Des contributions en ligne qui enrichissent le travail en assemblée
Les processus de participation numérique sont de plus en plus conçus comme une composante complémentaire des processus de délibération représentatifs comme les assemblées citoyennes.
Au début de la Convention des Citoyens pour le Climat (CCC), Open Source Politics (OSP) a été chargé de déployer la plateforme en ligne Decidim pour recueillir les contributions du grand public. Ces contributions ont ensuite été prises en compte, parmi d’autres contenus, par les membres de la Convention citoyenne.
La plateforme a été organisée selon les six thèmes de la CCC : se déplacer, se nourrir, se loger, travailler et produire, consommer et contributions transversales. Tout citoyen ou groupe (ONG, entreprises, syndicats) pouvait publier jusqu’à une idée par thème et par phase. Contrairement aux citoyens, les organisations devaient suivre un format prédéfini pour leurs contributions. Toutes les contributions étaient ensuite exportées et traitées par un mélange de méthodes de traitement humaon ou automatique de la langue (TAL) à l’aide du logiciel Iramuteq pour les synthétiser. En tout, nous avons produit trois documents synthétisant les contributions en ligne. Ceux-ci ont été distribués aux 150 citoyens lors de leurs sessions de travail et publiés en ligne.
Trois choix importants pour la conception de la plateforme et du processus de participation numérique :
Choisir la qualité plutôt que la quantité
Le succès et l’impact d’un processus participatif numérique sont généralement mesurés par le nombre de participants, de votes, d’engagements ou d’entrées sur la plate-forme. Il est rare qu’une institution limite le nombre de contributions, ou désactive la possibilité de voter ou de commenter. Néanmoins, le comité de gouvernance du CCC a décidé de limiter le nombre de contributions publiées par les utilisateurs de la plateforme à une par thème par phase, tandis que les commentaires et les votes ont été désactivés.
Pourquoi ? Il était important que le succès de la plateforme ne soit pas défini par le nombre, mais plutôt par la qualité du contenu et son interaction avec le travail en personne qui était mené par les 150 citoyens.
Privilégier l’exercice en présentiel plutôt que la participation numérique
Le processus de la CCC aurait pu simplement aboutir à une compilation de deux synthèses finales, l’une issue des contributions en ligne et l’autre de l’assemblée des citoyens en personne, sans aucun lien entre elles. Cependant, en général, l’ordre dans lequel les contributions sont recueillies est un élément important à considérer dans la conception d’un processus qui combine un élément participatif et une délibération représentative. Dans le cas de la CCC, les contributions en ligne ont été traduites en synthèses intermédiaires pour enrichir le travail de l’assemblée de citoyens. Finalement, l’outil numérique était un moyen pour atteindre une fin, et non une fin en soi.
Garantir la transparence en tant que principe fondamental du processus numérique
Sélectionner par un tirage au sort 150 citoyens et les réunir toutes les 2 à 3 semaines pour discuter des défis du changement climatique dans la perspective de présenter un programme complet de mesures au président Emmanuel Macron est un exercice démocratique pour le moins ambitieux.
À la suite du Grand débat français, des enseignements ont été tirés sur les conditions requises pour organiser un processus de délibération représentatif à l’échelle nationale. La transparence, par exemple, doit non seulement être respectée en ce qui concerne la méthode de sélection, les étapes du processus et les résultats attendus, mais elle doit également être un principe fondamental de l’outil (ou des outils) utilisé(s) dans le cadre du processus numérique.
Les deux logiciels utilisés dans le processus (Decidim et Iramuteq) sont « open source », autrement dit, ils ont un code source ouvert, ce qui signifie que toute personne est en mesure d’étudier et de comprendre les algorithmes utilisés. Ceci est crucial, en particulier pour la production de la synthèse. Tout outil utilisé pour hiérarchiser ou suggérer des domaines de discussion, et donc influencer l’orientation générale d’un débat, doit avoir son algorithme publié et doit être régi par des principes démocratiques (cf. le contrat social de Decidim).
Le numérique pour les délibérations au-delà du CCC
La distance physique imposée par la pandémie a accéléré l’utilisation des outils numériques et en ligne à des fins sociales, professionnelles et personnelles. Elle a suscité une demande accrue de pratiques participatives en ligne afin que les décideurs politiques puissent continuer à associer les citoyens à leur prise de décision ( voir notre webinaire 2)
Récemment, la sensibilisation accrue du public quant aux répercussions sociales des technologies et la demande d’une plus grande participation pourraient se retrouver à mi-chemin dans une éventuelle Convention Citoyenne pour le Numérique. Si ce processus de délibération a lieu dans l’année à venir ou l’année suivante, sa conception et sa gouvernance seront des éléments cruciaux à prendre en compte.
Cet article est une traduction réalisée par Open Source Politics de l’article publié sur le Medium « Participo », une publication de l’OCDE. Pour consulter l’article original d’Eloïse Gabadou, cliquez ici.
OSP est une entreprise de Civic Tech spécialisée dans le déploiement d’outils de démocratie participative open source comme Decidim et dans la conception de processus participatifs en ligne à grande échelle. Face au déclin de la participation et de la confiance en nos représentants, OSP estime que les pratiques participatives doivent prendre une place plus importante dans notre société. Non seulement dans le monde politique, mais aussi dans le fonctionnement de nos entreprises, la gouvernance de nos associations et la conduite de nos projets collectifs.
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