Plus de 150 étudiant·e·s de l’UPEC ont eu la chance de pouvoir participer, à l’automne 2021, à la première Convention citoyenne étudiante, sur le thème de l’alimentation. Directement inspiré de la Convention citoyenne pour le climat, ce dispositif pionnier a été accompagné par Open Source Politics depuis le début : on a donc décidé de prendre la plume pour vous en raconter les coulisses !
Un chantier en trois étapes
La méta-délibération, ou la construction collaborative de la Convention
La méta-délibération, c’est quoi ? C’est la toute première phase de construction de la Convention. Entre octobre et décembre 2020, il a fallu définir les règles de la délibération de la convention, pour éviter des discussions désordonnées et sans résultats. On parle donc ici de “processus de formulation de mesures communes”, de “règles de gestion du dissensus”, de “modes de validation collective des arbitrages assurant leur légitimité”… C’est un enjeu central du dispositif.
Tous les vendredis, les étudiant·es de master en sciences politiques à l’Ecole Internationale d’Etudes Politiques (EEP), accompagné·es par leurs enseignantes (Emilie Frenkiel et Sylvie Thoron), se réunissaient par visio-conférence pour échanger entre eux, recevoir des intervenant·es sur les enjeux de la délibération et ses outils. Parallèlement à ces rassemblements en ligne, les étudiant·es pouvaient soumettre des propositions sur la plateforme Decidim du Living Lab.
À l’issue de cette méta-délibération, l’EEP et le Living lab AlgoPo ont donc lancé la première Convention citoyenne étudiante, consacrée à l’alimentation, thème à l’intersection des enjeux environnementaux, sanitaires et de développement local. Elle s’est déroulée sur deux mois, du 23 septembre au 20 novembre 2021.
La Convention citoyenne étudiante, pour penser le renouvellement du système alimentaire territorial
Pourquoi deux mois ? Tout simplement pour laisser le temps à différents groupes d’étudiant·es d’enrichir les propositions.
D’abord, du 23 au 25 septembre 2021, c’était au théâtre de Fontainebleau que les étudiant·es pouvaient suivre des interventions de scientifiques et de professionnel·les sur le thème de l’alimentation, puis faire émerger des premières propositions dans le cadre de 4 groupes thématiques (Production, Approvisionnement, Consommation, Déchets). En alternant les séances de travail en sous-groupe thématique, les séances de travail en groupe thématique et les séances de travail en plénière, on s’assurait de la diversification des séances de travail et on favorisait du même coup la délibération (arbitrages, mise en commun, confrontation et partage d’idées) à différentes échelles.
Ensuite, du 25 septembre au 18 novembre, la plateforme numérique Decidim du Living lab Algopo a recueilli les observations, commentaires et amendements d’autres étudiant·es sur les propositions formulées par les étudiant·es lors de la première phase. Cette phase intense a notamment permis de solliciter les avis d’étudiant·es de formations spécialisées sur le sujet de l’alimentation, afin de bénéficier de leur expertise.
Enfin, les deux derniers jours de la Convention étaient consacrés à la mise en forme et à l’adoption des diverses mesures préconisées par la Convention citoyenne étudiante. C’était également le moment de célébrer la fin de cet intense travail collaboratif, qui a finalement abouti à 49 mesures précises, chiffrées, sourcées et argumentées.
L’application des mesures, l’engagement dans la durée
Une fois les 49 mesures adoptées, c’est une phase compliquée de la Convention qui s’ouvre. Le dispositif en lui-même est en effet terminé, mais il est nécessaire de s’assurer que les mesures sont transmises aux institutions concernées, et que ces dernières les ont intégrées à leurs circuits de prise de décision politique. Beaucoup de mesures issues de dispositifs délibératifs restent ainsi lettre morte, faute d’un suivi efficace et d’une pression importante sur les décideurs publics.
Ici encore, c’est un groupe d’étudiant·es qui s’est chargé de rencontrer les différent·es élu·es concerné·es, de leur présenter les mesures et de leur en décrire l’intérêt pour leur territoire. Ils ont également pris le temps d’échanger avec des agent·es public·ques en charge de l’application potentielle des mesures, avec qui iels promettent de rester en contact dans l’objectif de maximiser l’adoption institutionnelle du travail de production normative fourni dans le cadre de la Convention citoyenne étudiante.
Faire la part belle aux étudiant·es
Les étudiant·es étaient évidemment au centre de ce dispositif, dans toutes ses composantes. Ce sont elles et eux qui ont construit le dispositif de A à Z via la méta-délibération, qui ont facilité les débats, animé une partie des tables rondes, restitué les discussions. Ce sont bien sûr des étudiant·es qui ont participé à cette Convention, en jouant le jeu de la familiarisation progressive avec un sujet complexe et des contraintes importantes, puis en s’accordant sur des mesures détaillées qui permettraient de bousculer le système alimentaire pour le rendre plus soutenable.
C’est donc, au final, un double objectif qui était recherché – et atteint ! – par ce dispositif délibératif. Un objectif pédagogique d’abord, auprès des étudiant·es participant à la Convention. Iels en sortent enrichis d’une expertise thématique sur l’alimentation et d’une sensibilisation approfondie aux méthodes d’intelligence collective, de prise de parole efficace et d’écoute active. Un objectif professionnalisant ensuite, pour les étudiant·es qui ont encadré ce dispositif avec leur dynamisme et qui ont pu apprendre la facilitation, l’animation, la prise de notes et la synthèse de discussions en temps réel. Tou·tes en sortent grandi·es, et OSP aussi ! C’était notre première expérience avec des étudiant·es en présentiel. On a adoré, évidemment.
Et Open Source Politics alors, dans tout ça ?
Cela fait déjà plus de deux ans que nous accompagnons le Living Lab Algopo, aujourd’hui co-dirigé par Pierre Valarcher et Emilie Frenkiel, d’abord pour sa création et aujourd’hui dans le développement des multiples projets qui sont lancés dans ce cadre. Pour la Convention citoyenne étudiante, Open Source Politics a donc contribué à son cadrage, à former les étudiant·es facilitateur·trices et à animer la Convention en présentiel. On a également fourni la plateforme Decidim qui a servi à la méta-délibération et à la phase en ligne de la Convention. Suspense : pour la deuxième édition, on vous prépare plein d’expérimentations !
On a hâte que la deuxième édition de la Convention citoyenne étudiante, cette année centrée sur le numérique, rende ses conclusions. Elles seront certainement passionnantes et devraient même permettre de nourrir nos réflexions internes.