En mai 2023, nous avons lancé une expérimentation d’un an autour du congé menstruel. Au terme de ce test, nous transformons l’essai et intégrons de manière pérenne ce droit pour les membres de notre équipe.
Retour sur cette (r)évolution interne.
Contexte de la mise en place du congé menstruel
En 2021, un groupe de réflexion s’organise en interne pour questionner la place des femmes et leurs relations entre elles dans le milieu de la civic tech, chez Open Source Politics et plus globalement dans le monde du travail. L’atelier sororité prend vie cette année-là. Ce rendez-vous mensuel interne fonctionne sur la base du volontariat dans un cadre en non-mixité choisie où sont invitées les femmes travaillant chez nous. L’idée d’organiser cet atelier en non-mixité n’a pas pour but d’exclure des personnes mais plutôt de rassembler ce que l’on peut appeler une catégorie sociale de genre, les femmes, dans un débat plus serein autour d’intérêts convergents et d’une place spécifique dans les rapports d’oppression.
De cet atelier de réflexion naît en septembre 2022, une proposition d’aménagement du temps de travail pour les personnes menstruées. Le but ? Rendre le monde du travail chez Open Source Politics plus équitable pour les membres du personnel souffrant de règles douloureuses.
Chiffres clefs
En France, une femme sur deux, entre 15 ans et 49 ans, connaît des règles douloureuses, soit sept millions de femmes en France. 66 % des salariées seraient favorables au congé menstruel et 64 % y auraient recours si elles le pouvaient, révélait un sondage IFOP fin 2022.
Le congé menstruel concrètement ça donne quoi chez nous ?
Cet accord s’applique à l’ensemble des personnes menstruées de l’équipe d’Open Source Politique qu’elles soient en CDI, CDD, alternance ou stage, et ce, sans condition d’ancienneté.
L’équipe bénéficie d’une autorisation d’absence d’un jour par mois sans réduction de salaire et ce congé peut être pris le jour même. Aucun délai de prévenance n’est imposé au regard de la nature même du congé.
Les personnes qui en ont besoin ont alors seulement l’obligation de prévenir leur référent·e et/ou le service RH (qui s’engage à prendre toutes les précautions afin de protéger la vie privée des membres de l’équipe).
La mise en place du congé menstruel, depuis sa suggestion par l’atelier sororité qui est lui-même une initiative des membres de l’équipe salariée, est un bon exemple du mode de décision que nous adoptons chez Open Source Politics. Tout le monde participe aux grandes décisions, les suggestions peuvent venir de toutes et tous et nous laissons un temps aux débats et aux expérimentations.
Bilan un an après
Un an plus tard, Open Source Politics a permis à 4 personnes de demander 9 fois cette autorisation spéciale d’absence auprès de leurs référent·es. Cet accord collectif basé sur la confiance et la transparence montre que la conscience professionnelle est une donnée importante à prendre en compte. Aucun abus n’est à signaler.
Cependant, l’autocensure reste un défi. Dans un monde où le tabou des règles persiste, il est possible que des membres de notre équipe n’aient pas osé prendre ce congé, notamment lorsque les référents sont majoritairement masculins.
Congé menstruel, une décision politique
En tant qu’employeur, nous prenons au sérieux la question de l’égalité entre les femmes et les hommes. Nous pensons qu’il est essentiel d’être exemplaire vis-à-vis des membres de notre équipe. De plus, ce congé ne peut être que bénéfique : il contribue à créer un environnement de travail sain et inclusif, favorise une bonne santé mentale et des équipes plus en forme, réactives et productives.
Comme la législation française est aujourd’hui inexistante sur ce sujet – la proposition de loi du député écologiste Sébastien Peytavie a été rejetée à l’Assemblée Nationale le 27 mars 2024 – c’est aux structures privées comme publiques de prendre les devants et de montrer l’exemple. Le congé menstruel s’installe peu à peu dans le paysage comme à Saint-Ouen (première ville à mettre en place ce congé pour les agentes et employées de la commune) ou encore à Montpellier où la coopérative La Collective initie le mouvement pour le secteur privé en 2021. Depuis, une vingtaine d’entreprises et de collectivités ont suivi cet exemple. Nous espérons que d’autres entreprises et organisations emboîteront le pas et adopteront des politiques similaires.
Alors à quand votre tour pour rejoindre ce mouvement progressiste et soutenir la santé et l’égalité des femmes sur le lieu de travail ?