Dans le cadre des élections municipales de mars 2020, Open Source Politics accompagne trois collectifs citoyens dans leur déploiement de leur plateforme participative. Retour sur un mouvement politique étroitement lié à l’histoire de Decidim : le municipalisme.
Un mouvement “des citoyen.ne.s, par les citoyen.ne.s, pour les citoyen.ne.s”
Instaurer une gouvernance participative et inclusive
Le municipalisme est un projet politique plaçant les citoyen.ne.s au centre des décisions publiques. Aussi bien urbain que rural, il s’attache à réintroduire les habitant.e.s au sein de l’espace politique et prône une gouvernance participative, transparente et efficace. Par l’instauration d’assemblées populaires et par l’acceptation de la conflictualité, le municipalisme rétablit une forme d’horizontalité dans la prise de décision.
Faire de l’espace politique un lieu d’émancipation citoyenne
Il s’agit pour les citoyen.ne.s de s’emparer des questions qui les concernent directement : crise du logement, défaillance des services publics (électricité, transports…), écologie, discriminations, accueil des réfugié.e.s et féminisation de la vie publique. Le municipalisme conçoit avant tout la ville comme un lieu de vie et un espace d’entraide. Il invite les habitant.e.s à se recentrer autour de valeurs fondamentales : solidarité, coopération, justice sociale, dignité, éthique…
Le municipalisme, par ses combats et ses valeurs, entend donc répondre aux enjeux situés au plus près des citoyens, justifiant ainsi son action à l’échelle locale.
2015 en Espagne : la nouvelle vague d’expérimentations municipalistes
Face aux dérèglements, la mobilisation
Crise financière de 2008, crise climatique, crise des réfugiés, crise politique… : le municipalisme est issu d’une convergence des crises et des luttes (mouvement des Indignés, 2011) qui s’est concrétisée lors des élections municipales espagnoles de 2015. Madrid, Barcelone, Valence, Saragosse, Cadix et d’autres sont alors remportées par des collectifs de citoyen.ne.s.
Qu’en retient-on ?
Si le bilan n’est pas parfait (on retiendra entre autres des critiques sur la politique sécuritaire ou encore la difficile gouvernance au sein d’un Etat espagnol de plus en plus centralisé), les municipalités en question se sont emparées des problématiques les plus urgentes, comme la démocratisation de l’accès au logement ou la municipalisation de certains services publics (les plages à Cadix, les pompes funèbres à Madrid ou encore l’eau à Barcelone). Elles ont également mis en place des systèmes de démocratie participative, à la fois en ville (à l’image des “laboratoires citoyens” madrilènes) et en ligne.
Aux origines de Decidim
En 2015, à Madrid, la mairie a créé son propre logiciel libre (Decide Madrid), plateforme collaborative depuis laquelle les citoyen.ne.s peuvent soumettre aux madrilènes leurs propositions par référendum, si celles-ci ont obtenu un soutien en ligne d’au moins 1% des habitant.e.s. Par ailleurs, la mairie a mis en place un système de votations ainsi qu’un budget participatif de 30 millions d’euros en 2019.
Le Conseil municipal de Barcelone a quant à lui investi plus de deux millions d’euros pour l’élaboration de la plateforme Decidim. Véritable bien commun numérique, Decidim est cohérent avec les valeurs du municipalisme aussi bien dans sa construction que dans les outils qu’il propose : gouvernance ouverte du logiciel, technologie open source et mise à disposition de fonctionnalités participatives multiples. Le logiciel, conçu à l’origine pour établir le Plan d’Action Municipal de Barcelone, a couvert 33 000 participants, 14 000 propositions dont près de 10 000 acceptées, 5500 résultats, 13 débats et près de 200 000 soutiens. C’est alors le début d’une expérience unique à laquelle s’est rattaché Open Source Politics.
Elections municipales de 2020 : les collectifs municipalistes accompagnés par Open Source Politics
En France, pour les élections municipales de mars 2020, les listes municipalistes sont nombreuses : notre partenaire Action Commune en dénombre plus de 150. Open Source Politics accompagne trois d’entre elles avec Decidim : Nous Sommes, Réveillons Annecy et Grenoble en commun.
Reposant sur les principes d’autogestion collective, de distribution des pouvoirs et de gouvernance transparente, le collectif montpelliérain Nous Sommes permet la co-construction de son programme par sa plateforme Decidim.
Le procédé est sensiblement le même pour la Fabrique citoyenne, plateforme de Réveillons Annecy, dont les 198 contributions sont en cours de validation par un Parlement citoyen.
Enfin, la Fabrique, mise en place pour la campagne participative de Grenoble en commun, comptabilise 680 propositions, dont 244 d’entre elles sont issues de rencontres physiques. Le territoire grenoblois s’inscrit depuis 2014 dans la lignée du courant municipaliste, en permettant aux citoyen.ne.s de s’impliquer par un système de votations, d’interpellations, d’unions de quartiers et de budget participatif.
Le municipalisme, ce mouvement politique qui vise à modifier en profondeur les pratiques politiques, se présente comme une réponse crédible aux crises sociales actuelles. L’utilisation de plateformes numériques participatives, lorsqu’elles sont adossées à des stratégies démocratiques locales, participe à ces réflexions autour de la transparence de l’action publique et de la reconnaissance de l’expertise citoyenne. Dans cette période d’élections municipales en France qui voit plusieurs collectifs co-construire leur programme à l’aide d’une plateforme Decidim, il semblerait que les revendications portées par le municipalisme s’ancrent un peu plus encore dans le débat. Avec un clin d’ œil de l’histoire : la plateforme numérique Decidim est le fruit d’expériences municipalistes passées, mais aussi l’instrument de projets municipalistes futurs.
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