Lancement de la phase de vote du Budget Participatif de la ville de Nanterre

Lancement de la phase de vote du Budget Participatif de la ville de Nanterre

Depuis le 07/11/2018 les Nanterien·ne·s sont invité·e·s à penser collectivement les futurs aménagements de Nanterre et de ses quartiers grâce au budget participatif de la ville sur participez.nanterre.fr.

Ayant à coeur d’inclure toujours plus ses citoyen·ne·s dans son processus décisionnel, la ville de Nanterre alloue pour la deuxième année consécutive un budget de 500.000 euros pour réaliser les projets citoyens proposés lors du budget participatif 2019. Open Source Politics accompagne la mise en oeuvre du budget participatif avec la plateforme de participation citoyenne numérique Decidim.

La consultation a débuté le 07/11/2019 par un appel à projets citoyens. Après une analyse de la faisabilité des projets, les citoyen·e·s ont pu découvrir le 29/05/2019 la liste des projets éligibles. A partir du 17/06, les Nanterien·ne·s seront ensuite invité·e·s à voter pour leurs projets préférés dans leur quartier et pour leur ville jusqu’au 26/06/2019. Les projets ayant recueillis le plus de voix seront désignés lauréats et réalisés à partir du 01/09/2019.

Pour la ville de Nanterre comme pour Open Source Politics, il est essentiel que le processus soit ouvert et transparent, afin que les citoyen·ne·s puissent comprendre la manière dont fonctionne la plateforme, et la façon dont les décisions sont prises. C’est la raison pour laquelle cette consultation se déroule sur Decidim, une plateforme open source conçue selon les règles du logiciel libre et de la protection des données personnelles. Son code est accessible et auditable par tous, apportant ainsi toutes les garanties de neutralité et sécurité nécessaires à toute démarche de démocratie participative.

Comment participer ?

Rendez-vous sur https://participez.nanterre.fr,  inscrivez-vous et déposez vos propositions !

A propos d’Open Source Politics :

Depuis 2017, Open Source Politics est le distributeur français officiel de Decidim, la plateforme open source créée pour la mairie de Barcelone. Decidim est déjà déployée dans plus d’une centaine d’organisations dans le monde et OSP accompagne à la fois sur le volet numérique et méthodologique une cinquantaine d’organisations de toute taille.

Contact presse : valentin@opensourcepolitics.eu

 

La métropole européenne de Lille : construire une politique publique de participation

La métropole européenne de Lille : construire une politique publique de participation

Cas d’usage – La métropole européenne de Lille : construire une politique publique de participation

Open Source Politics accompagne la Métropole Européenne de Lille depuis un an dans le développement de sa politique de participation. C’était donc l’occasion d’échanger avec Delphine Eslan, du service Concertation et Citoyenneté de la MEL, afin de revenir sur le travail effectué depuis le lancement du service en 2014.

Lorsque vous avez choisi Open Source Politics pour vous accompagner dans la réalisation de vos démarches participatives numériques comme physiques, la Métropole Européenne de Lille avait déjà une certaine tradition de participation citoyenne. Pourriez-vous nous retracer cette histoire ? Quand la MEL a-t-elle pris le parti d’impulser cette manière de construire ses politiques publiques ?

Delphine Eslan : Avant 2014 et les élections métropolitaines, la dimension transversale de la participation n’était pas particulièrement exploitée puisque les deux dispositifs en place (concertations réglementaires et Conseil de développement) n’avaient pas l’ambition de se nourrir mutuellement.

Le changement d’exécutif et l’arrivée de Damien Chastelain à la présidence a impulsé de profondes transformations dans la vision et le traitement de la participation citoyenne à l’échelle métropolitaine. La Mission Concertation et Citoyenneté est créée à cette occasion mais sa feuille de route n’est pas définie.

Il a donc fallu que nous construisions nous-mêmes, en accord avec les élus bien sûr, notre propre feuille de route. Nous avons décidé de soumettre l’élaboration de la politique de participation aux habitants du territoire. Les élus se sont beaucoup impliqués dans cette “Fabrique citoyenne”, qui a donné naissance à une Charte de la participation citoyenne. Cette Charte nous donne encore les orientations de la Métropole sur le sujet, les méthodologies à suivre et un plan d’actions précis. Finalisée fin 2016, cette Charte a été votée en Conseil métropolitain dans la foulée, le 2 décembre.

Nous n’avions pas Decidim à l’époque, nous avons donc dû à partir de décembre 2015 adapter le back-office du site internet de l’époque. La concertation qui a donné la Charte a également permis de soulever cette nécessité : la Métropole devait se doter d’un outil numérique dédié. Mi-2016, un appel d’offres en ce sens était donc lancé à toutes les entreprises civic tech. Début 2018, nous avons adopté après un premier essai Decidim, le logiciel libre proposé par Open Source Politics.

Rentrons maintenant plus dans la pratique de la participation à la MEL. Une métropole a une position souvent compliquée à gérer au sein de l’organisation politico-administrative française. Le déficit de reconnaissance souvent constaté rend parfois difficile la participation citoyenne. Comment déterminez-vous les thèmes qu’il est pertinent de soumettre à la concertation ?

Nous sommes une direction qui a vocation à venir en support des directions techniques. Nous sommes centrés sur les compétences de la MEL, ce qui nous permet de nous insérer facilement dans l’organisation politico-administrative française puisque ce sont les services qui viennent à nous avec une volonté d’intégrer la participation dans la construction de leur politique publique. Nous avons donc peu de conflit de compétences.

La plateforme Decidim de la MEL est un outil parmi de nombreux autres, mais les services rentrent souvent dans la participation par cet outil ; à nous de leur montrer comment prendre en compte les différentes modalités participatives. La pertinence d’un thème pour la participation dépend souvent du dispositif participatif mis en place.

Si l’on prend l’exemple précis de la concertation sur la marche, pourriez-vous nous décrire la manière dont vous avez construit cette démarche ?

La concertation sur la marche est un bon exemple de concertation vertueuse : elle a été bien anticipée puisque le Plan marche doit être finalisé en 2020. Nous avons élaboré un processus développé qui permet de travailler sur les cibles de la concertation et l’écosystème à mobiliser. Il faut ajouter à cela le temps de mettre en forme la démarche que l’on veut proposer aux citoyen.nes : nous avons souhaité utiliser le numérique pour établir le diagnostic et y adjoindre des dispositifs en présentiel.

Une randonnée urbaine exploratoire s’est avérée très utile pour confirmer le diagnostic. Notre plateforme Decidim nous a également permis de tirer au sort des propositions que nous avons évaluées lors de la Fab’MEL, en invitant les porteurs de projet à venir faire un pitch de leurs propositions avant que les participant.es présent.es ne les améliorent grâce à un atelier sous un format de Forum ouvert.

Cette démarche est donc à mon sens le résultat d’une belle hybridation très bien gérée par Decidim : il est possible de gérer conjointement le numérique et les autres modes de participation. Nous voulions démentir le solutionnisme technologique parfois présent aujourd’hui, tant chez les élus que les fonctionnaires.

La Randonnée urbaine exploratoire, alliance entre les formes numérique et physique de participation

Comment avez-vous assuré l’impact des contributions citoyennes ?

À l’issue de la concertation sur la marche, le service concerné a rédigé un rapport d’analyse établissant de grandes tendances de profils de marcheurs dans la Métropole. Il est compliqué de définir en amont de la démarche ce qui en sortira. Le bilan d’une démarche de construction d’une politique publique est souvent sous la forme d’une analyse technique et financière qu’il est difficile de sortir des services.

Lorsque la démarche inclut de la participation, il est encore plus nécessaire d’effectuer un retour aux participant.es sur l’impact de leur contribution, par un événement de restitution et sur la plateforme Decidim. C’est pour cela que nous nous efforçons, au-delà de la concertation sur la marche, de standardiser le format de sortie. Un cadre type de bilan de consultation a notamment été réalisé à l’issue d’une autre démarche de concertation (sur la mobilité), qui illustre bien cette nécessité.

Indiquer dès le lancement de la démarche l’impact qu’auront les contributions augmente la confiance des citoyens dans le processus

Les services ont-ils été formés ? Si oui, comment ?

Nous avons organisé plusieurs formations facultatives d’une journée portant sur la Charte. Trois jours de formation supplémentaires, axés spécifiquement sur la méthodologie de projets, ont ensuite été effectués avec un cabinet de conseil en concertation.

Maintenant, certains services font des cahiers des charges pour des AMO sans nous ; ils se sont autonomisés et c’est tant mieux ! Nous n’avons pas le temps de tout faire. Par contre, étant donné que nous avons l’expertise de la plateforme Decidim et que nous gérons son administration, toute volonté de l’utiliser nécessite notre implication dans la démarche participative

Quels sont les prochains chantiers que vous aimeriez traiter d’ici aux élections municipales ?

La Charte prévoit de faire le bilan de notre action. En parallèle des démarches de concertation qui doivent être accompagnées d’ici là, c’est ce bilan qui nous attend. Avec le recul, nous trouvons que la Charte est très technique et assez peu accessible au grand public. Elle pourrait pourtant être un contrat moral entre la MEL et les citoyens, mais elle n’est pas rédigée comme telle. Elle sert uniquement en interne ; c’est un bon début, mais il faudrait maintenant pouvoir se projeter.

Nous aimerions enfin travailler sur des indicateurs d’évaluation des démarches de concertation que nous mettons en place. Nous avons par exemple dans les tiroirs l’idée de mettre en place un “label citoyen” qui apparaîtrait dans les documents officiels pour distinguer les plus-values qui viennent des concertations. Beaucoup de projets donc, et beaucoup d’enthousiasme pour les faire avancer !

Comment mettre organiser un budget participatif : le cas d’Angers

Comment mettre organiser un budget participatif : le cas d’Angers



Cas d’usageLe premier budget participatif de la ville d’Angers

Le premier budget participatif de la ville d’Angers s’est terminé début novembre. C’est l’occasion de revenir sur cette expérience et d’établir les bonnes pratiques pour faire de cet incontournable de la concertation un succès.

Conception d’un BP, mobilisation des citoyen·nes, rôle des services, faisons un tour d’horizon des bonnes pratiques pour construire ensemble la ville !

Angers est rentrée dans un club de moins en moins fermé : 90 villes françaises ont conduit un budget participatif en 2018, contre seulement 25 deux ans plus tôt. En plus de se doter d’un outil numérique pour piloter sa démarche, la ville a donc pu tirer profit des expériences menées ailleurs. Ces enseignements ont directement bénéficié à l’équipe municipale, et le succès est au rendez-vous : les chiffres ci-dessous placent Angers dans la fourchette haute des premières éditions d’un budget participatif municipal.

Retrouvez ici l’article du Monde détaillant le contexte français du BP.

Les 7 phases successives de ce premier BP angevin s’étendent sur toute l’année 2018 (si l’on ne compte pas la réalisation des propositions lauréates). Comme vous l’imaginez, elles permettent aux habitant·es de proposer des projets puis de choisir ceux qui seront réalisés par la ville l’année suivante.

Page d’accueil de la plateforme ecrivons.angers.fr

Réussir un budget participatif en 7 phases

Le découpage précis d’un BP en sept étapes sécurise toutes les parties prenantes, tant les citoyen·nes que les services de la ville ou le pouvoir politique.

Phase 1. Conception : comment garantir l’impact de la participation ?

Une fois la volonté politique établie — c’est la première base indispensable — nous avons pu démarrer la conception de la démarche elle-même. L’avantage d’un budget participatif est incontestable pour les citoyens qui, en participant, décident de l’utilisation d’une partie du budget de leur ville. Ils ont la garantie que leur expression se transforme en impact. Compréhensibles et séquencées, les étapes construisent un parcours citoyen amplifié par le numérique qui favorise la participation par sa clarté.

Le parcours citoyen de Decidim : des fonctionnalités intégrées dans une démarche par étapes

À Angers comme ailleurs, la définition des critères de recevabilité des propositions et l’assemblage d’une équipe projet efficace sont les deux points nécessitant d’être spécifiés et clarifiés en amont du lancement du dispositif. C’est à l’aune de ces critères que la mairie va devoir retenir ou non les propositions des habitant·es et les transformer en projets soumis au vote.

Dans les conseils que nous apportons aux institutions avec lesquelles nous travaillons, nous veillons à ce que ces critères soient objectifs et faciles à analyser afin d’empêcher l’irruption de biais arbitraires ou subjectifs. La ville d’Angers a arrêté le règlement de ce budget participatif avant l’ouverture de la plateforme. On élimine ainsi un risque d’incompréhension, voire de frustration, vis-à-vis du processus et on augmente mécaniquement la confiance des habitant·es dans l’exercice.

Coordonner le bon déroulement d’un budget participatif nécessite uneimplication importante de l’administration. Il a donc fallu dès le départ rassembler une équipe projet. Au centre de toutes les démarches de concertation, la Mission participation citoyenne agrège les différentes compétences et responsabilités. Notre équipe l’a formée et accompagnée au fil des semaines pour une utilisation optimale de Decidim.

Phase 2. Proposition : comment encourager les contributions ?

Entre début février et mi-avril, la phase durant laquelle les habitant·es pouvaient proposer directement leurs idées pour le budget participatif avait pour ambition d’ouvrir différents canaux d’expression pour les Angevin·es. C’est l’hybridation entre la participation présentielle et la participation numérique qui a ainsi été particulièrement mise en avant lors de cette étape. Si les propositions ont été majoritairement déposées directement en ligne par les porteurs, six rencontres ont été organiséesau mois de mars, en couvrant tous les quartiers de la ville, pour permettre d’attirer des publics différents en diversifiant les modalités de contribution.

Exemple d’une proposition sur la plateforme Decidim d’Angers

La fonctionnalité de dépôt de proposition est l’une des plus abouties de la plateforme Decidim, avec son comparateur automatique de propositions similaires, et la possibilité pour l’utilisateur de renseigner une catégorie, un quartier, une adresse et une pièce jointe. Certaines propositions ont été réellement enrichies par de longs échanges de commentaires entre plusieurs habitants intéressés.

Phase 3. Évaluation : quelles propositions doit-on filtrer ?

Une fois la phase de dépôt de propositions achevée, l’étape d’évaluation incombe à la municipalité. En réalisant un export directement depuis la plateforme, elle consiste à vérifier que les propositions respectent les critères de recevabilité définis et indiqués au public dès le lancement du budget participatif. La mairie d’Angers, par l’intermédiaire de sa Mission Participation citoyenne, a beaucoup travaillé sur les exigences de transparence pendant le déroulement du budget participatif. Ainsi, dans le cadre de l’étape d’évaluation, chaque utilisateur·trice ayant déposé une proposition a reçu une réponse publique directement sur la page de sa proposition.

Capture d’écran de la plateforme ecrivons.angers.fr

Phase 4. Faisabilité : dans quelle mesure doit-on anticiper la réalisation des projets ?

Après le premier filtre des critères, la Mission participation citoyenne a réparti et transféré à la fin du printemps les propositions recevables aux services compétents afin que ceux-ci évaluent leur faisabilité technique et réglementaire, ainsi que leur coût. Les porteur·es de projet, après avoir reçu de la Ville un message privé directement sur la plateforme, ont eu l’opportunité d’échanger et de rencontrer le service en charge de l’analyse de sa proposition lors d’un rendez-vous, ce qui a également beaucoup aidé à la transparence.

Réalisé sur les mois d’été dans le cas d’Angers, ce travail est intense pour l’administration, notamment lorsqu’il était nécessaire d’effectuer des allers-retours avec les porteur·es de projet afin de préciser et éventuellement fusionner certaines propositions. Cette charge de travail peut cependant être grandement atténuée par le développement de bonnes interactions avec les différents services qui étudient les propositions.

Phase 5. Liste des projets et Vote : comment maximiser la mobilisation citoyenne ?

À la rentrée, la liste finale des projets soumis aux votes est présentée aux habitant·es sur la plateforme Decidim et sur une brochure imprimée. Chaque projet contient une cotation budgétaire, une présentation détaillée, une illustration et, pour assurer la traçabilité de la démarche, un lien avec la ou les proposition(s) citoyenne(s) qui l’ont inspiré. Le vote intervient ensuite : lors de cette phase, Angers a continué à allier participation numérique et physique, en installant entre autres une Agora sur la place du Ralliement, la plus grande de la ville.

Votes physiques pour les projets du budget participatif

Vote en ligne sur ecrivons.angers.fr

La Mission participation citoyenne a également été plus largement présente physiquement dans tous les quartiers de la ville pour permettre à tou·tes de voter pendant 18 jours (trois weekends), avec pour chaque habitant·e le choix des cinq projets qui lui paraissent les plus pertinents pour l’avenir de la ville. Les propositions sont localisées sur une carte de la ville et il est possible de les filtrer par catégorie et par quartier.

Ces temps-forts ont permis aux porteur·es de présenter leurs projets et aux participant·es de voter par bulletin papier ou en ligne sur la plateforme Decidim avec des tablettes ; le contact direct est une clé essentielle pour mobiliser le maximum d’habitant·es.

L’Agora du budget participatif sur la place du Ralliement

 

Phase 6. Validation : comment doit-on mettre en valeur l‘accord politique ?

Dès la phase de vote terminée commence l’étape de décompte des résultats. Durant cette phase, la Mission participation citoyenne opère le dépouillement des bulletins papier, en présence d’élus de la majorité et de l’opposition. Les votes papier et en ligne sont compilés pour obtenir et présenter la liste finale des projets lauréats par le maire lors d’un événement public et accessible sur la plateforme.

Comme dans de nombreux autres démarches équivalentes, les votes papier sont plus nombreux que les votes en ligne.

Dans le règlement du budget participatif, la mairie s’est engagée à intégrer les projets lauréats du vote 2018 et leurs montants dans la section d’investissement du budget primitif 2019 qui sera proposée au vote du Conseil Municipal en mars 2019.

Phase 7. Réalisation : comment permettre la transformation collaborative de la ville ?

La dernière étape — la plus longue — constitue l’aboutissement de cette année de participation des Angevin·es à l’écriture du futur de leur ville. La réalisation des projets doit advenir dans les deux ans et les porteurs des projets lauréats seront associés à cette dernière étape. La fonctionnalité de “Suivi” sera activée sur Decidim pour documenter à intervalles réguliers la réalisation des projets lauréats.

La mutualisation

Nous sommes fiers et heureux d’avoir accompagné la mairie d’Angers sur cette première démarche de budget participatif intense et concluante. Nous transmettons déjà les bonnes pratiques mises en place dans le cadre du budget participatif de la mairie d’Angers à d’autres institutions. Après le département du Loiret et la ville de Romainville (93), ce sont Nanterre (92) et Saint-Jean de Braye (45) qui se lancent fin 2018 dans leur premier budget participatif sur Decidim.

Open Source Politics travaille en effet avec Decidim, un véritable bien commun numérique, qui possède dans son ADN la gouvernance partagée et la mise en commun des réussites. Nous construisons donc étape après étape avec notre Club des utilisateurs francophones de la plateforme une communauté de soutien au sein de laquelle chaque organisation membre peut bénéficier du savoir-faire des autres, permettant ainsi de se lancer en augmentant d’autant ses chances de réussite.

Les nouveautés de la version 0.12 de Decidim

Les nouveautés de la version 0.12 de Decidim

Les nouveautés de la version 0.12 de Decidim

Nous avons profité de l’été pour passer nos instances de Decidim en version 0.12. C’est l’occasion de vous présenter les principales améliorations de cette mise à jour importante, notamment sur le plan graphique. Les montées de version de Decidim s’enchaînent très rapidement avec l’objectif d’une v1 en novembre. Nous n’avons pas fait d’article dédié depuis la v0.9, mais vous pouvez retrouver (en anglais) le changelog détaillé des versions 0.10 et 0.11sur le blog officiel du projet.

Nommée “Ada Lovelace” en l’honneur de la première programmeuse de l’histoire, la version 0.12 introduit un nouveau design de certains composants essentiels de la plateforme. Initialement conçue comme une v1.0, cette mise à jour n’a pas été jugée assez stable par les développeurs. Le cycle d’itération continue donc, avec la perspective d’une version 1 plus complète lors de la prochaine Decidim JAM en novembre. La roadmap a d’ailleurs été mise à jour en mai dernier.

Trois innovations attendues sont arrivées avec la mise à jour 0.12 de Decidim : de nouvelles cartes de propositions et rencontres, l’intégration de véritables profils personnels des utilisateurs et une première mouture du moteur de recherche.

Les cartes de propositions et de rencontres

Elles ont ainsi été entièrement redessinées afin d’accroître à la fois leur lisibilité, leur accessibilité et leur attractivité.

Nouvelles cartes des propositions sur Decidim

Nouvelle carte d’une rencontre sur Decidim

Les profils personnels des utilisateurs

Ils ont également été revus pour accentuer le rôle de réseau social de la plateforme. Bien que les transformations les plus importantes sur ce point auront lieu lors de la prochaine mise à jour, la version 0.12 introduit déjà des modifications substantielles.

Les notifications sont désormais directement intégrées dans les profils utilisateurs

Moteur de recherche

La dernière fonctionnalité importante de cette nouvelle version est le premier prototype du moteur de recherche, qui couvrira à terme toute la plateforme, mais qui permet d’ores et déjà d’effectuer une recherche sur n’importe quelle proposition ou rencontre intégrée à Decidim.

Exemple de résultat de recherche

Vous souhaitez découvrir Decidim en action avant de lancer une consultation dans votre ville, votre entreprise ou votre association ?

Nous avons mis à jour notre instance de démonstration.

Contactez-nous pour accéder à son panel d’administration.

@OpenSourcePol

La participation citoyenne dans une société en réseaux

La participation citoyenne dans une société en réseaux

La participation citoyenne dans une société en réseaux

Cet article sur la participation citoyenne est la traduction de l’introduction du guide d’administration de Decidim, publié en mars 2010 à l’occasion de la sortie de la version 0.10 de la plateforme (téléchargeable ici).

Cette introduction présente un intérêt tout particulier puisqu’elle explicite la vision qu’ont les fondateurs et fondatrices de Decidim. Vous pourrez y trouver les ressources théoriques mobilisées pour construire le cadre de Decidim. Celles-ci inscrivent la plateforme comme héritière d’une longue tradition intellectuelle ; vous pourrez toutefois constater que Decidim renouvelle profondément cette tradition et la réactualise en considérant les nouveaux enjeux du XXIè siècle.

Photo by Marc Sendra martorell on Unsplash

Le devenir d’une société en réseaux

Les technologies de l’information et de la communication (ci-après TIC) et les pratiques qui leur sont associées sont en train de provoquer des transformations irréversibles dans le monde social et politique. De la petite association de résidents jusqu’aux campagnes électorales les plus intenses, d’une organisation ou d’un rassemblement de quartier à l’Union Européenne, les relations politiques sont de plus en plus déterminées par l’utilisation d’outils et de technologies numériques. Il semble que le futur de la participation démocratique et de l’action collective se fera à travers le développement de plateformes numériques et de processus hybrides, qui rénovent les pratiques traditionnelles et les combinent avec des pratiques numériques (Fuchs, 2007).

Cette transition coïncide avec le déclin des systèmes représentatifs ces dernières décennies (Norris, 1999 ; Pharr & Putnam, 2000 ; Tormey, 2015), qui a contribué à la remise en cause de la légitimité et du sens de la démocratie elle-même, réduite et souvent identifiée à ce système (Crouch, 2004 ; Keane, 2009 ; Streeck, 2016). Plusieurs auteurs ont utilisé le terme « post-démocratie » pour se référer à la diminution du pouvoir et du sens des institutions représentatives qui va de la mondialisation à la désaffection et à la désertion politiques des citoyens (Brito Vieira and Runciman, 2008 ; Keane, 2009 ; Rosanvallon, 2011 ; Tormey, 2015). Les différentes tentatives d’amélioration de la participation ne sont pas parvenues à renverser cette tendance (Keane, 2011 ; Tormey, 2015).

Photo by Avel Chuklanov on Unsplash

 

Cette crise politique de long terme s’est révélée après la crise économique et financière de 2008, et lui est directement liée. Ainsi, des millions de gens mobilisés contre cette crise n’ont pas simplement demandé une vraie démocratie, ils l’expérimentent et la construisent réellement. L’étape-clé de ce processus est le mouvement-réseau du 15M. C’est dans un contexte d’hypermédiation technologique que les TIC, utilisées dans les années 80 et 90 pour l’accélération des flux financiers et de la mondialisation (Castells, 1996), sont devenues des espaces et des outils cruciaux en faveur d’une réappropriation multipolaire de la politique ainsi que de l’expérimentation démocratique (Martinet Ros et al., 2015).

 

Après quatre ans de nombreux succès et échecs, de nouvelles initiatives politiques citoyennes ont réussi en mai 2015 à prendre le pouvoir dans les principales villes espagnoles, dont Barcelone. De fait, elles se plaçaient dans la continuité de pays comme l’Islande, où la crise économique a entraîné une période de réappropriation citoyenne des institutions et d’innovation démocratie fertile, basées sur une utilisation intensive et créative des TIC.

 

Depuis le 15M, la plupart des expérimentations visant à l’introduction de nouvelles formes de démocratie participative et délibérative (Barber, 1984 ; Habermas, 1994, 1996 ; Della Porta 2013) ont utilisé la technologie comme intermédiaire. Comme on peut le constater à partir du cas islandais (et d’autres, comme l’exemple finlandais), les processus de démocratisation tels que la mobilisation citoyenne et la prise de pouvoir demande une coordination techno-politique (Rodotà 1997 ; Martinet Ros et al., 2015) pour atteindre une profondeur et une diversité maximales. La technopolitique émerge de la politisation de technologies et du ré-assemblage technologique de la politique aussi bien que du co-développement et de la co-production des technologies.

 

La forme que revêtent ces délibérations et participations techno-politiques diffère ; les pratiques numériques et présentielles, les espaces et les processus se connectent et se nourrissent mutuellement sur plusieurs niveaux. Ces dispositifs participatifs visent à l’augmentation du nombre, de la variété et de la parité des individus qui prennent part au gouvernement commun de la ville, étendant et enrichissant du même coup les zones, formes et périodes dans lesquelles ils se produisent et aidant ainsi à l’amélioration de l’intelligence collective (Levy, 1997), capable de se confronter à la complexité de la vie urbaine contemporaine. La technopolitique doit pallier les nombreuses limites de ce qui a été appelé la « démocratie numérique » (Hindman, 2008) en commençant par se libérer elle-même des récits « techno-centrés » et « techno-optimistes » autour de la participation aidée par le numérique.

 

De nouveaux dispositifs participatifs sont en cours de construction dans un contexte plein d’opportunités quoique périlleux. Le programme de gouvernement de 2015 et le Plan d’Action Municipal (PAM) 2016–2019 établis pour la ville de Barcelone donnent la part belle à la participation et plus spécifiquement à l’innovation et au développement de nouveaux modèles de participation. Le PAM, dont la construction a rassemblé des milliers de personnes, correspond à une demande sociale équivoque appelant à une profonde remise en cause du système démocratique et des mécanismes de participation.

 

Cependant, cette dynamique survient dans un contexte défini par : a) l’exclusion sociale, politique et économique de larges parts de la population ; b) des difficultés d’accès à la participation de plus en plus importantes, résultant de la situation de crise économique ; c) la crise de légitimité et d’efficacité du régime de démocratie représentative et des autorités publiques ; d) l’immense dépendance technologique vis-à-vis d’infrastructures et de services privés ; e) un contexte politique et législatif d’opposition à la démocratie directe, à l’indépendance sociale et à la souveraineté territoriale ; f) un désavantage institutionnel abyssal quant à la compréhension des complexités sociales à l’aide de techniques d’analyse des données comportementales et de modèles que les grandes entreprises technologiques et les services numériques possèdent.

 

Contrôle des données et infrastructures numériques pour la démocratie et la participation citoyenne

 

Dans un contexte de nouvelles configurations du capitalisme informationnel (Castells, 1996), souvent appelé « capitalisme de la donnée » (Lohr, 2015 ; Morozov, 2015) ou « capitalisme de surveillance » (Zuboff, 2015), les nouvelles infrastructures numériques de la démocratie courent le risque de contribuer à des dynamiques contraires aux principes de vie privée et de souveraineté technologique.

 

Photo by Randy Colas on Unsplash

Les plateformes propriétaires, fermées et opaques tournées vers l’exploitation de l’activité sociale pour le profit agissent de manière non-démocratique et occupent de plus en plus la vie sociale. Ce modèle est particulièrement dangereux en regard des nouvelles infrastructures et dispositifs démocratiques que nous appelons de nos vœux.

Comparé au modèle d’infrastructure privé et propriétaire, le modèle des communs publics, duquel nous pensons que le développement de decidim.barcelona doit s’inspirer, est tourné vers le développement de plateformes dont le design, la propriété et l’organisation sont libres, ouverts, participatifs, partagés entre agents publics et citoyens (organisés ou non). Par ce modèle, le code de la plateforme mais également les données qu’elle génère sont gérés et mis à disposition de manière commune et publique. L’ouverture de tous les secteurs à la participation, l’instauration des communs comme principe politique (en opposition à la sphère privée et même à la sphère publique-étatique — Laval & Dardot, 2015) semble être une condition sine qua non afin que les dispositifs participatifs soient réellement fonctionnels.

La participation se doit ainsi d’être récurrente : elle doit aider à définir et établir les conditions structurelles de sa propre existence et peser sur le design, le développement et la gestion des plateformes participatives, des concertations et des résultats (c’est-à-dire les données) générées dans ce cadre.

Mis entre les mains de grandes entreprises de services numériques, l’organisation algorithmique de la vie sociale et du thème qui nous concerne, la participation politique, fait courir un risque à la démocratie et à la souveraineté technologique que seul un effort de production de communs publics dans le secteur des infrastructures numériques peut contrer. Seules des plateformes basées sur des logiciels libres, ouverts, transparents, sécurisés et communs offrent suffisamment de garanties dès lors que l’on souhaite construire des démocraties de meilleure qualité. La démocratie du futur doit donc être construite avec des infrastructures démocratiques.

Cette conclusion raisonne parfaitement avec la philosophie adoptée par Open Source Politics depuis sa création. L’utilisation des logiciels libres, dont nous avons fait le principe fondamental de notre activité, met en pratique notre volonté de développer des communs numériques au service de la démocratie. Nous avons longuement expliqué ce choix dans un article précédent, accessible ici.