techniques d’analyse des données comportementales et de modèles que les grandes entreprises technologiques et les services numériques possèdent.

 

Contrôle des données et infrastructures numériques pour la démocratie et la participation citoyenne

 

Dans un contexte de nouvelles configurations du capitalisme informationnel (Castells, 1996), souvent appelé « capitalisme de la donnée » (Lohr, 2015 ; Morozov, 2015) ou « capitalisme de surveillance » (Zuboff, 2015), les nouvelles infrastructures numériques de la démocratie courent le risque de contribuer à des dynamiques contraires aux principes de vie privée et de souveraineté technologique.

 

Photo by Randy Colas on Unsplash

Les plateformes propriétaires, fermées et opaques tournées vers l’exploitation de l’activité sociale pour le profit agissent de manière non-démocratique et occupent de plus en plus la vie sociale. Ce modèle est particulièrement dangereux en regard des nouvelles infrastructures et dispositifs démocratiques que nous appelons de nos vœux.

Comparé au modèle d’infrastructure privé et propriétaire, le modèle des communs publics, duquel nous pensons que le développement de decidim.barcelona doit s’inspirer, est tourné vers le développement de plateformes dont le design, la propriété et l’organisation sont libres, ouverts, participatifs, partagés entre agents publics et citoyens (organisés ou non). Par ce modèle, le code de la plateforme mais également les données qu’elle génère sont gérés et mis à disposition de manière commune et publique. L’ouverture de tous les secteurs à la participation, l’instauration des communs comme principe politique (en opposition à la sphère privée et même à la sphère publique-étatique — Laval & Dardot, 2015) semble être une condition sine qua non afin que les dispositifs participatifs soient réellement fonctionnels.

La participation se doit ainsi d’être récurrente : elle doit aider à définir et établir les conditions structurelles de sa propre existence et peser sur le design, le développement et la gestion des plateformes participatives, des concertations et des résultats (c’est-à-dire les données) générées dans ce cadre.

Mis entre les mains de grandes entreprises de services numériques, l’organisation algorithmique de la vie sociale et du thème qui nous concerne, la participation politique, fait courir un risque à la démocratie et à la souveraineté technologique que seul un effort de production de communs publics dans le secteur des infrastructures numériques peut contrer. Seules des plateformes basées sur des logiciels libres, ouverts, transparents, sécurisés et communs offrent suffisamment de garanties dès lors que l’on souhaite construire des démocraties de meilleure qualité. La démocratie du futur doit donc être construite avec des infrastructures démocratiques.

Cette conclusion raisonne parfaitement avec la philosophie adoptée par Open Source Politics depuis sa création. L’utilisation des logiciels libres, dont nous avons fait le principe fondamental de notre activité, met en pratique notre volonté de développer des communs numériques au service de la démocratie. Nous avons longuement expliqué ce choix dans un article précédent, accessible ici.

Decidim, un projet technopolitique

Decidim, un projet technopolitique

Decidim, un projet technopolitique

Decidim, un projet technopolitique, une plateforme numérique de participation citoyenne pour une ville démocratique, construite de manière ouverte et collaborative à l’aide de logiciels libres.

C’est une infrastructure publique qui rentre dans le champ des communs. Publique car elle bénéficie d’une impulsion institutionnelle évidente et issue des communs car le code est ouvert et libre ; en d’autres termes, tout le monde peut le voir, l’utiliser, le copier ou le modifier.

C’est une plateforme faite pour coordonner des espaces et des processus participatifs, qui vise à étendre et faciliter l’accès à la participation citoyenne, ouvrir de nouveaux espaces de délibération et de collaboration en vue de la co-construction et de la co-production des politiques publiques.

Elle veut également ouvrir de nouveaux espaces de participation et de démocratie directes, entraînant ainsi la désintermédiation et la coopération entre citoyens, institutions et organisations de la société civile.

Nous avons traduit une partie du manuel d’administration de Decidim (téléchargeable ici), qui récapitule de nombreuses informations cruciales à propos de l’histoire de Decidim, de sa construction et de sa philosophie.

1. Principes

La plateforme Decidim a été construite et développée sur la base d’une série de principes qui promeuvent l’exploration et l’innovation démocratique à l’ère du numérique aussi bien que les possibilités d’amélioration, d’ouverture et de développement de politiques de participation citoyenne ainsi que de formes démocratiques de gouvernement à plusieurs niveaux (avec une attention particulière à l’échelon municipal). Ces principes sont listés ci-dessous :

Hybridation technopolitique

C’est la clé pour éviter ce que nous appelons le “réductionnisme numérique” (Calleja-López, 2017), une variante du technocentrisme qui met l’accent principalement ou exclusivement sur les infrastructures et aspects numériques des nouvelles formes de participations. Ceci sans s’intéresser aux importantes innovations survenant dans les pratiques, les processus et la culture participative par l’hybridation de la participation numérique et physique. Une approche hybride tente de connecter les espaces et activités se déroulant sur decidim.barcelona avec les espaces et activités se déroulant en physique, et considère les multiples variantes qui seraient envisageables dans le but d’encourager de nouvelles formes d’action collective.

Participation améliorée et multi-modale

Le résultat du “réductionnisme numérique” est l’encouragement de la “participation du clic” (Calleja-López, 2017), dans laquelle la participation devient un phénomène circonscrit d’abord et surtout par son aspect digital, et plus spécifiquement par ses aspects pratiques, de vitesse et de non-interférence avec d’autres acteurs et d’autres idées. Il y a ainsi le besoin de faire émerger des formes d’interaction enrichies entre individus sur decidim.barcelona, ainsi qu’entre les individus, les contenus de la plateforme et les processus participatifs hybrides au sens large. Ceci implique, d’un côté, d’enrichir les processus participatifs avec des fonctionnalités qui vont plus loin que le simple vote (visualisation d’informations et de données, délibération etc). D’un autre côté, cela implique de construire des processus hybrides (par exemple des réunions physiques connectées à la plateforme), qui font de la participation une démarche multimodale, améliorée et exhaustive, plutôt que réduite et simplement “cliquable”.

Transparence et traçabilité

A l’exception des données qui peuvent affecter la vie privée des utilisateurs, les détails de l’activité des processus participatifs sur un média numérique doivent être entièrement traçables et publics si l’on veut atteindre un nouveau stade de transparence de la participation. La transparence de la participation et de la traçabilité sont des conditions nécessaires pour maintenir la confiance en ces nouveaux processus.

Ouverture / publication

Les principes de publication et d’ouverture font d’abord référence au code et aux fonctionnalités de la plateforme, ensuite aux données et contenus des processus et enfin, plus généralement, aux processus eux-mêmes. Ceci implique, dans les deux premiers cas, l’utilisation des standards et licences libres les plus exigeants (par exemple Affero GPLv3 pour le code, CreativeCommons pour le contenu, Open Access Database Licences pour les données). Decidim doit être une plateforme libre dont tout le monde peut voir, modifier et réutiliser le code sur lequel elle est basée. Dans le cas des processus, ces principes sont reliés à d’autres mentionnés dans cette liste, comme la transparence et l’accessibilité, et ont pour objectif de rendre ces processus aussi participatifs et réutilisables que possible à différentes échelles.

Photo by Chris Slupski on Unsplash

Participation transversale

Prenant appui sur plusieurs des clés du succès d’initiatives récentes telles que le 15M [le mouvement des Indignés débuté le 15 mai 2011], le déploiement et les stratégies de communication de decidim.barcelona doivent être dirigées vers la recherche de légitimité d’abord, puis la participation, en se tournant vers le plus de groupes sociaux et politiques possible.

Connaissance, technoscience et intelligence collective

Les nouvelles formes de participation doivent pouvoir bénéficier des possibilités offertes à la fois par les connaissances des citoyens et la science des données (tirées à l’occasion des processus participatifs eux-mêmes) pour améliorer la prise de décision et la participation. Une participation informée et experte donc, capable de catalyser la connaissance sociale.

Participation collective en réseau

Il existe plusieurs défis centraux dès lors que l’on vise l’amélioration de la participation reposant notamment sur le numérique. L’un d’entre eux réside dans la capacité des processus participatifs à favoriser le collectif face aux tendances atomisantes actuelles, qui résultent d’ailleurs souvent de la participation virtuelle, lointaine et déconnectée. Cela implique l’utilisation de fonctionnalités qui encouragent l’interaction entre utilisateurs dans des processus collectifs, que ce soit en physique ou sur une plateforme.

Orientation public-communs, réappropriation et participation récurrente

Les nouvelles infrastructures numériques de la démocratie doivent être un espace appartenant aux, issu des, et pour les communs. Si l’on veut promouvoir la démocratie, les infrastructures elles-mêmes doivent être foncièrement démocratiques. Cela implique de valoriser un modèle innovant, alternatif par rapport à la privatisation de la sphère publique. Dans ce but, Decidim doit être une infrastructure numérique de construction, propriété et utilisation publique-communs. En d’autres termes, elle doit correspondre à ce que nous définissons comme des “communs technopolitiques” : une technologie ouverte à la participation de tout le monde de par sa construction et son management, gérée par la distribution et avec des modèles de production collective et de partage libre. Comparée aux plateformes fermées et exclusives contrôlées par des grandes entreprises, Decidim est une infrastructure démocratique pour la démocratie.

Accessibilité et formation technopolitique

Elle doit également être un service public, c’est pourquoi il est essentiel de s’assurer que les citoyens ont l’accès et la formation suffisante pour prendre part et exploiter tout le potentiel de la plateforme. Promouvoir son utilisation par les populations locales ainsi que par des groupes sociaux exclus constitue un défi crucial. Decidim.barcelona et les processus participatifs numériques doivent être régis par des standards d’accessibilité plus exigeants (par exemple ceux du Web Accessibility Initiative, WAI).

Indépendance, émancipation et affiliation

Si les mouvements sociaux ont démontré quelque chose ces dernières années, c’est le rôle central joué par l’action collective auto-organisée dans le démarrage et l’accompagnement de processus de changement. Dans cette mesure, decidim.barcelona et les processus utilisant la plateforme doivent encourager l’indépendance sociale et l’auto-organisation. De plus, l’affiliation institutionnelle doit être un prérequis de la majorité des processus de la plateforme, étant donné que c’est un élément clé de sa légitimité opérationnelle sur le moyen et long terme. En d’autres termes, les processus d’indépendance sociale aussi bien que bottom-up devraient être affiliés aux institutions publiques.

2. Bref rappel historique

Pendant sa présentation publique en septembre 2015, Decide Madrid, une plateforme de participation numérique lancée par le Conseil municipal de Madrid et basé sur le logiciel Consul, commença à expérimenter plusieurs démarches participatives tels que les débats publics et les propositions de citoyens. Lancé par la mairie de Barcelone, le projet Decidim Barcelona, qui était aussi basé sur Consul avec d’importantes modifications et adapté à de nouveaux besoins, fut présenté en février 2016. Son objectif originel était de coordonner le processus participatif de rédaction du Plan d’Action Municipal(PAM) ainsi que d’autres qui naîtraient dans la ville dans le futur.

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Environ 25 000 personnes s’inscrivirent en deux mois, 10 680 propositions furent formulées, 410 réunions publiques se déroulèrent et plus de 160 000 votes furent récoltés. De ce fait, un espace de collaboration et de délibération fut ouvert entre les citoyens, les organisations de la société civile et le Conseil municipal de Barcelone.

De nombreuses municipalités exprimèrent leur envie de mettre en oeuvre des processus similaires, tirant profit de la technologie utilisée, étant donné son succès et le fait qu’elle soit libre et réutilisable. Plus spécifiquement : le conseil municipal de La Corogne, à travers sa plateforme de budget participatif A Porta Abierta ; celui d’Oviedo, avec Consulta Oviedo et son espace dédié aux propositions des citoyens ; et enfin le conseil municipal de Valence avec decidimVLC, pour la préparation des budgets participatifs. Il y eut aussi de nombreux exemples d’autorités locales et d’autres institutions qui montrèrent un grand intérêt pour le projet decidim.barcelona et sa mise en oeuvre, comme les conseils municipaux de L’Hospitalet, Badalona, ​​Terrassa et Gavà ainsi que le Conseil provincial de Barcelone et le Consortium Localret.

Cette série de changements et d’adaptations entraîna un nouveau besoin technologique nécessitant l’adaptation d’une technologie devant assurer l’indépendance, la diversité des autorités locales et la durabilité à moyen-terme de la plateforme. Fut alors déterminée une stratégie de développement décentralisée (modulable) et évolutive, ce qui rendit le projet entier capable de flexibilité et d’une croissance sur le long terme, mais aussi de générer un développement, un design et une communauté de soutiens appuyés au niveau municipal mais également (plus important encore) intercommunal.

Cela amena le conseil municipal de Barcelone à reconsidérer sérieusement l’architecture de la plateforme et à engager une réécriture complète du logiciel basée sur les principes et les besoins mentionnés ci-dessus. De cette réécriture naquit le projet Decidim, un framework démocratique participatif, générique, basé sur Ruby on Rails, que n’importe quel groupe, organisation ou institution pourrait utiliser avec un minimum de connaissances techniques.

3. Développement ouvert et logiciel libre

Le projet de plateforme Decidim a été développé avec des logiciels libres (que ce soit lors de sa phase initiale avec Consul ou après la réécriture complète du code) et tout son développement a été effectué de manière ouverte, le rendant totalement traçable et suivi depuis le début.

Sa création grâce au logiciel libre signifie que le code source de la plateforme est sous licence AGPL v3 (GNU Affero General Public Licence), ce qui implique que le code doit intégrer la possibilité d’être consulté, copié, modifié et réutilisé et que la même licence est appliquée à tout travail ou produit qui en serait dérivé. C’est une des licences qui garantissent le plus de liberté et qui mettent en pratique le copyleft. Dans cette mesure, il est parfaitement logique pour les autorités publiques de s’engager clairement en faveur de ce type de logiciel, puisque c’est par ce type de licence que l’on peut recevoir un “rendement social” sur les investissement publics.

“A bright red and blue neon reads “open”” by Alex Holyoake on Unsplash

Accédez par ce lien au fichier texte de la licence.

Le copyleft correspond à une large variété de licences qui peuvent être appliquées à des créations logicielles, artistiques et autres. Les soutiens du copyleft voient le copyright comme un moyen de réduire le droit individuel à produire et distribuer des copies d’un travail. Une licence copyleft, de fait, utilise la législation du copyright pour assurer que tous ceux qui reçoivent une copie ou un produit dérivé peuvent utiliser, modifier et même distribuer à la fois le produit originel et les versions dérivées. Dans un sens strictement non-légal, le copyleft est ainsi l’opposé du copyright (Wikipédia, 2017).

Le fait que le logiciel ait été développé de manière ouverte signifie que le processus entier de développement est transparent et accessible. En d’autres termes, chacun peut voir, depuis le début du développement du logiciel, chaque modification, chaque contribution, chaque développeur impliqué, etc. De ce fait, la transparence est en train de devenir un principe fondamental de la participation citoyenne mais également pour le développement de logiciels.

Tout ceci a été effectué sur une plateforme construite pour la collaboration ouverte dans le cadre du développement de logiciels : GitHub. Cette plateforme permet l’accès aux codes et le contrôle du développement du logiciel. GitHub est voué à accueillir des répertoires Git ; il en existe des alternatives, par exemple GitLab.

4. Decidim Barcelona

Decidim Barcelona est la première instance de Decidim et demeure l’origine du projet. Decidim Barcelona a vu le jour grâce au besoin du conseil municipal de Barcelone de construire un processus de participation citoyenne soutenu par la technologie pour le Plan d’Action Municipal (PAM), avec trois objectifs principaux : construire un processus transparent et traçable, augmenter la participation grâce à la plateforme numérique et intégrer la participation numérique et physique.

Ce processus a agrégé plus de 10 000 propositions et plus de 160 000 votes favorables, avec un résultat final de 71% des propositions citoyennes acceptées et incluses dans le PAM, au sein de plus de 1600 initiatives. Decidim était à l’origine construit exclusivement pour ce processus, mais le besoin de l’étendre à d’autres processus participatifs a été rapidement exprimé. C’est à ce moment-là que l’idée du Decidim actuel est née : une plateforme participative qui rend possible autant de processus participatifs que l’on souhaite, divisés en étapes et avec la possibilité d’activer plusieurs fonctionnalités à chaque étape. Une porte a volontairement été laissée ouverte au développement de nouvelles fonctionnalités qui pourraient être rapidement intégrées aux processus (enquêtes, rédaction collaborative de textes, suivi de résultats, etc), ainsi qu’à l’intégration de nouveaux espaces participatifs tels que les initiatives citoyennes et les conseils de participation. Decidim Barcelona accueille au moment de la rédaction de ce document (mai 2018) 12 processus participatifs et compte déjà 28 400 participants, plus de 12 000 propositions, 5340 résultats, 930 réunions physiques et 189 000 votes favorables. Les bons résultats de la plateforme à Barcelone ont entrainé sa dissémination dans plusieurs autres municipalités, telles que L’Hospitalet de Llobregat, Sabadell, Badalona, Terrassa, Gavà, Sant Cugat, Mataró et Vilanova i la Geltrú.

5. Les communes de Decidim

Decidim est un logiciel qui permet d’ouvrir autant de plateformes que nécessaire, avec une seule installation.

Il y a de nombreux exemples de telles architectures (en anglais multitenant architecture) dans le monde logiciel, par exemple le logiciel libre WordPress pour les projets de blog. C’est particulièrement utile pour les institutions qui souhaitent fournir Decidim en tant que service tiers. Le cas du Conseil Provincial est particulièrement important puisque Decidim peut être utilisée avec une seule installation — c’est-à-dire qu’elle est maintenue, mise à jour et hébergée par une seule entité — par autant d’autorités locales que l’on souhaite. On réduit ainsi les coûts d’installation et de maintenance, en plus de fournir des solutions technologiques d’amélioration de la participation citoyenne à des institutions de taille réduite ou moyenne qui n’auraient sinon pas eu pareil accès à de telles ressources.

Open Source Politics a le statut de partenaire officiel du projet Decidim, ce qui nous confère un rôle important dans le développement de l’outil — ce dont nous sommes particulièrement fiers. Nous avons par ailleurs déjà eu l’occasion de déployer des plateformes pour une dizaine d’institutions en France et en Europe.

@OpenSourcePol

Retrouvez notre second article sur la technopolitique ici 

decidim budget participatif

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