Decidim Fest 2025 : retour sur l’assemblée générale et les priorités de la communauté

Réduction de la dette technique, interopérabilité, amélioration de l'UX et indépendance vis-à-vis des GAFAM : retour sur les grandes orientations stratégiques adoptées lors de l'assemblée générale

Comme chaque année depuis 2017, Open Source Politics a participé au Decidim Fest, qui s’est tenu du 4 au 6 novembre 2025. Cet événement annuel rassemble l’ensemble de la communauté internationale qui contribue au développement de Decidim, permettant des échanges enrichissants entre partenaires, développeuses, développeurs, porteuses et porteurs de projets participatifs.

Cette édition a été marquée par l’assemblée générale de l’association, au cours de laquelle les membres ont défini les orientations stratégiques pour les deux prochaines années et lancé les travaux sur les améliorations du logiciel.

Les trois priorités stratégiques pour 2026-2027

Pendant tout le mois d’octobre, les membres de la communauté ont pu présenter des propositions sur quelles devraient être les directions stratégiques de l’association pour 2026 et 2027. Après d’intéressants débats en ligne, les trois propositions les plus votées ont été présentées par la direction.

1. Réduire la dette technique et fonctionnelle : plus d’options, moins de complexité !

Après huit ans de développement du logiciel, certaines fonctionnalités n’ont jamais été pleinement consolidées ou adoptées, ce qui introduit une complexité inutile dans le code et l’expérience des internautes.

Pour simplifier l’architecture, améliorer la performance et renforcer la stabilité, la communauté prévoit de nettoyer le code hérité et de faciliter les mises à jour, ce qui permettra à notre clientèle de bénéficier plus rapidement des avantages apportés par les nouvelles versions après leur lancement.  Il s’agira également de retirer les fonctionnalités inachevées ou redondantes et, si nécessaire, de les remplacer par de meilleures solutions. Par exemple, l’ancien système de brouillons collaboratifs sera remplacé par un mécanisme plus simple de co-écriture des propositions.

Pour vous qui utilisez Decidim, cette priorité se traduit par une plateforme plus stable, plus facile à maintenir et donc, mieux préparée à accompagner des projets participatifs à long terme.

2. Travailler sur l’interopérabilité : Decidim s’ouvre

Alignée avec la stratégie d’Open Source Politics depuis 2024, cette priorité vise à faciliter la collaboration entre Decidim et d’autres systèmes. Par exemple, d’un côté, nous pouvons imaginer les participantes et participants partager des propositions depuis un chatbot sur leur appli de messagerie, et elles apparaîtront automatiquement sur la plateforme. Du côté des administratrices et administrateurs, il serait possible de gérer le contenu et récupérer des résultats des démarches participatives depuis des outils externes, plutôt que d’effectuer des saisies manuelles, ce qui simplifiera la création de modules personnalisés nécessitant la production ou la mise à jour de données.. 

En même temps, il est aussi question de permettre aux différentes plateformes de communiquer entre elles. L’intérêt de l’interopérabilité est de permettre aux utilisatrices et utilisateurs de rester sur leur plateforme tout en interagissant avec des données provenant d’autres plateformes participatives, réseaux sociaux etc. Open Source Politics travaille déjà dans cette direction et nous avons présenté le mois dernier notre vision sur le Data Space de la Démocratie. Notre objectif est d’associer progressivement toutes les personnes intéressées au développement du data space, à la définition des standards et à la mise en place d’une gouvernance ouverte.

Plus techniquement, la communauté vise à renforcer les capacités de l’API de Decidim afin d’autoriser des opérations d’écriture, ouvrir des endpoints d’écriture sécurisés pour permettre des intégrations plus riches, ainsi que des workflows et des synchronisations automatiques.

3. Construire une expérience cohérente : continuer à améliorer l’UX

En 2026, la communauté travaillera à consolider un standard de design (design system). Il deviendra la référence unique garantissant la cohérence des boutons, formulaires, menus et pages du logiciel. Une revue complète identifiera et résoudra les incohérences d’interface accumulées au fil du temps, autant sur le front office (côté internautes) que dans le tableau de bord des administratrices et administrateurs, afin d’assurer une cohésion totale du graphisme et du comportement des plateformes.

L’accessibilité restera un axe majeur : appliquer le design system entraînera des recherches et tests dédiés nécessaires. Dans ce cadre, des tests seront organisés avec des internautes réels sur la base d’une méthodologie de recherche sur « l’expérience utilisateur ». Cette méthodologie, co-élaborée avec le Groupe Design de Metadecidim qui regroupe des expertes et experts sur la matière au sein de la communauté, aura vocation à être partagée et utilisée par toute la communauté Decidim.

Pour vous qui utilisez nos solutions, cela garantit une expérience plus fluide, intuitive et accessible pour les participantes et participants, un atout essentiel pour favoriser l’engagement et garantir l’inclusion dans les processus participatifs. Concrètement, cela signifie des temps de chargement réduits, moins de bugs, et la possibilité d’accéder plus rapidement aux nouvelles fonctionnalités sans risque pour la stabilité de votre plateforme.

Vers une plus grande souveraineté technologique

Parallèlement, l’association a organisé un débat ouvert qui a mis en évidence une préoccupation croissante face à la dépendance de l’association et de la communauté à l’égard des GAFAM, tant pour la gestion du travail que pour l’infrastructure technique (GitHub, AWS, hébergement d’images, documentation, API, campagnes de mobilisation sur les réseaux sociaux, etc.). Cette dépendance est jugée problématique pour des raisons techniques, économiques et politiques

Les GAFAM profitent des outils open source, captent les ressources, manipulent la construction collective du développement en imposant leurs normes et poussent à centraliser ce qui pourrait être décentralisé, contribuant souvent à une logique de dégradation de qualité qui affecte progressivement les plateformes numériques. De plus, leur rôle dans l’affaiblissement de la démocratie, notamment via l’alignement croissant avec l’extrême droite, rend d’autant plus urgente la construction d’alternatives. Or, ce mouvement se heurte à plusieurs réalités : les effets de réseau massifs (GitHub comme principal réseau social du code), les coûts économiques de migration vers d’autres outils, la complexité technique et les difficultés à accéder aux ressources nécessaires pour bâtir des solutions autonomes et pérennes.

Face à ces constats, la communauté est convaincue qu’il ne s’agit pas d’adopter une posture du « tout ou rien », mais plutôt de construire une transition progressive vers davantage d’indépendance et de souveraineté technologique. Plusieurs pistes ont émergé : développer des alliances avec d’autres projets libres pour créer un écosystème interdépendant plutôt qu’isolé, s’inspirer des réussites du Fediverse et d’autres infrastructures décentralisées, identifier les dépendances les plus critiques (comme GitHub) et commencer par celles qui offrent le meilleur retour en termes de souveraineté, envisager des migrations ciblées (par exemple déplacer Metadecidim hors d’AWS) et évaluer, lorsqu’il n’existe pas encore d’alternative, ce qu’il faudrait pour fédérer ou développer une solution.

Pour commencer, l’association veut établir une carte complète des dépendances de l’association et de la communauté, accompagnée d’une évaluation systématique des coûts, bénéfices, risques et impacts. Cette cartographie, soumise à un processus délibératif, permettrait d’élaborer un plan d’action annuel qui marquerait la voie à suivre. Au-delà de la technique, cette démarche est un acte politique : construire des alternatives, renforcer les communautés Decidim comme espaces de résistance, montrer qu’il est possible d’échapper à l’oligarchie technologique, et faire de cette transition un levier pour interpeller l’ensemble des actrices et acteurs au-delà de la communauté.

Ces orientations stratégiques confirment l’engagement de la communauté Decidim à construire une plateforme toujours plus performante, accessible et souveraine. Open Source Politics continuera à contribuer activement à ces développements et à accompagner ses client·es partenaires dans la mise en œuvre de ces améliorations.

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