Nous ouvrons un nouveau format sur notre blog cette année afin de mettre en lumière les professionnels qui utilisent nos outils de démocratie participative et nous commençons par Gironde numérique.
Pour ce premier épisode, nous avons interrogé deux représentants de ce syndicat mixte qui accompagne le déploiement de Decidim auprès de petites communes : Christophe Le Bivic, responsable du pôle Services numériques, et Pierre-Alexandre Berton, animateur territorial.
Bonne lecture !
Pouvez-vous nous rappeler la mission globale de Gironde Numérique ?
Christophe Le Bivic : « Gironde Numérique a deux missions principales. La première est l’aménagement numérique du territoire avec l’installation de la fibre optique. La deuxième est l’accompagnement des collectivités locales dans leur transition numérique, autour de cinq grandes thématiques :
- La sécurisation de la gestion du patrimoine numérique des collectivités locales
- Le respect des obligations réglementaires
- Les outils de gestion interne des collectivités
- L’équipement des écoles du 1er degré
- L’inclusion numérique »
En tant qu’acteur majeur du numérique en Gironde, quelle est votre vision pour le futur de ce territoire ?
Christophe Le Bivic : « La stratégie de Gironde Numérique a été tracée pour les dix prochaines années par nos élus. Le déploiement de la fibre optique doit s’achever en 2025. La mise en place et l’exploitation de nos datacenters pour l’hébergement des données et le déploiement de services numériques dans les collectivités permet de lancer la prochaine étape qui sera de créer un réseau public multi-services pour développer de nouveaux services à coût marginal. L’objectif est que les territoires ruraux dispose d’ innovations au service des politiques publiques. C’est l’ADN de Gironde Numérique depuis sa création il y a 15 ans par le Département et les Communauté de
communes et d’agglomération de la Gironde : garantir l’égalité et l’autonomie de gestion de chaque territoire. C’est une question de gouvernance, de souveraineté, de résilience et de maitrise des coûts, à l’heure de l’hégémonie des GAFAM. »
Qu’est-ce qui vous a poussé à vous mobiliser sur les questions de démocratie participative ?
Christophe Le Bivic : « En réalité ce n’était pas une question de démocratie participative, mais de gestion de la relation citoyenne que nous souhaitions traiter : le partage d’information entre une collectivité et ses administrés. La principale difficulté est qu’à la question : « quels sont vos besoins ? » Les collectivités n’en expriment que rarement. Les obligations réglementaires sont déjà nombreuses et complexes pour une collectivités de moins de 1 500 habitants (80 % des communes de Gironde) : profil acheteur, télétransmissions, signature électronique, RGPD, publication des actes, etc. Sur le sujet de la relation citoyenne, Gironde Numérique propose historiquement aux plus petites collectivités une présence sur internet en leur mettant à disposition un site web ou une adresse mail « professionnelle ». En 2020, avec la pandémie, la question de la communication entre les collectivités et leurs administrés s’est posée. Nous avons donc intégré dans nos offre des outils d’enquêtes en ligne, de rendez vous en ligne, de visio, d’alertes SMS. Dans le cadre du plan France Relance, nous avons décidé de proposer un outil de participation citoyenne et Decidim a été retenu. Cette solution open source avait toutes les fonctionnalités attendues. La mutualisation de solutions entre collectivités assure la mise en commun de moyens, de ressources et de partage d’expérience : nous gagnons collectivement du temps. »
« La mutualisation de solutions [comme Decidim N.D.L.R.] entre collectivités assure la mise en commun de moyens, de ressources et de partage d’expérience : nous gagnons collectivement du temps. »
— Christophe Le Bivic, Responsable du pôle Services numériques
Selon-vous qu’est-ce qui fonctionne bien sur Decidim et qu’est-ce qui, au contraire, mérite d’être amélioré ?
Pierre-Alexandre Berton : L’outil Decidim est fascinant et rempli de fonctionnalités toutes utiles, mais pas pour tous les acteurs. C’est une plateforme qui est plutôt faite pour des gros acteurs, je pense notamment à Bordeaux Métropole, certains départements, la ville de Barcelone ou le Sénat. En comparaison, Gironde Numérique accompagne des collectivités qui comptent autour de 500/700 habitants. Du coup, la plateforme Decidim est assez lourde pour des collectivités de cette taille-là. J’aimerais pouvoir proposer à nos clients des interfaces plus légères et ergonomiques, j’attends donc avec impatience la refonte graphique de l’espace administrateur ! »
→ Pour aller plus loin : Les nouveautés Decidim prévues en 2023
Comment aller plus loin selon vous, en dehors de ce réseau d’utilisateurs et d’administrateurs qui pourraient se constituer à terme ?
Christophe Le Bivic : « Decidim est un outil vraiment polyvalent. Si le service est complexe à prendre en main sur la partie « super admin », ce n’est pas un frein mais juste un temps d’investissement nécessaire côté Gironde Numérique. En revanche, il est indispensable d’avoir une administration fonctionnelle « acceptable » pour les collectivités que nous accompagnons qui n’ont ni informaticien, ni chefferie de projet, ni chargé de communication… Cela reste donc aujourd’hui un outil compliqué à mettre en place s’il n’y a pas l’intermédiaire des opérateurs publics de services numériques ou de structures de mutualisation. Pour que le projet fonctionne, il faut également que la collectivité ait une volonté politique à lancer ce type de démarche et trouver un agent « couteau suisse » pour la partie technique, fonctionnelle et d’animation. Gironde Numérique n’a pas vocation à faire « à la place de », mais à accompagner et à former pour que la collectivité s’approprie les outils numériques et soit autonome. »
Encore merci à Christophe Le Bivic et Pierre-Alexandre Berton pour ce témoignage ! D’autres entretiens seront publiés prochainement alors pour ne pas les rater, inscrivez-vous à notre lettre d’information mensuelle 😉