Le manifeste d’Open Source Politics

Le manifeste d’Open Source Politics

Nous voulons continuer d’habiter cette planète ensemble.

Nous avons une responsabilité que nous ne prenons pas à la légère. En l’espace d’une génération, les terres où vivent actuellement des centaines de millions d’êtres humains et des milliards d’autres êtres vivants seront submergées ou rendues durablement inhabitables par le réchauffement climatique. Dès aujourd’hui, il devient difficile de reconnaître la véracité d’une information ou la provenance humaine d’un contenu en ligne. Aucun précédent historique ne nous rassure sur la résilience pacifique de nos sociétés face à ces bouleversements irréversibles, d’une violence extrême et d’une rapidité inouïe. Nous opposons à ces constats une conviction profonde : nous n’atteindrons pas des résultats radicalement différents si nous ne prenons pas nos décisions très différemment.

Nous analysons que l’élection, une fois tous les cinq ans, de personnalités représentant le plus petit dénominateur commun parmi les suffrages exprimés n’est qu’une version dégradée de l’exercice de notre souveraineté populaire. En réponse, nous promouvons une démocratie ouverte et continue, au bénéfice de la participation effective des plus larges publics à toutes les échelles et dans tous les types d’organisations. Nous agissons en contribuant au financement et au développement de communs numériques, en nous appuyant sur les recherches en sciences humaines et sociales, avec l’ambition de tendre vers la neutralité carbone de notre activité économique et la préservation d’un environnement de travail sain et épanouissant.

Nous avons toujours rejeté le solutionnisme des plateformes, pour lui préférer la technopolitique, c’est-à-dire un usage critique et stratégique des outils numériques pour élaborer et appliquer les décisions publiques et privées indispensables pour la justice sociale et climatique. Nous doutons parfois du sens et de la portée de toutes ces consultations citoyennes, qui nous animent au quotidien autant que nous les animons. Nous avons créé Open Source Politics au printemps 2016 au cœur d’un mouvement porteur d’espoir pour un renouveau démocratique qui ne s’est pas pleinement réalisé et a trop souvent été dévoyé par des mascarades. Nous avons appris en chemin, au contact de dizaines d’organisations dans le monde entier, quelles sont les conditions d’une participation réussie et les méthodes pour décider autrement.

Nous observons le vent contraire des forces croissantes qui concentrent les pouvoirs, épuisent les ressources, remettent en cause les libertés, creusent les inégalités et divisent les sociétés. Nous réagissons en nous investissant dans le champ du politique avec l’état d’esprit de hackers constructifs, en qualité de partenaire fiable pour les institutions publiques et de relais de confiance pour les participants qui aspirent à être considérés avec sérieux et sincérité. Nous nous formons en entreprise ESS parce que nous restons convaincus que l’expérience démocratique mérite d’être vécue, que la philosophie de l’open source a déjà gagné mais ne le sait pas encore, et parce que nous voulons continuer d’habiter cette planète ensemble.

Gardons le contact

Les plateformes participatives, quel bilan 5 ans après ?

Les plateformes participatives, quel bilan 5 ans après ?

Ce n’est pas un secret, les plateformes de démocratie participative se sont multipliées dans tous les types d’organisations et à toutes les échelles au cours de la décennie écoulée. Des budgets participatifs de Nanterre à New York, des consultations citoyennes de Lens à la Commission européenne, le recours croissant à des outils numériques a permis d’élargir la participation, d’enrichir les délibérations, mais aussi de soulever des limites inhérentes à l’usage technologique et aux méthodes d’intelligence collective. Découvrez dans ce point d’étape à 5 ans, ce que nous avons appris autant que ce qu’il reste à prouver.

Une démocratie participative numérique qui se développe entre le silence et le bruit

Geolina163, CC BY-SA 4.0 , via Wikimedia Commons

Les plus directs diront que notre régime n’est pas démocratique à proprement parler – c’est-à-dire un système politique dans lequel chaque citoyen·ne dispose d’une égale possibilité d’influer sur la décision – mais une oligarchie conçue pour servir certains intérêts dominants et entretenue par le mirage d’élections défaillantes organisées à intervalles réguliers.

En réponse à cette frustration de ne pas compter dans les choix politiques qui affectent nos vies, une voie intermédiaire existerait entre le silence de ceux qui renoncent à utiliser leur voix et le bruit de ceux qui n’expriment que de la colère.

2011 – l’illusion d’une révolution ? Des printemps arabes aux mouvements des places apparus sur les cinq continents, les nouvelles plateformes numériques sont le vecteur d’éruptions démocratiques spontanées, qui convergent vers une même aspiration de justice sociale et de démocratie réelle.

Il est tentant de penser que les institutions obsolètes peuvent être mises à jour

Nous sommes des citoyens du XXIe siècle qui faisons de notre mieux pour faire fonctionner des institutions qui ont été conçues au XIXe siècle et sont basées sur un support d’information qui remonte au XVe siècle. 
Il est temps de commencer à nous poser la question : quelle démocratie voulons-nous à l’ère d’internet ?

Pia Mancini, lors de son intervention lors de la conférence TED Global de 2014

En 2012 à Buenos Aires, des hacktivistes créent la plateforme DemocracyOS, Pia Mancini avec ses collègues veulent mettre à jour la démocratie en Argentine comme au-delà. A travers leur plateforme mobile open-source, leur but a été d’introduire le citoyen au coeur du processus législatif avec la promesse d’un mandat impératif direct suivant les votes exprimés en ligne.

La passion française pour les plateformes a conduit à l’émergence d’un marché 

Licence Ouverte – Etalab via gouvernement.fr

Concertations réglementaires, budgets participatifs, enquêtes en ligne, interpellations citoyennes… En moins d’une décennie, la majorité des grandes collectivités s’est dotée d’une plateforme numérique pour accueillir et diversifier ses démarches de démocratie participative. L’État a également multiplié les démarches, au point que plusieurs entreprises françaises ont pu naître et se pérenniser en proposant des outils et un accompagnement. 

Avec près d’un millier de plateformes déployées en cinq ans, la France a beaucoup plus investi ce terrain que ses voisins européens et homologues anglo-saxons.

En 2015, pour la première – et unique – fois, un projet de loi ; la loi pour une République numérique est soumis aux propositions et réactions des internautes avant d’être présenté au Conseil d’État et débattu au Parlement. Après une première concertation en amont menée par le Conseil national du numérique en 2014, une consultation sur le texte du gouvernement est ouverte durant trois semaines à l’automne 2015. La plateforme recueille près de 8 500 contributions de plus 20 000 participants. Le texte porté par la secrétaire d’État au numérique Axelle Lemaire et amendé par les internautes sera adopté à l’unanimité.

Les plateformes participatives ont rempli certaines de leurs promesses initiales, mais des progrès restent à faire

Transcender les limites d’espace et de temps pour un débat permanent 

Imaginons qu’on veuille faire voter les 38 223 supporter·rice·s des Sang-et-Or (du club de football du Racing Club de Lens) sur le boycott de la Coupe du Monde au Qatar, en leur laissant à chacun·e 1’30 pour exprimer leur position et 30 secondes pour voter à la fin… Il faudrait près de 16 heures d’échanges et de scrutin sans interruption.

Avec une plateforme, le débat et la prise de décision peuvent être à la fois menés en asynchrone et en simultané. Il est possible de cartographier tous les arguments et d’ajouter des étapes intermédiaires pour montrer une progression.

Rob Mieremet / Anefo, CC0, via Wikimedia Commons

➡️ Comment aller plus loin ? Choisir entre plusieurs options au-delà du binaire vote oui/non.

Depuis 2021, la ville de Lens anime des assises du développement durable et des projets d’aménagement public sur sa plateformeEn diffusant le lien sur le bord du terrain, le nombre de participants pourrait être multiplié par 200.

 Réconcilier numérique et présentiel pour combiner le meilleur des deux espaces

Une critique récurrente – et réelle – des démarches participatives dénonce le fait qu’elles attirent “toujours les mêmes.” Sans forcément parvenir à modifier la sociologie des participant·e·s – des études précises restent à mener – les plateformes permettent a minima d’élargir les modalités de contribution, et donc les cibles

Là où la contribution présentielle est le plus souvent orale et éphémère, sa restitution sur une plateforme participative en garde une trace numérique plus durable et ouverte aux commentaires a posteriori. 

Toujours en 2021, l’Autorité organisatrice des transports de la métropole de Lyon, le SYTRAL Mobilités a réuni sur une même plateforme toutes ses concertations réglementaires. On y trouve un agenda des rencontres avec les usagers qui distingue les rencontres en présentiel, en ligne et hybrides. Découvrez notre article sur le sujet.

Étendre la mémoire des projets participatifs et raconter leur(s) histoire(s)

Tant de consultations organisées pour la forme, dont les conclusions sont oubliées aussitôt publiées ? 

Si elles sont bien documentées par les organisateurs et garants des débats, les plateformes participatives peuvent garder la mémoire des projets sur le temps long. En stockant les éléments d’information et de réglementation, elles deviennent la ressource de référence autour d’un projet. 

➡️ Comment aller plus loin ? Diversifier les formats de contribution, en se basant davantage sur le narratif, l’observation, le récit de l’expérience vécue (ex : recensement des moineaux ou des noms de rues féminins par la métropole européenne de Lille…)

Grimper sur l’échelle de la participation en donnant du pouvoir aux habitant·e·s

En 1969, l’échelle de la participation est définie par Sherry Arnstein pour distinguer les démarches en fonction du degré d’implication des participant·es. 

échelle de la participation

La généralisation des plateformes dans les villes françaises de toutes tailles a accompagné l’essor phénoménal des budgets participatifs depuis 2014. Ces démarches impliquent les habitant·es à un niveau élevé : dépôt et choix direct des projets, voire dans les meilleurs cas, association à l’établissement ou la révision des règlements, évaluation de la faisabilité, priorisation avant le vote, co-construction avec les services, responsabilisation dans la réalisation.

➡️ Comment aller plus loin ? Proposer aux habitant·e·s de répartir le budget d’une collectivité (hausses et réductions) et pas seulement de dépenser une modeste enveloppe du budget d’investissement.

Démultiplier le poids des mobilisations sur les sujets qui animent les citoyen·ne·s

Déjà populaire avant le numérique, le recueil de pétitions est le premier usage participatif en ligne en volume depuis la fin des années 1990 (Change.org revendique 500 millions de comptes dans le monde). Puisqu’il est mesuré sur la quantité de personnes mobilisées, le succès est directement proportionnel à la communication qui est investie dans la diffusion de la pétition.

➡️ Comment aller plus loin ? Développer les usages locaux avec des plateformes d’interpellation citoyenne de proximité pour contribuer à l’ordre du jour de l’organe délibératif, susciter le lancement d’une nouvelle consultation, demander le contrôle d’une politique publique…  

EN 2020, La plateforme de pétitions du Sénat garantit des signatures anonymisées grâce à une authentification déportée sur FranceConnect. 4 pétitions ont dépassé le seuil requis des 100 000 signatures authentifiées en moins de 6 mois ; la première portant sur la désolidarisation des revenus du conjoint pour le paiement de l’Allocation aux Adultes Handicapés (AAH) a été suivie d’une évolution législative majeure en 2022.

Il reste de bonnes raisons de douter de l’intérêt des plateformes participatives

La confiance est émoussée après la multiplication d’expériences inachevées

La condition de la confiance entre les responsables à l’initiative des démarches participatives et les participants est que les premiers respectent la valeur de la contribution des seconds. Les règles de prise en compte de la parole citoyenne doivent être claires à chaque étape et ne pas varier sans justification. Une consultation doit donner lieu à une reddition de compte. Un vote doit être suivi d’une présentation de l’avancement des réalisations. 

➡️ Comment améliorer cela ? Donner un pouvoir clair aux participants, par l’obtention en amont d’un engagement écrit des élu·es sur les antécédents pris en compte, les marges de manœuvre et les modalités de réponse aux contributions puis de droit de suite. 

En 2021, dans le cadre de la Convention citoyenne pour le climat, 150 citoyen·ne·s tiré·es au sort ont préparé, voté et remis au président de la République 149 propositions visant à respecter les engagements de réduction des gaz à effet de serre de la France, dans un esprit de justice sociale. Contrairement à l’engagement initial d’un relai “sans filtre” vers le référendum, le Parlement ou la voie réglementaire, une part conséquente des propositions sont rejetées ou vidées de leur substance par le Gouvernement.

La désinformation et la violence sapent la qualité des échanges en ligne

Sapiens n’est pas un être démocratique parfait. Nos biais individuels et collectifs se retrouvent dans nos décisions, et peuvent être exploités à notre encontre. Les technologies de la désinformation n’en sont qu’à leurs balbutiements. Nous pouvons craindre une généralisation de deep fakes capables de déstabiliser n’importe quel débat. La violence des échanges en ligne, souvent sous pseudonyme, nuit également à la participation.  

➡️ Comment améliorer cela ? Donner du sens en stimulant esprit critique et culture de la participation, pour rapprocher les citoyen·nes de l’idéal d’une égalité des capacités à participer (cela marche dans le cadre des conventions citoyennes). 

Dans l’affaire Cambridge Analytica en 2016, l’utopie d’une démocratie sans cesse plus libre et éclairée dans le cyberespace est percutée par la mise en lumière des bulles de filtre, la viralité des fake news et le détournement des failles des réseaux sociaux par les partisans du Brexit puis de Donald Trump.

L’organisation de débats en ligne et hors ligne présente un coût financier élevé

Au regard du coût d’un débat en ligne et/ou hors ligne et des résultats souvent modestes en termes de solutions originales ou de réponses inédites, l’investissement consenti par la puissance publique peut parfois sembler excessif. Si le recours aux seules plateformes peut donner l’impression de représenter une économie par rapport à l’animation hors ligne, c’est oublier que l’outil numérique ne se suffit jamais à lui-même

➡️ Comment améliorer cela ? Donner du temps à la progression d’un débat, en alternant des temps intensifs en petits effectifs et des phases d’idéation puis de validation par le grand public, et relativiser le coût par rapport à celui de mauvaises décisions. 

Organisé en réponse au mouvement des Gilets Jaunes, le grand débat national s’appuie sur la récolte de cahiers de doléances, des milliers de débats locaux et une plateforme proposant des questionnaires fermés et des contributions sans interaction. Décriée notamment pour sa synthèse partielle et partiale, l’opération globale – qui reste la plus chère conduite en France – a coûté 12 millions d’euros, dont un million pour la plateforme participative. 

La professionnalisation de la participation réduit la spontanéité des démarches

Des formations spécialisées ont vu le jour à l’université, des rencontres professionnelles se tiennent chaque année et plusieurs milliers de consultant·e·s font profession de leur expérience dans la conception, l’animation et la restitution de démarches participatives. Des universitaires s’interrogent toutefois sur la capacité de ces personnes à sortir de la stricte mise en place de procédures délibératives, pour guider les participant·e·s sur le fond des sujets conflictuels, parfois au détriment de leurs commanditaires.

➡️ Comment améliorer cela ? C’est à nous en tant que consultant·e·s d’être exigeant·e·s et de déployer des compétences stratégiques auprès des clients. 

L’externalisation de la conduite et de l’évaluation de nombreuses politiques publiques touche le champ de la participation citoyenne. EN 2022, L’Affaire McKinsey (et cie) éclate au grand jour. La DITP pilote un nouvel accord-cadre multi-attributaire pour l’organisation de tous les prochains débats publics portés par l’État – dont le volet plateforme fait partie. 

Les interfaces numériques de participation restent trop peu attractives

Si l’identité graphique s’est grandement améliorée au cours de la dernière décennie, les plateformes participatives, encore majoritairement fondées sur des contributions textuelles, ne sont pas à jour des usages privilégiés aujourd’hui, notamment par les jeunes générations. Cependant, la prise en compte de contributions imagées, vocales ou vidéo poserait de nouveaux défis de retranscription, de traduction, de modération et de restitution. 

➡️ Comment améliorer cela ? Multiplier les tests utilisateurs et investir plus massivement dans l’amélioration de l’UX et des fonctionnalités des plateformes participatives. 

Après une succession de pilotes à l’échelle de quartiers, la ville de New York a lancé son premier budget participatif sur Decidim en septembre 2022.  Alliant les actes à ce qui reste trop souvent du registre de la parole en France, les équipes de la ville visent prioritairement un public jeune, divers et défavorisé. Le vocabulaire adopté est moins institutionnel et le parcours utilisateur doit être largement simplifié.

Les plateformes ne rassemblent pas des échantillons représentatifs 

Ce n’est pas une condition indispensable pour toutes les démarches, mais il est généralement attendu d’une démarche participative qu’elle démontre une certaine représentativité. Il n’existe pas encore de consolidation fiable et les données socio-démographiques sont déclaratives et facultatives sur les plateformes, mais quelques tendances sont fréquemment observées :

  • les hommes contribuent davantage que les femmes ;
  • les actifs et les retraités sont plus nombreux que les jeunes ;
  • les exclus du numérique sont absents…  

➡️ Comment améliorer cela ? Aller à la rencontre des citoyen·es dans l’espace public et en porte-à-porte avec des tablettes pour faciliter leur connexion.  

Connaissez-vous le film Moi, Daniel Blake de Ken Loach ? S’il fallait une illustration du bien-fondé de la médiation numérique en voilà bien une… Contraint de s’inscrire dans une agence de recherche d’emploi pour bénéficier d’une aide sociale, Daniel Blake, 59 ans, est confronté à de basiques mais insurmontables services en ligne. Le film remporta la Palme d’or du Festival de Cannes en 2016. 

La multiplication des sollicitations entraîne une lassitude démocratique

Nous n’aimons pas ne pas être consulté·e·s, mais ce n’est pas parce que nous le sommes que nous participons. Après plusieurs années de croissance de leur visibilité, les budgets participatifs voient leur taux de participation stagner, parfois baisser. Les consultations s’enchaînent à tous les niveaux administratifs, le plus souvent sans prise en compte durable des résultats, dans un climat d’expression en ligne délétère, sur des plateformes trop austères… d’aucuns anticipent un “burn-out citoyen”. 

➡️ Comment améliorer cela ? Faire vivre une véritable expérience démocratique aux participant·es : au-delà des résultats de la consultation, c’est le déclic citoyen qu’il faut générer et entretenir, dès le plus jeune âge.

EN 2021 pour la première Convention citoyenne étudiante de l’Université Paris-Est Créteil, 150 étudiant·e·s ont conçu, choisi et continuent de suivre la réalisation de propositions sur le thème de l’alimentation, au cours d’une expérience participative inédite à l’université. Convention citoyenne étudiante

Les plateformes participatives doivent prouver qu’elles sont indispensables 

Les plateformes doivent s’adapter à l’attente de simplicité des usages

Inscription vérifiée par une carte d’identité numérique, questionnaire par image, contributions par la voix, “gamification” et récompense pour les utilisateurs, immédiate analyse par des IA, balade interactive dans la maquette d’un projet, votes par avatar ? De nouveaux usages pourraient apparaître, avec le défi de dépasser le gadget technologique pour répondre aux limites actuelles des plateformes textuelles. Ce n’est pas gagné… 

➡️ Quelle est la prochaine étape ? Poursuivre le développement des plateformes en bénéficiant de l’expertise de designers, multipliant les tests UX et facilitant l’inscription sécurisée aux plateformes.

Il y a 15 ans en 2007, la vie politique avait déjà tenté une incursion dans le métavers à travers une campagne sur Second Life ! Chaque candidat accueillait militant·e·s et curieu·x·ses dans un QG virtuel où se retrouvaient propagande de campagne et discussions entre avatars. Bientôt le retour pour la campagne 2027 ?

Les plateformes doivent en même temps répondre à la complexité des enjeux

Pour gagner en profondeur, les démarches participatives en ligne doivent permettre une réintermédiation des prises de décision, apporter une information plus digeste, diversifier encore les interactions pour des délibérations de bout en bout. Sans contradiction avec l’amélioration des parcours utilisateurs, elles doivent être en mesure de servir une démarche multilingue et des analyses enrichies. 

➡️ Quelle est la prochaine étape ? Organiser un retour d’expérience public des premières démarches de grande ampleur et les renouveler avec des plateformes de plus en plus complètes et robustes.

Sur la plateforme multilingue de la Conférence sur l’avenir de l’Europe, les citoyens de toute l’Union pouvaient déposer des idées et créer des événements dans leur langue et lire les autres contributions grâce à un système de traduction automatique. 

La démocratie liquide pourrait redevenir une  innovation numérique

Combinant des possibilités de participation directe et de représentation dynamique, la démocratie liquide fonde la prise de décision collective sur une délégation libre et évolutive des voix. Un outil numérique est indispensable pour suivre les droits de vote et calculer les résultats. 

À condition de répondre effectivement au défi de leur empreinte énergétique, les protocoles blockchain pourraient trouver ici une application démocratique. Les plateformes existantes n’ont pas encore dépassé le stade du prototype.

➡️ Prochaine étape : engager un programme de recherche et développement pour financer une nouvelle phase d’expérimentation.

2006 – Liquid feedback – Pendant les années d’émergence des Partis Pirates en Allemagne et en Scandinavie, des logiciels de démocratie liquide ont été expérimentés en interne, sans dépasser ce cercle.

Le code commun doit être la norme pour contrer la privatisation des services

Soutenus dans les discours, mais pas toujours dans les investissements des acteurs publics français, les logiciels libres doivent être choisis stratégiquement pour garantir la transparence démocratique des algorithmes, conserver une indépendance vis-à-vis des éditeurs, partager les compétences et mutualiser les investissements. Longtemps dominé par des acteurs propriétaires, le secteur évolue doucement vers une ouverture par défaut du code source des plateformes participatives.

➡️ Prochaine étape : soutenir la stratégie d’investissement de l’État et des collectivités dans les communs numériques.

Ce n’est pas entre régulation et absence de régulation que nous avons à choisir. Le code régule. Il intègre – ou non – un certain nombre de valeurs. Il garantit certaines libertés, ou les empêche. Il protège la vie privée, ou promeut la surveillance. Des gens décident comment le code va se comporter. Des gens l’écrivent. La question n’est donc pas de savoir qui décidera de la manière dont le cyberespace est régulé ; ce seront les codeurs. La question est de savoir si nous aurons collectivement un rôle dans leur choix – et donc dans la manière dont ces valeurs sont garanties – ou si nous laisserons aux codeurs le soin de choisir nos valeurs à notre place.

2000 – Code is Law, Pr. Lawrence Lessig

Le sens des priorités doit dicter un changement d’échelle des plateformes

Pour finir ce bilan, nous nous devons de préciser que de multiples facteurs concourent à une fragilisation de la pratique démocratique dans tous les pays occidentaux. Les effets concrets sont déjà visibles. Face à l’urgence climatique, les décisions tardent alors que les conditions d’habitabilité de la planète se dégradent de manière sensible et accélérée. 

Il faut croire qu’une réponse pacifique et équitable aux deux défis reste possible et que les démarches participatives se généraliseront pour y parvenir. 

Les plateformes participatives seront utiles si des décisions plus fondamentales y sont prises. 

➡️ La prochaine étape : utiliser une plateforme adaptée pour prendre et documenter les prochaines décisions collectives dans vos organisations ?

Les 4 scénarios de l’ADEME

Pendant deux ans, L’ADEME a travaillé sur 4 scénarios pour que la France atteigne la neutralité carbone en 2050. L’agence appelle les acteurs publics à décliner cette matière en associant les citoyen·es. Open Source Politics dans le cadre de son programme Open Climate Politics, a créé des modèles de consultations dérivées des scénarios de l’ADEME et directement déployables sur une plateforme Decidim. Elles constituent des jalons de démarches plus ambitieuses allant d’un engagement fort sur un objectif de décarbonation au suivi des réalisations en passant par l’animation d’une fresque du climat, d’une convention citoyenne…   

Les bonnes pratiques d’une démarche de participation en ligne

Les bonnes pratiques d’une démarche de participation en ligne

Les plateformes de démarche de participation en ligne restent des outils nouveaux, parfois difficiles à appréhender pour le public ciblé ou la structure qui s’y engage. Les paramètres humains, organisationnels et techniques à prendre en compte sont nombreux. Toutefois, il existe des actions fixes et sûres, que l’on retrouve dans toutes les consultations réussies.

I. Encadrer la démarche de participation

1. Définir un cadre précis : objectif, équipe, calendrier, contenus

Il est important de répondre à certains prérequis avant de se lancer dans une démarche de participation en ligne : 

Qu’attendez-vous de la consultation ? 

Avez-vous déjà mené des démarches sur le même sujet ?

Le dispositif est-il consultatif ou décisionnel ? 

Selon quels critères et par qui les contributions seront-elles traitées ? 

Quel retour et quel suivi de leurs propositions les citoyens obtiendront-ils ? 

Formuler les attentes que l’on porte vis-à-vis d’une consultation facilite la définition de sa forme et le degré d’implication des citoyen•ne•s dans le processus. 

👉 Les équipes technique et conseil d’Open Source Politics vous accompagnent dans chacune des étapes préparatoires, que nous recommandons d’étaler sur le mois précédant le lancement public de la plateforme. 

a. Constituer une équipe projet et la former

  • Votre organisation dispose-t-elle déjà d’un service dédié à la participation et faut-il accompagner son évolution vers des outils numériques ? Votre besoin relève-t-il plutôt d’une équipe ad hoc qui ne durera pas au-delà de la présente démarche ? 

Une concertation citoyenne nécessite au moins une ressource en interne dédiée au pilotage de l’équipe projet et à l’animation de la démarche en lien avec les partenaires et les participants.

b. Définir le calendrier, la récurrence et les étapes 

  • S’agit-il d’une consultation unique, d’une étape dans un processus de concertation plus long, d’une consultation qui s’inscrit parmi d’autres démarches parallèles ou successives, d’un dispositif qui a vocation à se reproduire dans le temps ? 

Tous les formats sont valables. Gardez en tête que la participation s’améliore (qualitativement et quantitativement) avec le temps. Vous créerez de la confiance dans votre dispositif s’il est jalonné d’étapes intermédiaires, s’il se reproduit et s’améliore plusieurs fois consécutivement et s’il aboutit à des effets concrets. 

c. Concevoir des contenus participatifs pertinents et adaptés à la cible

  • Votre concertation est-elle principalement destinée à un public d’experts ou au grand public ? Le degré de complexité du dispositif est-il adapté à la cible prioritaire ? 

Pour ne pas se tromper de cible(s), l’idéal est de cartographier les parties prenantes en amont de la concertation et de les inviter à co-construire le dispositif dès le départ. L’objectif étant qu’ils deviennent les premiers contributeurs et surtout les relais de la consultation. 

Bonnes pratiques Open Source Politics

Donner du pouvoir : Parce qu’il faut gagner la confiance des citoyens qui craignent majoritairement que leur participation ne sera pas prise en compte ou qu’elle n’aura pas d’impact réel, il faut être transparent sur la portée finale du dispositif. 

Donner du sens : En plus de la transparence, il faut donner un maximum d’intérêt à la concertation, et donc s’assurer qu’elle porte sur de véritables enjeux clivants que les citoyens peuvent appréhender et sur lesquels ils peuvent émettre des propositions concrètes et/ou un choix déterminant. 

Donner du temps : Le taux de participation progresse par la récurrence d’une démarche, la diffusion de l’information et la preuve de la portée du dispositif. Il est possible d’augmenter sensiblement la participation au cours d’un dispositif de concertation, à condition de concevoir une progression par étapes

2. Établir la stratégie d’information, communication, diffusion 

Tout comme vos objectifs, il est primordial de définir une stratégie de communication en amont de tout lancement. 

Comment communiquer avec la cible ?

Comment créer l’évènement autour de la démarche de participation ?

a. Publier des informations claires et concises

Les participants arriveront sur votre plateforme par des canaux différents, avec un niveau d’information et une capacité à contribuer hétérogènes. Il est impératif de présenter alors la consultation avec les informations nécessaires au plus grand nombre : contexte et enjeux, modalité de participation, calendrier);

Exemple d’une page de présentation de budget participatif

Démarche de participation budget participatif

Exemple d’une page de calendrier d’une consultation publique

Démarche de participation consultation publique

b. Décliner une communication cohérente

Afin d’identifier rapidement votre démarche et les actions de communication qui en découlent, il est important de créer une identité graphique qui s’adapte à la plateforme ET à une déclinaison sur tout support : bannières, kakémonos, affiches et flyers, formulaires de dépôt de propositions et bulletins de vote papier, publications sur les réseaux sociaux…

c. Créer l’événement à l’occasion de votre lancement

Il est essentiel de réussir le lancement de votre consultation, autant pour votre motivation que pour celle des participants au travers d’évènements de communication (conférence de presse, relai de l’ouverture de la plateforme, atelier contributif…)

II. Animer la démarche de participation

1. Animer la plateforme en ligne : relais, relance, modération

Votre consultation a démarré et, si l’atelier de lancement a bien fonctionné, vous disposez déjà de premiers contenus. Il est temps d’animer votre consultation !

Comment animer la plateforme dans son environnement numérique ? 

Comment les rencontres et la communication hors ligne vont permettre d’enrichir la démarche ?

a. Utiliser intelligemment les réseaux sociaux

Pour des consultations ouvertes au grand public, il est important que votre équipe dispose d’une compétence en community management afin d’animer et relayer l’actualité de la plateforme pour inviter de nouveaux contributeurs à rejoindre le débat. 

Exemple d’animation sur Twitter pour séquencer le calendrier d’une consultation.

animation twitter d'une démarche de participation lyon

b. Suivre les statistiques de fréquentation de la plateforme

Le suivi des statistiques permet d’adapter votre stratégie de mobilisation en cours de consultation et de compléter votre analyse qualitative au terme de la démarche. 

c. Informer en continu 

Grâce aux newsletters et notifications conçues à l’intérieur de Decidim, vous pouvez informer vos utilisateurs de l’avancement de votre démarche. 

2. Hybrider physique et numérique : visibilité et priorisation

démarche de participation physique et en ligne

Animer le versant numérique de la consultation ne suffit pas à atteindre le grand public. Les plateformes en ligne ne changent rien à cette réalité : il faut s’engager sur le terrain pour avoir des résultats en matière de participation citoyenne, notamment auprès des publics éloignés du débat public que votre dispositif doit aller chercher. 

Comment toucher tous les publics ?

Comment mobiliser le plus grand nombre ?

a. Démultiplier la communication physique 

Grâce à une identité graphique facilement identifiable, vous pourrez décliner de nombreux supports print pertinents : affiches, brochures, stands, panneaux de signalisation… Le journal papier de votre structure reste également l’un des principaux points de contact avec votre cible grand public. 

Démarche de participation angers

Votre service de communication peut rendre visible la consultation partout, comme ici avec des t-shirts distribués aux participants lors de la Journée citoyenne à Angers.

b. Recueillir des contributions dans l’espace public 

Plusieurs techniques peuvent être combinées pour multiplier les opportunités comme installer un stand ou une bannière sur les lieux de passage ou organiser une opération de porte-à-porte à domicile dans les zones résidentielles qui tendent à moins participer. 

c. Recruter des ambassadeurs citoyens 

En plus de vos propres équipes, vous pouvez mobiliser un plus large public en responsabilisant des participants avec un statut d’ambassadeurs et des kits de communication complets : FAQ, brochures d’information à distribuer, t-shirts, bannières et logos pour les réseaux sociaux… 

d. Ponctuer la consultation d’événements physiques

En plus de l’événement de lancement, c’est l’ensemble de votre dispositif qui peut être jalonné d’ateliers. Le facteur le plus important est de parvenir à créer des ponts entre le physique et le numérique, par des allers-retours successifs entre une masse d’informations en ligne et une mise en perspective en présentiel. 

👉 L’équipe d’Open Source Politics a acquis une certaine expérience dans l’animation d’ateliers d’intelligence collective et peut organiser vos événements, vous former à l’animation ou simplement vous aider à concevoir des formats et des supports.

Exemple d’évènement physique d’une consultation citoyenne

evenement physique Démarche de participation

III – Exploiter les résultats de la démarche de participation en ligne

1. Synthétiser les contributions : données, logiciels, analyses

En cas de succès, votre consultation peut aboutir à plusieurs centaines voire milliers de contributions. Vous devez vous préoccuper le plus tôt possible de la manière dont vous allez les analyser et en rendre compte dans un délai raisonnable. Ce travail de synthèse est essentiel : il permet de révéler l’intelligence collective derrière les contributions dispersées et de faire émerger les signaux faibles disséminés parmi les multiples voix.  

Comment préparer les données avant le traitement ?

Quelle méthode et outil de traitement automatique de la langue utiliser  pour synthétiser des milliers de contributions ?

Quelle restitution prévoir sur la plateforme ? 

👉 En plus du conseil et de la formation aux outils et méthodes de traitement, vous pouvez missionner Open Source Politics pour rédiger la synthèse de vos concertations, avec des prestations qui s’adaptent au volume de données. 

2. Restituer les résultats : suivi en ligne, open data, événement

La restitution des résultats reste le moment fort de votre démarche de participation mais il ne faut pas pour autant négliger l’après tant pour vos concitoyens que vos équipes internes. 

Comment restituer les résultats?

Comment garantir le suivi des réalisations la démarche?

Quel retour d’expérience ?

a. Ouvrir les données publiques de la concertation  

La publication des données de la consultation sur la plateforme d’open data de votre institution est une autre bonne pratique en matière de transparence comme de participation des citoyens.

b. Valoriser la démarche par un événement de restitution

Temps fort symétrique de votre réunion de lancement, l’événement de restitution permet d’associer les participants et la presse dans la présentation des propositions les plus importantes ou la description des ateliers que vous avez organisés durant la concertation.

c. Reporter l’avancement des réalisations 

Le reporting de l’avancement est l’action la plus puissante en termes de transparence rendue aux citoyens. Le meilleur exemple à ce jour est fourni par le plan d’action municipal de Barcelone où les habitants ont pu suivre la réalisation des actions issues de leurs 10 000 propositions citoyennes. 

Exemple d’indicateur de suivi d’un budget participatif

suivi Démarche de participation

d. Evaluer la démarche en interne

Enfin, après avoir eu le retour des participants, il est important de clore une concertation par une auto-évaluation interne de l’équipe projet. Demandez-vous comment vous avez vécu cette concertation, quelles ont été les principales satisfactions et les points les plus durs. 

Une consultation citoyenne en ligne présente toujours un côté expérimental. N’ayez pas peur de tenter de nouvelles choses pour continuer d’apprendre à chaque nouveau dispositif. Les citoyens sont tout à fait disposés à donner à leurs institutions un droit à l’erreur dès lors que le processus est transparent et réellement participatif. 

Vous souhaitez vous lancez ? Vous avez encore des questions ? Vous voudriez voir une démo de notre outil Decidim ? 

Conférence sur l’avenir de l’Europe : innovation technique et mobilisation humaine

Conférence sur l’avenir de l’Europe : innovation technique et mobilisation humaine

9 thématiques, 24 langues, 27 Etats-membres, UNE seule plateforme pour suivre et contribuer à la Conférence sur l’avenir de l’Europe.  Depuis son lancement en avril 2021, plus de 50 000 Européens ont utilisé une plateforme Decidim pour déposer et débattre leurs idées sur l’avenir de l’UE.  En parallèle, plus de 700 000 citoyens ont participé aux plus de 6 000 événements organisés et publiés sur la plateforme.

Le cadre inédit de la Conférence sur l’avenir de l’Europe

La Conférence sur l’avenir de l’Europe a consisté en une série de débats et discussions en ligne et en présentiel à propos des priorités des institutions européennes. Ces débats ont été structurés autour de neuf thèmes.

Le volet numérique : une innovation technique en appui à la Conférence

Après deux ans de réflexion au sein des institutions et un retard à cause de la pandémie, le volet numérique a permis un lancement officiel de la Conférence le 9 mai 2021, alors que les panels citoyens ont été mis en place au mois de septembre de la même année.  En effet, si la Conférence a réédité des dispositifs de délibération en présentiel [link panels] déjà expérimentés à plus petite échelle au niveau européen, elle est la première à avoir été dotée d’un volet de participation en ligne. Une plateforme multilingue a ainsi été déployée pour centraliser toutes les contributions des citoyens, publier progressivement les résultats de la Conférence et communiquer autour des étapes successives. 

Plus en détail, les citoyens ont pu participer dans la plateforme à travers plusieurs fonctionnalités liées les unes aux autres :  

  • Les idées : il s’agissait de la contribution de base ; les citoyens ont pu déposer leurs propositions dans chacun des espaces thématiques dédiés. Les idées partagées ont pu être approuvées par les autres utilisateurs (soutien).  
    • Plus de 18 000 idées ont été partagées, avec plus de 73 000 soutiens exprimés.  Les trois thématiques les plus populaires ont été “Changement climatique et environnement” (+3 700), “Démocratie européenne » (+2 500) et “Une économie plus forte, justice sociale et emploi” (+2 100), suivies de près par “Éducation, culture, jeunesse et sport” (+2 000). 
    • 240 idées ont reçu plus de 50 soutiens chacune, parmi lesquelles 110 idées qui en ont plus de 100.
  • Les commentaires : cette fonctionnalité a assuré la dimension de débat, les utilisateurs ont pu avoir des discussions sur une idée en question avec des fils de commentaires. Les utilisateurs pouvaient ajouter une étiquette “pour” ou “contre” à leur commentaire pour que leur position face à l’idée soit évidente. Chaque commentaire pouvait lui-même être évalué par les autres.  
  • Les événements, qui permettaient aux utilisateurs de communiquer sur leurs rencontres organisées dans le cadre de la Conférence. À l’issue d’un événement, l’organisateur pouvait publier un rapport avec les conclusions et, s’il le souhaitait, il pouvait le relier à des idées existantes élaborées ou discutées lors de l’événement.
    • Des plus de 6 600 événements enregistrés, plus de 570 ont eu lieu en France.  De plus, à peu près 90 événements officiels ont été organisés par les États-membres et identifiés en tant que tels sur la plateforme.  

Le contenu des contributions sur la plateforme a été analysé à plusieurs étapes (août, septembre et novembre 2021) avec un rapport final établi sur la base des contributions déposées avant le 20 février 2022.

En parallèle, les 800 citoyens européens tirés au sort distribués en 4 panels thématiques et les 9 groupes de travail de la Plénière de la Conférence ont pu aussi organiser leur travail grâce à des espaces privés sur la plateforme. Si l’usage de ces espaces privés est le plus souvent resté limité au partage de contenus et à des questionnaires d’évaluation, les deux instances ont basé une partie de leurs discussions sur la restitution des contributions en ligne.

Ainsi, la plateforme a insufflé un double boost démocratique à la démarche. D’une part, les neuf espaces publics de contribution (un par thématique) ont permis d’élargir le public de la Conférence au-delà des groupes de citoyens tirés au sort et des membres de la Plénière. D’autre part, en termes de publicité et transparence, non seulement les contributions ont été publiques, mais la plateforme a permis de publier tous les documents produits pour et par les reste des instances du dispositif (ordres du jour, conclusions, rapports, streamings, etc).

Notre rôle dans la conception et l’animation de la plateforme numérique de la Conférence sur l’avenir de l’Europe

Decidim : un choix éthique et technique

Parmi les logiciels existants, les institutions européennes ont choisi le logiciel libre Decidim et ont fait appel à l’équipe d’Open Source Politics pour la gestion de la plateforme au quotidien. Si le choix du logiciel peut s’expliquer par la priorisation des solutions open source défendue par l’Union européenne depuis longtemps, l’expérience d’OSP a permis d’optimiser l’usage de la plateforme pour informer et impliquer les utilisateurs.

Decidim a tout d’abord été raccordé au système applicatif des institutions européennes, entraînant plusieurs adaptations substantielles : le choix des langues en écran d’accueil, la connexion uniquement possible via un compte EU Login – une barrière qui a préservé la plateforme des comptes spam – et des en-tête et pied-de-page cohérents avec les autres plateformes institutionnelles.  Une fois ces contraintes prises en compte, l’objectif était que les fonctionnalités de contribution restent les plus accessibles possibles, malgré la multiplication des thèmes et des informations disponibles sur la plateforme.  La traduction automatique a joué un rôle majeur dans la création de cet espace démocratique inédit : dans le but de montrer la diversité européenne, le choix a été fait de rendre visible les contributions dans leur langue d’origine par défaut, et de permettre aux utilisateurs d’afficher les versions traduites. Le système de traduction automatique, basé sur une technologie interne développée par les institutions européennes, a été perfectionné à plusieurs reprises jusqu’à arriver à un modèle intelligent détectant automatiquement la langue de chaque contribution pour en afficher la traduction immédiatement. 

Au delà de cet outil de traduction (E-translate), nous trouvons également la preuve de cette adaptabilité dans l’interopérabilité de la plateforme avec le portail d’identification (EU Login), mais aussi des outils d’analyse statistique développés par le Centre de recherche de la Commission à partir de l’API de Decidim et de la compatibilité avec les plateformes de streaming vidéo internes (EBS, Parlement UE, SCIC).

Grâce à la modularité de la plateforme de base et à l’ouverture du code source, la plateforme a pu être améliorée sur une base mensuelle selon les besoins du client et les retours de toute la communauté. Bien entendu, tous ces développements respectent le contrat social de Decidim et ceux qui ont été approuvés par la communauté Decidim sont intégrés dans le code ouvert de la version de référence (master) du logiciel. L’investissement financier des institutions publiques européennes est ainsi reversé au bien commun.

Une mobilisation au quotidien de nos équipes techniques et conseil

Si les développements ont été réalisés par les institutions et leurs prestataires, les équipes produit et conseil d’OSP ont animé les ateliers de réflexion et de décision sur l’évolution de la plateforme et joué un rôle de coordination au quotidien entre le personnel des trois institutions rassemblé dans le Secrétariat commun de la Conférence et les différents prestataires (techniques et facilitateurs des panels citoyens). En ce sens, notre équipe a démontré sa capacité à s’intégrer dans la vaste constellation d’acteurs autour du projet, en harmonisant et matérialisant leurs objectifs. De même, nous avons été l’intermédiaire nécessaire entre les équipes techniques de la Commission européenne et du Parlement européen et la communauté  Meta Decidim. Nous avons ainsi mis à profit notre expertise sur la démocratie participative numérique, l’architecture de Decidim et l’engagement citoyen au sens large. 

Une mention spéciale revient à l’équipe de modération d’OSP, soit sept personnes qui ont successivement composé des équipes de 3 à 4 membres à temps plein sur ce projet. Depuis le lancement, ils et elles ont assuré l’évaluation de toutes les contributions, le contact avec les utilisateurs et la résolution de leurs demandes, la préparation de statistiques hebdomadaires et l’intégration du contenu sur la plateforme multilingue à la demande du client.  

Notre bilan

Plus de 50 000 participants et 40 000 contributions. La donnée est importante car elle est sans précédent au niveau européen. Nous avons beaucoup appris au cours de ces deux années et au contact de plusieurs centaines d’interlocuteurs engagés dans la Conférence sur l’avenir de l’Europe. Si la participation sur la plateforme n’a pas été massive lorsqu’on la rapporte au total de la population européenne, elle a été globalement de qualité. Nous comprenons mieux les améliorations techniques qui restent nécessaires au sein de la communauté pour fluidifier les parcours et améliorer les performances globales de Decidim. Nous avons hâte de renouveler le défi de ces missions à grande échelle. 

Webinaire : Comment accélérer la transition écologique via la démocratie participative ?

Webinaire : Comment accélérer la transition écologique via la démocratie participative ?

Nous sommes collectivement très loin de répondre à l’urgence climatique. Le dernier rapport du GIEC, publié début avril, indique que pour conserver un environnement vivable, les émissions mondiales de gaz à effet de serre doivent atteindre leur pic avant 2025 et être réduites de 43 % d’ici 2030. Des choix rapides s’imposent, mais les décisions prises doivent se décliner localement et être délibérées avec la population. Nous avons la conviction que la participation citoyenne est l’une des clés de l’action.

Alors comment mobiliser le plus grand nombre dans des démarches participatives pour la transition écologique ? Comment développer en parallèle la culture de la participation et la mobilisation sur les priorités climatiques dans les administrations, les entreprises et au sein de la population ? Comment passer des revendications à la co-construction de politiques publiques ? Quels sont les freins à ces démarches que l’on ne perçoit pas correctement de l’extérieur ? Nous réunissons plusieurs regards expérimentés pour approfondir ces questions et partager des solutions :

  • Marine Braud, Conseillère en transition écologique et nouvelles formes de démocratie participative, ex-conseillère spéciale de Barbara Pompili en charge de la Convention citoyenne pour le climat ;
  • Ziad Farhat, Directeur de projets Énergie climat chez Auxilia Conseil ;
  • Alice Mazeaud, Maître de conférences en science politique à l’Université de La Rochelle, Co-directrice de l’Institut des Métiers de la Justice et de l’Administration ;
  • Annaelle Schaller, Adjointe au maire de Tours à la Démocratie permanente, à la Citoyenneté, à la Vie associative, au Conseil Municipal des Jeunes et aux Elections.

Le débat est animé par Valentin Chaput, co-fondateur et directeur conseil d’Open Source Politics.