Depuis 2021, l’Institut d’Études Politiques (IEP) de Fontainebleau et le Living lab AlgoPo organisent les Conventions Citoyennes Étudiantes (CCE) annuelles de l’Université Paris-Est Créteil (UPEC). Ce dispositif pionnier a été accompagné par Open Source Politics depuis le début et a fait l’objet d’une création de guide pratique, sorte de mode d’emploi de la CCE.
À l’occasion de notre série de webinaires 2023, nous vous présenterons le dispositif de convention étudiante ainsi que notre guide pratique de réalisation de CCE pour sa sortie officielle le mardi 28 février de 9 h à 10 h.
Suite à l’événement, toutes les personnes inscrites au webinaire, recevront dans leur boîte mail le guide pratique de réalisation de Convention Citoyenne Étudiante.
Un guide de convention étudiante pour comprendre ses enjeux pratiques, théoriques, et expérimentaux.
Le dispositif de la convention citoyenne étudiante est une magnifique opportunité pour les étudiant·es d’acquérir un éventail large de compétences, sur la thématique de la CCE d’abord, mais également d’intelligence collective, de participation à un débat, de plaidoyer, de dialogue politique et de réseautage. Il est important de ne pas les sous-estimer et d’intégrer à la CCE, en plus de l’objectif politique premier, un objectif pédagogique affirmé.
Des conseils méthodologiques concrets pour bien vous préparer
Ce guide a pour ambition d’aider les universités à intégrer des dispositifs de participation dans les structures décisionnelles de leur l’établissement. Il s’agit ici non seulement de décrire l’expérimentation qu’a représenté l’édition 2021 de la CCE de l’UPEC, mais également de dégager les améliorations éventuelles que pourraient prendre en compte les futures Conventions Citoyennes Étudiantes. Une attention particulière est portée sur les phases de préparation, de déroulement et de suivi de la convention. L’articulation de la participation en présentiel et de la participation en ligne permise par des plateformes numériques de participation sera également abordée tout au long de ce guide.
Emilie Frenkiel, enseignante-chercheuse, initiatrice de la Convention Citoyenne Étudiante et Fiorella Bourgeois, doctorante en sociologie, organisatrice de la CCE. Ce guide a vocation à être mis dans toutes les mains intéressées par l’organisation d’une CCE.
L’équipe d’Open Source Politics, plus particulièrement Chanez Delorme, Antoine Gaboriau, Lisa Giner, Lucie Grau et Bertille Mazari. Chez OSP nous estimons que les Conventions Citoyennes Étudiantes sont particulièrement utiles dans le cadre de la transition écologique des universités et de leurs environnement. Nous sommes donc ravis d’aider à faire advenir d’autres dispositifs de participation similaires.
Merci enfin aux équipes d’organisation des CCE. Elles contribuent par leur engagement à rendre ces expériences essentielles pour la transition écologique et le renouvellement de la prise de décision à l’université.
Le 24 janvier dernier, nous animions le premier webinaire de notre série 2023 dédiée aux membres du club utilisateurs de Decidim. Le premier thème choisi était… Dedicim ! Et plus précisément le produit Decidim en lui-même car 2023 sera une année de grands progrès pour notre logiciel préféré. Lors de cette première session du WebiClub, nous avons abordé la tant attendue refonte graphique du logiciel ainsi que les dernières fonctionnalités de Decidim, la decidim_app et sa feuille de route associée. Vous n’avez pas pu y assister ? On revient dans cet article sur les éléments importants que nous avions présentés.
Présentation des grands chantiers de l’année
Le nouveau visage de Decidim
L’association barcelonaise Decidim nous a informé des principales spécificités qui allaient être développées dans le cadre des versions 0.28 et 0.29 du logiciel. Ces deux nouvelles versions apportent une profonde refonte graphique de l’interface de Decidim.
Les apports de cette refonte graphique sont multiples avec :
une amélioration de l’accessibilité des plateformes ;
une meilleure expérience utilisateurs ;
une plus grande simplicité dans la prise en main de l’administration de la plateforme ;
un usage plus adapté aux mobiles.
Cette refonte va être envisagée en deux temps. La version 0.28 du logiciel sera centrée sur la refonte du front-office qui représente l’interface visible par les internautes. La version 0.29, qui sortira quelques mois plus tard, apportera des modifications sur la partie dite du back-office et qui représente l’espace d’administration de Decidim.
Pour le moment, voilà à quoi ressemblerait Decidim en version 0.28. Ce prototype est susceptible d’évoluer mais permet déjà de voir les nouveautés de l’interface, plus lisible et accessible. On note notamment l’apparition d’un fil d’Ariane pour permettre une meilleure navigation ou encore la mise en avant de concertation.
Au niveau des prochaines étapes de cette refonte, la version 0.28 devrait sortir en mai et la 0.29 devrait suivre en août. Ces deux versions seront ensuite testées et approuvées en interne par notre équipe produit et par notre équipe technique (afin de résoudre d’éventuels bugs). Les plateformes de nos clients basées sur la Decidim-app seront ensuite mises à jour en janvier 2024.
Du nouveau côté prévention et détection de spams
Ces dernières années, nous avons vu arriver sur nos plateformes beaucoup plus d’utilisateurs et d’utilisatrices mais aussi de nombreux comptes spam. L’association Decidim s’engage donc dans un projet qui essaiera de (partiellement) résoudre le défi des spams à travers différents mécanismes et améliorations.
Comme expliqué sur notre blog en juin dernier, les plateformes participatives des collectivités et institutions sont devenues des cibles de choix pour faire du spamdexing (ou référencement abusif). Trois raisons à cela :
Les noms de domaine utilisés ont une forte notoriété (ex : senat.fr, lyon.fr). Cela permet de remonter rapidement dans les résultats des moteurs de recherche ;
Ce sont des sites internet dynamiques qui perdurent dans le temps ;
Il est possible de s’y créer un compte et de publier des messages sans restrictions.
Il n’y a pas de recette magique permettant de résoudre l’ensemble de ces problèmes. mais la communauté a à cœur d’améliorer l’expérience générale de modération tout en réduisant dans le même temps la durée de vie des spams sur les plateformes. Nous avons développé pour cela l’année dernière une première version d’un module de détection de robot spammeur. Son modèle de détection binaire n’était qu’une première étape ! Avec l’aide de la communauté nous élaborons en ce moment même un détecteur basé sur l’analyse des contenus publiés par les robots spammeurs.
L’éditeur de texte évolue
Le 3e grand sujet sur lequel travaille la communauté Decidim, c’est la transition vers un nouvel éditeur de texte. On passera de QuillJS qui commence à se faire vieux pour TipTap. Ce nouvel éditeur open source est activement maintenu par une communauté hyper dynamique (comprenant des acteurs institutionnels internationaux). Ce changement est d’une grande importance pour les personnes qui administrent les plateformes Decidim. Elles disposeront à l’avenir d’une plus grande capacité d’édition.
Du côté de la feuille de route ouverte
Présentée lors de notre rencontre annuelle du Club utilisateurs en septembre 2022, la feuille de route est un espace de co-construction de notre version du logiciel Decidim, appelée decidim-app. Via cet espace, nos client·es peuvent s’exprimer et partager leurs besoins en matière d’amélioration du logiciel mais aussi contribuer aux décisions. Le tout en collaborant activement durant les phases de conception et de développement des nouvelles fonctionnalités.
L’ensemble des besoins exprimés sont étudiés par nos équipes et nous les transformons ensuite en projet. Vous pouvez avoir un aperçu de l’ensemble des projets proposés sur la page de cofinancement du Club.
Notre objectif est d’intégrer les institutions partenaires et les autres membres de la communauté à chaque étape du processus du développement de fonctionnalités. Pour chaque chantier envisagé, vous retrouvez les différents développements en cours de réalisation. On vous invite à lire notre article dédié au sujet pour en savoir plus !
Pour ne rien rater des évolutions à venir et en savoir plus sur la refonte graphique ou notre feuille de route, inscrivez-vous à nos webinaires ou encore à notre lettre d’information mensuelle 😉
Depuis le début d’Open Source Politics (OSP) ses membres sont sensibles à, et se nourrissent de la recherche en sciences sociales. Leurs volontés d’approfondir cet ancrage se sont rapidement matérialisée par le recrutement d’Antoine Gaboriau, premier salarié de l’entreprise (après les fondateurs) et doctorant en Études politiques à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS). D’autres personnes l’ont rejointes par la suite, issues de parcours recherche de l’EHESS et de l’École normale supérieure (ENS) notamment.
Aujourd’hui, Antoine quitte l’entreprise. Il part se consacrer à l’achèvement de sa thèse sur les conséquences de l’implémentation d’outils numériques de participation sur le système politico-administratif local. Nous profitons de cette occasion pour lui donner les rênes du blog afin qu’il revienne sur son parcours chez nous. Ce sera notamment l’occasion de préciser l’intérêt pour une entreprise d’employer des chercheur·e·s en sciences sociales et de faire le bilan qu’il en tire.
Bonne lecture 😉
La Cifre, une modalité d’accession à la recherche pour les petites entreprises
J’ai été recruté en 2018 sous une modalité de financement de la recherche (de moins en moins) particulière : la Convention Industrielle de Formation par la REcherche (ou CIFRE). Cette convention partenariale rassemble un laboratoire (dans mon cas, le CESPRA), une école doctorale (l’EHESS), et une entreprise (y a-t-il besoin de donner son nom ?) autour d’un projet de recherche. Elle est subventionnée au maximum à hauteur de 40% du salaire du ou de la doctorant·e et prévoit une convention spécifique de financement du laboratoire par l’entreprise (financement qui demeure facultatif).
Si, dans de nombreux cas, la modalité Cifre de financement d’un doctorat est mal vécue par l’une ou l’autre des parties, cela s’est bien passé entre OSP et moi pour plusieurs raisons qu’il me paraît important de préciser :
OSP est intéressée par les travaux de recherche que je réalise dans le cadre de mon doctorat ;
Elle me laisse toute latitude pour travailler et effectue un contrôle très réduit sur ce que j’ai réalisé côté thèse dans le cadre de la Cifre. OSP fait le pari que d’une manière ou d’une autre, mes recherches lui seront profitables (par exemple en termes de contenu de formation, d’image, d’apport à la structure de l’organisation, de diffusion de Decidim et son modèle dans le monde académique et politique…) ;
Les conditions de travail négociées au démarrage de la Cifre sont respectées, et le rythme est adapté en bonne intelligence en fonction des besoins de mes recherches. Dans le cadre d’un travail de recherche de longue haleine comme une thèse, maintenir cette bonne intelligence avec la structure d’accueil demande de la souplesse (souvent) et de l’anticipation (toujours), ce que nous avons bien réussi à mes yeux.
A posteriori, j’insiste sur le fait que le succès de notre expérience est extrêmement contextuel. La situation économique du secteur dans lequel OSP évolue étant relativement bonne, mes missions ont pu évoluer vers plus de recherche appliquée. Les facilités de communication à l’intérieur de la structure ne sont pas identiques partout, et le risque d’un regard critique négatif porté sur la structure dans le travail final de thèse n’inquiète pas OSP. Mes remarques ne sont donc évidemment pas applicables telles quelles à toutes les Cifres, en cours ou en préparation – ne serait-ce qu’à cause des différences salariales (voir le graphique ci-dessous). C’est d’ailleurs ce à quoi l’enquête sur les contrats Cifre en Sciences Humaines et Sociales (SHS), que j’ai co-réalisée avec plusieurs autres (ex)doctorant·es Cifre, aboutit également – n’hésitez pas à y jeter un coup d’œil !
Graphique reprenant l’auto-évaluation des répondant·es à l’enquête citée ci-dessus de leur situation financière pendant la Cifre (en abscisse l’effectif des répondant·es, en ordonnées l’évaluation de la situation financière)
L’intérêt de la recherche pour les métiers d’OSP
L’intérêt d’intégrer des chercheur·es en sciences sociales à la structure vaut pour tous les métiers présents chez OSP (consultant·e, data analyste, développeur·euse, etc.), avec plus ou moins de pertinence sans doute selon les activités. Revenons en détail sur quelques points pour lesquels la présence d’un chercheur en sciences sociales a pu être bénéfique.
Dans le cadre du travail avec l’équipe Conseil, il s’agissait pour moi de tirer des leçons des travaux de sociologie, de science politique et d’économie sur le monde du consulting et de promouvoirchez OSP une vision spécifique du conseil. Nous avons donc à cœur, au maximum, de ne pas faire à la place des agent·e·s du service public, mais plutôt de leur donner de l’autonomie sur le plus de sujets possibles.
Côté conseil
Toujours dans le cadre de l’activité de conseil d’OSP, la nécessité ciblée très tôt par plusieurs de ses membres de réussir à convaincre au niveau stratégique pour développer les instances de participation a été nourrie par mon travail de thèse mobilisant la sociologie des organisations. La compréhension des réseaux d’acteurs dans les administrations locales et de leur évolution ainsi que la capacité à mettre en œuvre des méthodes d’enquête issues de la sociologie a permis à OSP de réaliser des prestations de conseil plus stratégiques (bien que relativement limitées encore aujourd’hui), à Colombes par exemple.
Côté technique
Dans le cadre de son activité technique, il me semble que l’un des rôles intéressants que les sciences sociales ont apporté à OSP réside dans la mise à distance et la critique de la quantification de la participation. Nous avons, comme tous les acteurs de la civic tech, mis en place des outils de data analyse de la participation qui a lieu sur nos plateformes. J’ai pris part à une réflexion de plusieurs mois en amont de leur mise en place afin de réfléchir au bien-fondé de cette quantification et à la meilleure manière de la mettre en place, en tenant compte notamment des problèmes que peut poser le suivi quantitatif au sein des institutions publiques.
Côté analyses de données
Enfin, l’influence du travail du sociologue Jérôme Denis (entre autres), a encouragé OSP à considérer les données textuelles recueillies par les plateformes dans toute leur richesse. Celles-ci sont porteuses de multiples informations – pas seulement la signification, l’idée fournie par le·a contributeur·trice – qu’il convient d’appréhender correctement. À la suite de la diffusion de cette conception de la donnée chez OSP, nous avons notamment commencé à appliquer des méthodes d’analyse de discours aux contributions numériques en partenariat avec le LASTIG, un laboratoire de l’IGN (Institut national de l’information géographique et forestière). Cela a donné lieu à l’accueil d’un alternant co-dirigé par le LASTIG et OSP ; ce travail sera par ailleurs valorisé dans une publication académique (on vous en reparlera).
L’entreprise, un terrain stimulant pour la recherche
Ce point est le dernier d’intérêt, à mon sens, pour le croisement entre la recherche en sciences sociales et une entreprise privée. Un·e chercheur·e peut en effet constituer un pont entre le monde privé et le monde académique, et peut trouver dans les activités de l’entreprise des terrains stimulants pour la réflexion académique. Cela a par exemple été le cas pour l’analyse du discours appliquée aux contributions citoyennes, ou pour l’analyse réflexive de la prestation de conseil fournie par OSP pour la Conférence pour l’Avenir de l’Europe, dont nous avons livré les résultats lors d’un colloque à l’EHESS. Cela valorise l’entreprise dans le monde académique, bien sûr, mais cela permet également au monde académique de bénéficier d’expériences de terrain fines qui sont difficilement accessibles autrement.
Colloque sur “les consultants à l’échelle européenne”, organisé en septembre 2022 par le Groupe de Recherches sur l’Union Européenne (crédits photo : GrUE)
La recherche en sciences sociales à l’intérieur d’une organisation privée
Au-delà des activités que j’ai pu avoir dans le cadre du travail quotidien pour l’entreprise, j’ai le sentiment d’avoir aussi analysé l’évolution de la structure OSP en train de se constituer depuis quatre ans.
Le cœur de métier d’OSP, la civic tech et la participation citoyenne, fait l’objet de plusieurs travaux en cours de sciences sociales, tant pour comprendre ce que le terme recouvre que mettre au jour les objectifs et trajectoires des différents acteurs qui la composent. Mon travail n’est pas centré sur cette question, mais j’ai néanmoins endossé un rôle d’intermédiaire pour favoriser l’appropriation de ces travaux par les membres d’OSP. C’est le premier point d’importance pour caractériser la place des chercheur·es en sciences sociales dans une entreprise.
Deuxièmement, l’analyse d’une structure en train de se faire est à mon avis bénéfique pour celle-ci, d’autant plus dans le cas d’OSP. Il s’agit d’adopter une approche scientifique pour comprendre les dynamiques internes à l’entreprise et essayer d’avoir un rôle de vigie sur différents sujets. La sociologie m’a ainsi aidé à analyser et à fournir aux membres d’OSP des clés d’analyse sur plusieurs sujets importants pour l’entreprise, comme les différents mécanismes de régulation du “dialogue social”, la quantification de la participation (que j’ai mentionnée plus haut) ou encore la réalité de l’influence de l’activité d’OSP sur son environnement.
Des prestations fondées sur la recherche
Enfin, je crois nécessaire d’insister sur le fait qu’être chercheur·e dans une entreprise privée (d’autant plus dans une entreprise qui réalise des prestations de conseil) c’est aussi défendre des prestations et un accompagnement fondé sur de l’observation empirique. Les différents scandales qui ont émergé ces dernières années relativement à des prestations de grands cabinets de conseil dont les résultats semblent déconnectés de la réalité me confortent dans l’approche d’OSP, nourrie par les méthodes des sciences sociales. Il est capital d’observer d’abord le réel, de comprendre les enjeux propres à chaque organisation qui nous sollicite afin de trouver le moyen de l’accompagner au mieux, dans la mesure des moyens de l’entreprise.
Vous l’aurez compris, j’ai beaucoup aimé travailler à l’intégration de perspectives de recherches en sciences sociales dans les différentes activités d’OSP. C’est un travail parfois solitaire et infructueux, mais qui a entraîné quelques résultats intéressants. Et ça va continuer, puisque OSP réfléchit à lancer desrésidences de recherche exploratoires, qui formaliseront des espaces de collaboration entre le monde académique et l’entreprise. Stay tuned!
Voici le deuxième volet de notre série mettant en avant le travail de notre consultant Antoine Gaboriau, doctorant en Études politiques à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS). Il vous y présente une partie de son terrain d’étude qu’il explore dans le cadre de son mémoire sur les conséquences de l’implémentation d’outils de participation numériques sur le système politico-administratif local.
Le premier volet de cette série publié en décembre dernier mettait en lumière le travail de traduction effectué par Antoine avec l’aide de Eloïse Gabadou, Joël Berenguer-Moncada et Léo Cochin autour de l’ouvrage « Villes démocratiques, La révolte municipaliste du cycle post-15M ». Le troisième et dernier volet sera publié la semaine prochaine et présentera quant à lui son travail de chercheur en sciences sociales au sein d’une entreprise de l’ESS comme Open Source Politics.
Au-delà d’être le lieu de naissance de Decidim, la ville de Barcelone est depuis 2015 le théâtre d’une expérimentation politique locale sans précédent sur le continent européen. Nous avons abordé cette histoire plusieurs fois sur ce blog, notamment lorsque nous annoncions notre traduction du livre Villes démocratiques. Depuis 2015 donc, c’est le néo-municipalisme qui a cours au conseil municipal et qui impulse une direction politique radicalement différente des précédents mandats. À OSP, nous sommes admiratif·ves de cette expérience depuis le début, et nous avons donc choisi de vous en dire un peu plus à travers trois questions : dans quel contexte cette expérimentation est-elle née ? Quelles transformations réelles a-t-elle entraînées ? Quelles leçons peut-on en tirer pour la France ?
Le contexte : un peu d’histoire pour bien situer
La tristement célèbre dictature franquiste a marqué le 20esiècle en Espagne. De la fin des années 30 à la fin des années 70, parallèlement aux atrocités commises par le régime, la ville de Barcelone voit son autonomie réduite à peau de chagrin et la vie politique locale est asséchée pour que toute remise en question de décisions prises par la dictature soit impossible. Pendant cette période, de nombreuses associations regroupant les habitant·es (les « voisin·es ») d’un quartier voient le jour (elles sont d’abord, pour la plupart, interdites).
Regroupées en une Fédération des associations de voisin·es de Barcelone, ces associations et le mouvement dit « des voisin·es » plus largement acquièrent un rôle clé dans le fonctionnement de la ville à la chute de la dictature. C’est par exemple la Fédération des associations de voisin·es de Barcelone qui fournit en 1980 un plan des quartiers qui sert de base au découpage de Barcelone en districts. Encore aujourd’hui, les associations de voisin·es maillent très bien le territoire municipal et elles ont vu leur rôle se renouveler avec l’arrivée de la crise économique de 2008 et des activistes du 15M – plus communément appelé mouvement des Indignés en France – en 2011.
La déclinaison barcelonaise du 15M était importante et a été montrée par plusieurs études1, qui illustrent la profondeur de la marque laissée par ce mouvement social sur le tissu associatif et les conflits sociaux de la ville. Pour l’une d’entre elles, le 15M constitue le parangon d’un processus qui a « radicalement transformé le paysage des mouvements sociaux » à Barcelone puisque « ces mouvements remettent en cause, de la même manière qu’en Grèce, la légitimité du gouvernement local et métropolitain »et cherchent également à repenser le gouvernement représentatif classiquement appliqué par les partis politiques (notamment par Podemos à gauche).
On retrouve sans surprise dans ce mouvement les fondateurs de Decidim. Ces activistes du 15M se retrouvent donc ensuite dans le néo-municipalisme, un mouvement né en parallèle de et à certains endroits en réaction à Podemos et qui reformule pour le 21e siècle une longue tradition d’autonomie politique municipale en Catalogne et en Espagne. Aux élections municipales de 2015, c’est la coalition de partis, d’associations et de citoyen·ne·s Barcelona en Comu qui remporte les suffrages, portant ainsi cette génération de militant·e·s – menée par Ada Colau – au pouvoir.
Des transformations réelles et bien amorcées
La création de Decidim
La première transformation menée par Ada Colau et sa nouvelle équipe municipale concerne évidemment Open Source Politics : il s’agit de la création de Decidim. Ce logiciel libre, que les personnes lisant notre blog connaissent bien maintenant, a été initialement développé à Barcelone et demeure aujourd’hui l’un des projets les plus importants de transformation de la manière de travailler de l’administration, de la manière de gouverner des élu·e·s et de la manière de participer des citoyen·ne·s.
Réunion de la communauté Decidim (dont quelques membres d’OSP) lors du Decidim Fest d’octobre 2022. Claudia López CC BY-SA 4.0
La plateforme decidim.barcelona incite en effet les agent·e·s public·que·s à être plus transparent·e·s dans la conduite de l’action de la municipalité, et leur demande de rendre des comptes sur les choix effectués dans le cadre des politiques publiques mises en place. Elle contraint les élu·e·s à déléguer au moins une partie de la prise de décision – et donc de leur pouvoir – aux citoyen·ne·s, ce qui introduit une nouvelle brique à leur positionnement. Les élu·e·s doivent désormais être en mesure d’appréhender correctement la participation citoyenne à la fabrique des politiques publiques et d’accepter donc une nouvelle source de légitimité politique : la participation hors calendrier électoral. Enfin, la plateforme permet un élargissement de l’assiette de participant·e·s à la vie politique locale, puisque le coût d’engagement et de participation est abaissé par l’outil numérique. Il n’y a en effet plus besoin de s’engager dans une association ou d’en constituer une pour s’exprimer sur un sujet qui nous tient à cœur.
La politique locale du « Patrimoine citoyen »
Une deuxième transformation qui nous paraît pertinente pour le monde de la participation citoyenne réside dans une nouvelle politique publique créée par la nouvelle municipalité, et appelée « Patrimoine citoyen » (Patrimoni ciutadà en catalan). Selon ses théoriciens, « les institutions locales doivent être gérées collectivement par les habitants ». Il s’agit donc, pour le service de la ville en charge de ce programme, d’ « explorer de nouveaux modèles de gouvernance régis par les principes d’autonomie et soutenabilité, et qui facilitent la proposition de politiques locales publiques qui émanent des demandes territoriales et des organisations sociales »2.
C’est donc par la délégation de la prise en charge d’équipements publics à des associations ou collectifs d’associations que la mairie de Barcelone a souhaité encourager l’engagement citoyen. Ce dernier serait ainsi nourri par la responsabilisation de collectifs non-institutionnels dans la gestion quotidienne de centres civiqueset d’espaces culturels divers. Cette gestion civique, revendication de longue date des associations de la ville, favorise un déplacement d’une partie de l’action publique de l‘institution vers les associations dont les résultats – principalement positifs – nous semblent particulièrement intéressants à observer3.
Quelles leçons pour les politiques publiques locales en France ?
Né en Catalogne, ce schéma est sans doute difficilement reproductible en France. Il n’est d’ailleurs sans doute pas souhaitable de chercher à le reproduire à l’identique sans l’adapter au contexte français. Néanmoins, nous souhaitions insister sur deux leçons de l’expérimentation barcelonaise, que les municipalités françaises seraient sans doute bien inspirées de suivre.
Le premier enseignement à tirer de ces sept ans réside sans doute dans l’institutionnalisation des mécanismes de participation citoyenne et de démocratie directe. Cet objectif d’institutionnaliser des processus qui demeurent souvent expérimentaux a parfois été critiqué – souvent à juste titre. L’institutionnalisation s’accompagne en effet souvent d’un assèchement de l’engagement volontaire des citoyens et citoyennes dans les processus en question. Ce qu’a fait la mairie de Barcelone, c’est la création de mécanismes assumés de contre-pouvoir à ses représentant·e·s. Le mécanisme des initiatives citoyennes, où les signataires d’une pétition peuvent la voir transformée en référendum local sans intervention politique (ou presque), en est une excellente illustration.
Le deuxième point à retenir concerne l’internalisation de la production de services publics. Le logiciel Decidim constitue en effet un exemple paradigmatique de ce que peut être l’action publique. La tendance lourde d’externalisation de la production des services publics barcelonais a été fermement combattue par l’équipe fondatrice de Decidim – avec un certain succès jusqu’à aujourd’hui. Elle a nécessité le recrutement de personnes hautement qualifiées en gestion de projet informatique (spécifiquement en logiciel libre), mais permet maintenant à la mairie de Barcelone d’être à la fois tout à fait autonome dans la gestion quotidienne de l’outil, et de ne pas dépendre de services extérieurs sur lesquels elle aurait moins de prise. On pense par exemple aux cas de revente et de fuite de données de services publics externalisés, dans le secteur de la santé notamment en France4.
L’expérience politique barcelonaise depuis 2015 est donc extrêmement fructueuse sur bien des aspects. Elle permet de nous projeter dans des alternatives possibles au niveau local et donne à voir des exemples concrets de politiques publiques qu’il est possible de mettre en place à l’aide d’une certaine volonté politique locale et administrative. Tout cela, au service d’un plus grand contrôle des citoyen·nes sur leur avenir. Inspirant, n’est-ce pas ?
C’est un fait, nous sommes collectivement très loin d’atteindre les objectifs de réduction des émissions nécessaires au maintien d’une planète vivable à l’horizon de quelques décennies. Il n’existe pas de réponses magiques, seulement des choix à faire. Chez Open source Politics, l’expertise sur la participation citoyenne nous semble importante pour les rendre visibles, en débattre, les arbitrer et en mesure les effets. Entourés de plusieurs partenaires, l’équipe d’OSP développe de nouvelles démarches d’accompagnement des acteurs publics qui veulent conjuguer de fortes ambitions climatiques et démocratiques. Dans ce cadre et sur la base des travaux de l’ADEME, nous avons élaboré le projet Open Climate Politics : une boite à outils qui maximise l’impact des démarches participatives sur le climat.
De votre côté, vous êtes déjà lancé·e dans la mise en place de dispositif de participation citoyenne et vous êtes convaincu·e qu’il est nécessaire d’intégrer l’enjeu de la transition écologique aux démarches de démocratie participative ? Si vous avez répondu oui à ces questions, vous êtes au bon endroit ! Chez Open Source Politics, nous vous proposons de renforcer votre engagement afin de favoriser l’adoption de politiques publiques climatiques ambitieuses.
Pour ce faire, deux temps d’échanges sont prévus :
Le 10 janvier de 9h à 10h : une présentation générale d’Open Climate Politics ainsi qu’une discussion réservée aux clients d’Open Source Politics.
Le 16/01 , le 23/02 ou le 20/03de 15h30 à 17h00 : une réunion d’information organisée par les porteurs du projet Décarbonautes.
Ça vous intéresse ?
Pour vous inscrire à ces temps de présentations et de discussion, merci de nous confirmer votre intérêt et votre disponibilité pour ces deux rencontres par mail 😊
Vous trouverezen téléchargement une présentation détaillée des différentes briques d’Open Climate Politics et du projet innovant des Décarbonautes dont nous sommes membres du comité de pilotage.
Pour ce dernier article de 2022, nous vous présentons les cinq missions phares qui ont marqué cette année riche en nouveautés et réussites. Certaines réalisations se sont étalées sur un cycle terminé plus tôt dans l’année et font déjà l’objet d’un article dédié. Pour en savoir plus, n’hésitez pas à consulter notre blog ou à cliquer sur les encarts « aller plus loin » présents dans ce billet. Nous profitons également de cet article pour vous présenter deux projets en cours qui arriveront à leurs apogées courant 2023.
Avant toute chose, nous adressons de chaleureux remerciements à l’ensemble de nos clients et partenaires que nous avons accompagné en 2022, aux acteurs et actrices de la participation citoyenne qui nous ont fait confiance pour la première fois, ainsi qu’à celles et ceux avec qui nous menons des missions depuis plusieurs années et qui ont choisi de continuer leur parcours avec nous.
La Conférence sur l’avenir de l’Europe
Lise Gagné via Canva
Le 9 mai 2022 la phase consultative de la Conférence sur l’avenir de l’Europe (CoFE), la plus ambitieuse démarche de participation citoyenne jamais mise en œuvre au niveau européen, touchait à sa fin. Cette consultation à l’échelle d’un continent et aux traits multilinguistiques et transnationaux avait duré un an pile, pour se lancer et se clore le jour de la Fête de l’Europe, un anniversaire symbolique de l’Union européenne qui fait écho à la déclaration de Schuman de 1950.
L’idée d’une consultation des citoyen·ne·s de l’Union européenne remontait à 2019 et se posait l’objectif de rapprocher les institutions supranationales au terrain, pour une fois non pas en expliquant le fonctionnement et les compétences des institutions mais en écoutant directement la voix et les priorités des ressortissant·e·s des 27 États membres. Si d’un côté la pandémie de la Covid-19 a ralenti le lancement du projet, de l’autre côté elle a rendu central le volet numérique. La Commission européenne a choisi Decidim comme logiciel de participation citoyenne pour sa nature libre et éthique. La plateforme futureu.europa.eu, gérée au quotidien par Open Source Politics, a accueilli plus de 18 000 idées répertoriées dans neuf thématiques différentes. Les contributions ont pu être déposées et commentées dans l’une des 24 langues officielles de l’UE grâce à l’outil de traduction automatique E-Translation, développé en interne par la Commission européenne. La plateforme a aussi permis de centraliser les informations et les livrables associés aux événements parallèles qui ont eu lieu en présentiel et en visioconférence dans tous les États membres.
Les chiffres prometteurs de cette démarche ont encouragé la Commission européenne à pérenniser certains dispositifs, notamment les panels citoyens européens dédiés à l’approfondissement de chacune des neuf thématiques de contribution. Ces panels, seront aussi dotés d’une plateforme numérique à destination de tous les citoyen·ne·s.
Chez Open Source Politics, la gestion d’une plateforme de telle ampleur a permis une forte montée en compétence de l’équipe, qui s’est aussi davantage internationalisée. Du point de vue technique, les contraintes réglementaires comme la traduction dans toutes les langues officielles et le système d’identification EU Login ont permis de mettre en valeur l’interopérabilité de Decidim avec des systèmes applicatifs institutionnels tiers. OSP est ravie de continuer à accompagner la Commission européenne dans le cadre de missions dérivées à la CoFE.
Des contributions citoyennes aux sujets de contrôles de la Cour des Comptes
Dans le cadre du Plan d’action pour un gouvernement ouvert et transparent 2021-2023, la Cour des comptes a choisi d’ouvrir la programmation de ses sujets de contrôle à la contribution citoyenne. Plus de 330 contributions ont été déposées sur la plateforme de la Cour des comptes, permettant aux citoyens et citoyennes d’identifier d’importants enjeux et d’en débattre à travers les espaces de commentaires.
À l’issue de la consultation, l’ensemble des contributions a fait l’objet d’une analyse, aboutissant à la production d’une synthèse quantitative et qualitative, accessible en ligne et soulignant la grande qualité des contributions citoyennes.
De plus, poursuivant les objectifs d’information et de transparence, une réponse circonstanciée a été apportée à toutes les contributions, permettant de mieux comprendre le fonctionnement de l’institution et de son champ de compétences.
Au total, ce sont six sujets de contrôle qui ont été retenus et intégrés à l’agenda des différentes chambres de la Cour !
Suite à cette expérimentation réussie, la Cour envisage la pérennisation du dispositif et son évolution, notamment à l’échelle des territoires.
Pour OSP, cette mission a constitué une belle occasion d’accompagner un projet du PGO (Partenariat pour un Gouvernement Ouvert), pilotée par une institution nationale au service des citoyens mais parfois méconnue du grand public, notamment dans son fonctionnement.
Notre pôle recherche a été mobilisé dans le cadre du travail de synthèse, pour lequel plusieurs méthodologies ont été adoptées : analyse quantitative de fréquentation, analyse linguistique des grandes tendances, analyse des sentiments et des modaux ainsi que compte rendu des échanges des propositions les plus commentées.
L’Université de Paris Est-Créteil (UPEC) et le Living Lab AlgoPo ont organisé en 2022 la deuxième édition de la Convention Citoyenne Étudiante, un format de co-construction et de délibération de politiques publiques autour d’une thématique d’intérêt général inspiré par la Convention Citoyenne pour le Climat. Le projet se pose un objectif pédagogique : former les étudiant·e·s aux pratiques démocratiques et aux méthodologies de l’intelligence collective afin d’en faire des futurs citoyen·ne·s impliqué·e·s et responsables politiques et économiques responsables. En même temps, il s’agit de donner du poids et de la légitimité aux idées et aux choix d’une jeunesse négligée par la politique et désenchantée vis-à-vis de l’état actuel de la démocratie.
La première édition, un projet pionnier au niveau international qui comptait 150 participants, portait sur l’alimentation, une thématique au croisement de plusieurs enjeux clés de la société contemporaine : environnement, santé, développement local et justice sociale.
L’édition 2022 est consacrée aux enjeux sociétaux liés au numérique : les participants sont répartis dans six groupes de travail portant sur :
la citoyenneté numérique ;
le numérique éducatif ;
la santé et le numérique ;
l’inclusion et le numérique ;
l’environnement et le numérique ;
les droits et libertés fondamentaux.
Le format de la Convention est tout aussi intéressant que le contenu des discussions et des thématiques abordées. La Convention s’ouvre avec une phase de méta-délibération : les étudiant·e·s participent entièrement à la conception du dispositif participatif et statuent des modalités de prise de décision. La co-construction de la convention avec les étudiant·e·s est un exercice de pédagogie et de réflexion collective autour des pratiques démocratiques qui implique une confiance majeure des personnes impliquées dans le dispositif. La Convention se déroule ensuite sur plusieurs étapes : après la méta-délibération suite au lancement ! La convention a officiellement été lancée le 10 octobre 2022. La phase d’approfondissement des propositions, qui a été rythmée par des d’ateliers intermédiaires, s’est terminée le 9 décembre avec la clôture de la Convention. Le suivi de mesures adoptées lors de la clôture aura lieu au cours de l’année 2023.
L’intégralité de la CCE est marquée par une forte hybridation des formats, entre moments de discussion en présentiel et moment asynchrones de dépôt de propositions sur la plateforme Decidim du Living Lab AlgoPo.
Open Source Politics a été associé au projet depuis la première édition en 2021 et a pu accompagner et suivre de près la création d’un format innovant de Concertation. Pour nous, cette mission est une occasion d’approfondir notre accompagnement aux formats présentiel et de travailler avec une organisation différente de notre public de référence, celui des collectivités territoriales. Notre équipe conseil a en particulier formé un groupe étudiant à la facilitation des ateliers d’approfondissement et de délibération. Lors de ces séances, l’équipe d’OSP a encadré les sessions délibératives afin de s’assurer de la bonne teneur des échanges. Pour finir, nous avonseu l’occasion de tester un outil complémentaire à Decidim et conçu pour faciliter la délibération : pol.is, un logiciel open source (bien sûr) et de référence dans le monde de la civic-tech.
Le département de la Réunion vient de lancer son premier Budget d’Initiative Citoyenne (BIC) en se dotant d’une plateforme Decidim pour assurer une infrastructure numérique appropriée. Un Budget d’Initiative Citoyenne se distingue d’un Budget Participatif par le fait que les projets lauréats du vote citoyen sont mis en œuvre non pas par la collectivité mais directement par les porteurs de projets. Tout·e citoyen·ne ou association peut déposer un projet, à condition d’être en capacité d’en assurer l’implémentation à travers les fonds alloués. Le budget total est d’un million d’euros.
La forte proximité et connaissance des enjeux des associations qui travaillent sur le terrain favorise la mise en place d’initiatives qui soient portées et réalisées par celles-ci. Les compétences de gestion des fonds et d’exécution des projets sont donc à la charge des porteurs de projets. Cela, afin de favoriser l’efficacité et la pertinence de la mise en œuvre des projets.
La démarche a suscité un très fort intérêt sur place : 123 propositions ont été déposées et sont actuellement en cours d’analyse par les services. Open Source Politics est ravie d’accompagner de près le département de la Réunion dans la mise en œuvre de ce projet pionnier, dont les résultats actuels sont très encourageants. Les spécificités de ce BIC vont aussi nourrir notre réflexion autour des bonnes pratiques du budget participatif. Le vote aura lieu entre février et mars 2023 : suivez-le sur la plateforme !
En 2018, la population de New York a voté pour la création d’une Commission d’engagement civique (CEC), chargée de mettre en oeuvre le premier budget participatif à l’échelle de la ville ainsi que de tisser des liens avec les organisations de la société civile présentes sur le terrain afin de démultiplier et faire monter en puissance les initiatives d’engagement citoyen.
Après une première expérimentation sur un nombre limité de districts New-yorkais, la CEC a lancé cette année sur sa plateforme Decidim le premier budget participatif à l’échelle de la ville. L’ensemble de la population New-yorkaise (citoyenne ou non), peut proposer un projet ou soutenir, commenter et voter pour ses projets préférés dans le cadre d’un BP dont le budget s’élève à 5 millions de dollars. Cette démarche mise fortement sur l’inclusion des toutes les communautés qui habitent la ville, notamment celles plus marginalisées et qui ont été plus impactées par la crise du covid-19 : pour cette raison, la plateforme est disponible en 13 langues.
La phase de collecte de projets s’est déroulée en respectant un principe de forte hybridation : la plupart des idées ont été conçues au sein d’ateliers en présence, les « conversations de communauté », animés par des facilitateur·ice·s, alors que tout résident de la ville pouvait aussi déposer son projet directement sur la plateforme. Les facilitateur·ice·s ont après transposé les idées récoltées au sein des ateliers au format numérique. Le résultat est impressionnant : plus que 4100 projets déposés.
Des représentant·e·s des communautés sont actuellement impliqué·e·s dans la phase d’approfondissement et rationalisation des projets proposés. D’autres habitant·e·s qui s’étaient porté·e·s volontaires seront invités à intégrer les comités d’évaluation des projets à soumettre au vote citoyen, qui aura lieu entre mai et juin 2023.
Pour OSP, la mission avec la ville de New York constitue à la fois un défi et une grande opportunité. Les défis relèvent de deux éléments principaux : l’infrastructure informatique, c’est-à-dire la capacité du serveur d’assurer la tenue de la plateforme face à un volume très important de trafic et d’interaction, et l’expérience utilisateur du front-office de Decidim, notamment lors de la phase de vote citoyen. Pour le premier volet, nous sommes en train de collaborer avec nos partenaires techniques sur place, l’entreprise américaine de services informatiques qui héberge la plateforme, pour la rendre plus puissante et résiliente aux volumes de trafic élevés lors des piques de participation. Pour l’amélioration de l’expérience utilisateur, un chantier de redesign du parcours de vote financé par la CEC est actuellement en cours. Les fonctionnalités qui seront développées dans ce cadre vont nous permettre d’ouvrir une réflexion plus large sur ce qui peut être amélioré dans Decidim concernant les options de vote, ainsi que de contribuer à enrichir le parc de fonctionnalités à disposition de la communauté. Abonnez-vous à notre newsletter pour rester au courant de nos progrès.
L’équipe d’Open Source Politics vous souhaite un bon réveillon de fin d’année et ses meilleurs vœux pour l’année 2023 !
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