Decidim, un projet technopolitique

Decidim, un projet technopolitique

Decidim, un projet technopolitique

Decidim, un projet technopolitique, une plateforme numérique de participation citoyenne pour une ville démocratique, construite de manière ouverte et collaborative à l’aide de logiciels libres.

C’est une infrastructure publique qui rentre dans le champ des communs. Publique car elle bénéficie d’une impulsion institutionnelle évidente et issue des communs car le code est ouvert et libre ; en d’autres termes, tout le monde peut le voir, l’utiliser, le copier ou le modifier.

C’est une plateforme faite pour coordonner des espaces et des processus participatifs, qui vise à étendre et faciliter l’accès à la participation citoyenne, ouvrir de nouveaux espaces de délibération et de collaboration en vue de la co-construction et de la co-production des politiques publiques.

Elle veut également ouvrir de nouveaux espaces de participation et de démocratie directes, entraînant ainsi la désintermédiation et la coopération entre citoyens, institutions et organisations de la société civile.

Nous avons traduit une partie du manuel d’administration de Decidim (téléchargeable ici), qui récapitule de nombreuses informations cruciales à propos de l’histoire de Decidim, de sa construction et de sa philosophie.

1. Principes

La plateforme Decidim a été construite et développée sur la base d’une série de principes qui promeuvent l’exploration et l’innovation démocratique à l’ère du numérique aussi bien que les possibilités d’amélioration, d’ouverture et de développement de politiques de participation citoyenne ainsi que de formes démocratiques de gouvernement à plusieurs niveaux (avec une attention particulière à l’échelon municipal). Ces principes sont listés ci-dessous :

Hybridation technopolitique

C’est la clé pour éviter ce que nous appelons le “réductionnisme numérique” (Calleja-López, 2017), une variante du technocentrisme qui met l’accent principalement ou exclusivement sur les infrastructures et aspects numériques des nouvelles formes de participations. Ceci sans s’intéresser aux importantes innovations survenant dans les pratiques, les processus et la culture participative par l’hybridation de la participation numérique et physique. Une approche hybride tente de connecter les espaces et activités se déroulant sur decidim.barcelona avec les espaces et activités se déroulant en physique, et considère les multiples variantes qui seraient envisageables dans le but d’encourager de nouvelles formes d’action collective.

Participation améliorée et multi-modale

Le résultat du “réductionnisme numérique” est l’encouragement de la “participation du clic” (Calleja-López, 2017), dans laquelle la participation devient un phénomène circonscrit d’abord et surtout par son aspect digital, et plus spécifiquement par ses aspects pratiques, de vitesse et de non-interférence avec d’autres acteurs et d’autres idées. Il y a ainsi le besoin de faire émerger des formes d’interaction enrichies entre individus sur decidim.barcelona, ainsi qu’entre les individus, les contenus de la plateforme et les processus participatifs hybrides au sens large. Ceci implique, d’un côté, d’enrichir les processus participatifs avec des fonctionnalités qui vont plus loin que le simple vote (visualisation d’informations et de données, délibération etc). D’un autre côté, cela implique de construire des processus hybrides (par exemple des réunions physiques connectées à la plateforme), qui font de la participation une démarche multimodale, améliorée et exhaustive, plutôt que réduite et simplement “cliquable”.

Transparence et traçabilité

A l’exception des données qui peuvent affecter la vie privée des utilisateurs, les détails de l’activité des processus participatifs sur un média numérique doivent être entièrement traçables et publics si l’on veut atteindre un nouveau stade de transparence de la participation. La transparence de la participation et de la traçabilité sont des conditions nécessaires pour maintenir la confiance en ces nouveaux processus.

Ouverture / publication

Les principes de publication et d’ouverture font d’abord référence au code et aux fonctionnalités de la plateforme, ensuite aux données et contenus des processus et enfin, plus généralement, aux processus eux-mêmes. Ceci implique, dans les deux premiers cas, l’utilisation des standards et licences libres les plus exigeants (par exemple Affero GPLv3 pour le code, CreativeCommons pour le contenu, Open Access Database Licences pour les données). Decidim doit être une plateforme libre dont tout le monde peut voir, modifier et réutiliser le code sur lequel elle est basée. Dans le cas des processus, ces principes sont reliés à d’autres mentionnés dans cette liste, comme la transparence et l’accessibilité, et ont pour objectif de rendre ces processus aussi participatifs et réutilisables que possible à différentes échelles.

Photo by Chris Slupski on Unsplash

Participation transversale

Prenant appui sur plusieurs des clés du succès d’initiatives récentes telles que le 15M [le mouvement des Indignés débuté le 15 mai 2011], le déploiement et les stratégies de communication de decidim.barcelona doivent être dirigées vers la recherche de légitimité d’abord, puis la participation, en se tournant vers le plus de groupes sociaux et politiques possible.

Connaissance, technoscience et intelligence collective

Les nouvelles formes de participation doivent pouvoir bénéficier des possibilités offertes à la fois par les connaissances des citoyens et la science des données (tirées à l’occasion des processus participatifs eux-mêmes) pour améliorer la prise de décision et la participation. Une participation informée et experte donc, capable de catalyser la connaissance sociale.

Participation collective en réseau

Il existe plusieurs défis centraux dès lors que l’on vise l’amélioration de la participation reposant notamment sur le numérique. L’un d’entre eux réside dans la capacité des processus participatifs à favoriser le collectif face aux tendances atomisantes actuelles, qui résultent d’ailleurs souvent de la participation virtuelle, lointaine et déconnectée. Cela implique l’utilisation de fonctionnalités qui encouragent l’interaction entre utilisateurs dans des processus collectifs, que ce soit en physique ou sur une plateforme.

Orientation public-communs, réappropriation et participation récurrente

Les nouvelles infrastructures numériques de la démocratie doivent être un espace appartenant aux, issu des, et pour les communs. Si l’on veut promouvoir la démocratie, les infrastructures elles-mêmes doivent être foncièrement démocratiques. Cela implique de valoriser un modèle innovant, alternatif par rapport à la privatisation de la sphère publique. Dans ce but, Decidim doit être une infrastructure numérique de construction, propriété et utilisation publique-communs. En d’autres termes, elle doit correspondre à ce que nous définissons comme des “communs technopolitiques” : une technologie ouverte à la participation de tout le monde de par sa construction et son management, gérée par la distribution et avec des modèles de production collective et de partage libre. Comparée aux plateformes fermées et exclusives contrôlées par des grandes entreprises, Decidim est une infrastructure démocratique pour la démocratie.

Accessibilité et formation technopolitique

Elle doit également être un service public, c’est pourquoi il est essentiel de s’assurer que les citoyens ont l’accès et la formation suffisante pour prendre part et exploiter tout le potentiel de la plateforme. Promouvoir son utilisation par les populations locales ainsi que par des groupes sociaux exclus constitue un défi crucial. Decidim.barcelona et les processus participatifs numériques doivent être régis par des standards d’accessibilité plus exigeants (par exemple ceux du Web Accessibility Initiative, WAI).

Indépendance, émancipation et affiliation

Si les mouvements sociaux ont démontré quelque chose ces dernières années, c’est le rôle central joué par l’action collective auto-organisée dans le démarrage et l’accompagnement de processus de changement. Dans cette mesure, decidim.barcelona et les processus utilisant la plateforme doivent encourager l’indépendance sociale et l’auto-organisation. De plus, l’affiliation institutionnelle doit être un prérequis de la majorité des processus de la plateforme, étant donné que c’est un élément clé de sa légitimité opérationnelle sur le moyen et long terme. En d’autres termes, les processus d’indépendance sociale aussi bien que bottom-up devraient être affiliés aux institutions publiques.

2. Bref rappel historique

Pendant sa présentation publique en septembre 2015, Decide Madrid, une plateforme de participation numérique lancée par le Conseil municipal de Madrid et basé sur le logiciel Consul, commença à expérimenter plusieurs démarches participatives tels que les débats publics et les propositions de citoyens. Lancé par la mairie de Barcelone, le projet Decidim Barcelona, qui était aussi basé sur Consul avec d’importantes modifications et adapté à de nouveaux besoins, fut présenté en février 2016. Son objectif originel était de coordonner le processus participatif de rédaction du Plan d’Action Municipal(PAM) ainsi que d’autres qui naîtraient dans la ville dans le futur.

Photo by AquaChara on Unsplash

Environ 25 000 personnes s’inscrivirent en deux mois, 10 680 propositions furent formulées, 410 réunions publiques se déroulèrent et plus de 160 000 votes furent récoltés. De ce fait, un espace de collaboration et de délibération fut ouvert entre les citoyens, les organisations de la société civile et le Conseil municipal de Barcelone.

De nombreuses municipalités exprimèrent leur envie de mettre en oeuvre des processus similaires, tirant profit de la technologie utilisée, étant donné son succès et le fait qu’elle soit libre et réutilisable. Plus spécifiquement : le conseil municipal de La Corogne, à travers sa plateforme de budget participatif A Porta Abierta ; celui d’Oviedo, avec Consulta Oviedo et son espace dédié aux propositions des citoyens ; et enfin le conseil municipal de Valence avec decidimVLC, pour la préparation des budgets participatifs. Il y eut aussi de nombreux exemples d’autorités locales et d’autres institutions qui montrèrent un grand intérêt pour le projet decidim.barcelona et sa mise en oeuvre, comme les conseils municipaux de L’Hospitalet, Badalona, ​​Terrassa et Gavà ainsi que le Conseil provincial de Barcelone et le Consortium Localret.

Cette série de changements et d’adaptations entraîna un nouveau besoin technologique nécessitant l’adaptation d’une technologie devant assurer l’indépendance, la diversité des autorités locales et la durabilité à moyen-terme de la plateforme. Fut alors déterminée une stratégie de développement décentralisée (modulable) et évolutive, ce qui rendit le projet entier capable de flexibilité et d’une croissance sur le long terme, mais aussi de générer un développement, un design et une communauté de soutiens appuyés au niveau municipal mais également (plus important encore) intercommunal.

Cela amena le conseil municipal de Barcelone à reconsidérer sérieusement l’architecture de la plateforme et à engager une réécriture complète du logiciel basée sur les principes et les besoins mentionnés ci-dessus. De cette réécriture naquit le projet Decidim, un framework démocratique participatif, générique, basé sur Ruby on Rails, que n’importe quel groupe, organisation ou institution pourrait utiliser avec un minimum de connaissances techniques.

3. Développement ouvert et logiciel libre

Le projet de plateforme Decidim a été développé avec des logiciels libres (que ce soit lors de sa phase initiale avec Consul ou après la réécriture complète du code) et tout son développement a été effectué de manière ouverte, le rendant totalement traçable et suivi depuis le début.

Sa création grâce au logiciel libre signifie que le code source de la plateforme est sous licence AGPL v3 (GNU Affero General Public Licence), ce qui implique que le code doit intégrer la possibilité d’être consulté, copié, modifié et réutilisé et que la même licence est appliquée à tout travail ou produit qui en serait dérivé. C’est une des licences qui garantissent le plus de liberté et qui mettent en pratique le copyleft. Dans cette mesure, il est parfaitement logique pour les autorités publiques de s’engager clairement en faveur de ce type de logiciel, puisque c’est par ce type de licence que l’on peut recevoir un “rendement social” sur les investissement publics.

“A bright red and blue neon reads “open”” by Alex Holyoake on Unsplash

Accédez par ce lien au fichier texte de la licence.

Le copyleft correspond à une large variété de licences qui peuvent être appliquées à des créations logicielles, artistiques et autres. Les soutiens du copyleft voient le copyright comme un moyen de réduire le droit individuel à produire et distribuer des copies d’un travail. Une licence copyleft, de fait, utilise la législation du copyright pour assurer que tous ceux qui reçoivent une copie ou un produit dérivé peuvent utiliser, modifier et même distribuer à la fois le produit originel et les versions dérivées. Dans un sens strictement non-légal, le copyleft est ainsi l’opposé du copyright (Wikipédia, 2017).

Le fait que le logiciel ait été développé de manière ouverte signifie que le processus entier de développement est transparent et accessible. En d’autres termes, chacun peut voir, depuis le début du développement du logiciel, chaque modification, chaque contribution, chaque développeur impliqué, etc. De ce fait, la transparence est en train de devenir un principe fondamental de la participation citoyenne mais également pour le développement de logiciels.

Tout ceci a été effectué sur une plateforme construite pour la collaboration ouverte dans le cadre du développement de logiciels : GitHub. Cette plateforme permet l’accès aux codes et le contrôle du développement du logiciel. GitHub est voué à accueillir des répertoires Git ; il en existe des alternatives, par exemple GitLab.

4. Decidim Barcelona

Decidim Barcelona est la première instance de Decidim et demeure l’origine du projet. Decidim Barcelona a vu le jour grâce au besoin du conseil municipal de Barcelone de construire un processus de participation citoyenne soutenu par la technologie pour le Plan d’Action Municipal (PAM), avec trois objectifs principaux : construire un processus transparent et traçable, augmenter la participation grâce à la plateforme numérique et intégrer la participation numérique et physique.

Ce processus a agrégé plus de 10 000 propositions et plus de 160 000 votes favorables, avec un résultat final de 71% des propositions citoyennes acceptées et incluses dans le PAM, au sein de plus de 1600 initiatives. Decidim était à l’origine construit exclusivement pour ce processus, mais le besoin de l’étendre à d’autres processus participatifs a été rapidement exprimé. C’est à ce moment-là que l’idée du Decidim actuel est née : une plateforme participative qui rend possible autant de processus participatifs que l’on souhaite, divisés en étapes et avec la possibilité d’activer plusieurs fonctionnalités à chaque étape. Une porte a volontairement été laissée ouverte au développement de nouvelles fonctionnalités qui pourraient être rapidement intégrées aux processus (enquêtes, rédaction collaborative de textes, suivi de résultats, etc), ainsi qu’à l’intégration de nouveaux espaces participatifs tels que les initiatives citoyennes et les conseils de participation. Decidim Barcelona accueille au moment de la rédaction de ce document (mai 2018) 12 processus participatifs et compte déjà 28 400 participants, plus de 12 000 propositions, 5340 résultats, 930 réunions physiques et 189 000 votes favorables. Les bons résultats de la plateforme à Barcelone ont entrainé sa dissémination dans plusieurs autres municipalités, telles que L’Hospitalet de Llobregat, Sabadell, Badalona, Terrassa, Gavà, Sant Cugat, Mataró et Vilanova i la Geltrú.

5. Les communes de Decidim

Decidim est un logiciel qui permet d’ouvrir autant de plateformes que nécessaire, avec une seule installation.

Il y a de nombreux exemples de telles architectures (en anglais multitenant architecture) dans le monde logiciel, par exemple le logiciel libre WordPress pour les projets de blog. C’est particulièrement utile pour les institutions qui souhaitent fournir Decidim en tant que service tiers. Le cas du Conseil Provincial est particulièrement important puisque Decidim peut être utilisée avec une seule installation — c’est-à-dire qu’elle est maintenue, mise à jour et hébergée par une seule entité — par autant d’autorités locales que l’on souhaite. On réduit ainsi les coûts d’installation et de maintenance, en plus de fournir des solutions technologiques d’amélioration de la participation citoyenne à des institutions de taille réduite ou moyenne qui n’auraient sinon pas eu pareil accès à de telles ressources.

Open Source Politics a le statut de partenaire officiel du projet Decidim, ce qui nous confère un rôle important dans le développement de l’outil — ce dont nous sommes particulièrement fiers. Nous avons par ailleurs déjà eu l’occasion de déployer des plateformes pour une dizaine d’institutions en France et en Europe.

@OpenSourcePol

Retrouvez notre second article sur la technopolitique ici 

Les nouvelles fonctionnalités apportées par la version 0.9 de Decidim

Les nouvelles fonctionnalités apportées par la version 0.9 de Decidim

Les nouvelles fonctionnalités apportées par la version 0.9 de Decidim

L’équipe de développement de Decidim a annoncé le 6 février 2018 l’arrivée d’une mise à jour pour la plateforme, effectuant de nombreuses améliorations du code, résolvant quelques problèmes et introduisant de nouvelles fonctionnalités pour tou.te.s ses utilisateur.trice.s. Nous traduisons ici en français l’annonce des nouveautés afin de les transmettre à la communauté francophone.

Nouvelles fonctionnalités

Cette nouvelle mise à jour comporte de nombreuses améliorations, principalement en termes de communication entre participant.e.s, telles que :

Surnoms : Les surnoms uniques pour les participant.e.s ont été ajoutés. #2360

Vérification des utilisateur.trice.s : A partir du panneau d’administration, les administrateur.trice.s peuvent vérifier certain.e.s utilisateur.trice.s et inscrire un texte attestant de cette vérification sur leurs profils. #2405

Profil public : La page du profil public comprend désormais les renseignements suivants : Nom, Surnom, Avatar, Label “officiel”, URL personnelle, Courte biographie. #2391, #2360, #2401, #2405, #2494.

Mentions : Vous pouvez mentionner un.e autre participant.e en commentaire et elle recevra une notification par e-mail. #2491

Notifications : De nouvelles notifications relayant l’activité de la plateforme ont été activées, dans différentes catégories :

  • Les abonné.e.s d’un processus participatif reçoivent une notification quand une nouvelle phase est ouverte. #2544
  • Les abonné.e.s d’un processus participatif reçoivent une notification quand un nouveau composant est ouvert. #2515
  • Les abonné.e.s à une proposition reçoivent une notification quand une réponse est postée. #2508
  • Vous pouvez suivre d’autres participant.e.s à la plateforme et recevoir des notifications à propos de leur activité. #2401, #2452

Bannières pour valoriser un contenu particulier :

  • Bannière permanente : Vous pouvez ajouter une bannière permanente pour mettre en avant un contenu particulier. #2547
  • Banière de mise en valeur : Une bannière peut être ajoutée à la page d’accueil pour mettre en valeur un contenu spécifique (qui peut être un espace, un processus, une fonctionnalité…) #2572

Assemblées : Les Assemblées — que nous avons traduites en Agoras — sont maintenant intégrées à Decidim (elles sont activées par défaut à partir de maintenant) #2510 et des administrateurs d’agoras peuvent être créés#2463

Débats: Les Débats (catégorie qui n’était jusqu’alors accessible qu’à Decidim Barcelone) sont maintenant intégrés à Decidim, et sont disponibles pour tous les processus participatifs. Ils ont également fait l’objet d’améliorations depuis le module originel, telle que l’autorisation des participant.e.s à créer eux/elles-mêmes des débats. Ce lien vous donne accès à la liste des nouvelles fonctionnalités : #2506

Nouvelles fonctionnalités pour les administrateurs

  • Échanges privés entre admins : Les administrateurs d’un espace peuvent ajouter des commentaires privés aux propositions à travers le panneau d’administration. #2490
  • Suivi des propositions du budget participatif : Les projets d’un budget participatif peuvent être liés à la catégorie « Suivi des projets », pour contrôler leur mise en œuvre. #2467

Amélioration de l’expérience utilisateur

Administration : Le panneau d’administration des propositions autorise le tri par différents critères. #2419

Éditer des propositions : Les propositions peuvent non seulement être éditées pendant une période de temps définie, mais peuvent maintenant aussi être retirées aussi longtemps qu’elles n’ont reçu aucun soutien. #2289. Les propositions retirées ne sont pas supprimées, elles apparaissent dans la liste des « Propositions retirées » sans aucune information sur leur auteur.e.

Newsletter : La Newsletter a été améliorée en ajoutant un lien qui autorise la désinscription et la possibilité de l’ouvrir dans votre navigateur. Des codes UTM ont aussi été ajoutés afin de permettre la traçabilité des connexions et ainsi de mieux contrôler les analyses quantitatives. #2359

Commentaires : Les compteurs de commentaires prennent désormais en compte les commentaires de réponse aux commentaires. #2551

Navigation dans le menu des fonctionnalités : La barre de navigation horizontale a été supprimée. #2495

Notifications par défaut : Les notifications sont activées par défaut. Les participant.e.s peuvent les désactiver à partir des e-mails les prévenant de nouvelles notifications. #2517

Conversations : La liste des conversations est triée par ordre croissant depuis les conversations les plus récentes. A l’inverse, le fil de messages à l’intérieur d’une conversation est en ordre chronologique (les plus récents sont situés à la fin). #2520

Réparation de bugs

Suivi des projets : Le pourcentage moyen est calculé en fonction de tous les éléments. #2638

Conversations

  • Les conversations d’un.e participant.e avec lui/elle-même ne sont pas autorisées. #2630
  • Les conversations multiples avec le-la même participant.e ne sont pas autorisées. #2376
  • Les conversations sont maintenant accessibles depuis les appareils mobiles. #2364

Redirection après login : #2321, #2504 Les liens ou boutons qui nécessitent d’être authentifié.e sont maintenant accessibles. Une fois authentifié.e, vous êtes redirigé.e vers l’URL d’origine, évitant ainsi la perte de votre fil de navigation.

Statistiques : Les statistiques de la page d’accueil ont été mises à jour. #2221

Vous pouvez tester Decidim et toutes ses fonctionnalités sur notre instance demo.decidim.opensourcepolitics.eu

Open Source Politics est une entreprise qui développe des plateformes de démocratie participative pour des acteurs publics, privés et associatifs. Contactez-nous si vous souhaitez vous engager dans un dispositif de concertation ou un budget participatif utilisant des outils civic-tech !

Comment fonctionne la plateforme de démocratie participative Decidim ?

Comment fonctionne la plateforme de démocratie participative Decidim ?

Comment fonctionne la plateforme de démocratie participative Decidim ?

Decidim, dont le nom vient de l’expression catalane signifiant “décidons maintenant”, est une infrastructure numérique dédiée à la démocratie participative, entièrement conçue et réalisée de façon collaborative selon les règles du logiciel libre. Sur un plan technique, Decidim est un framework (ou environnement de développement) conçu avec le logiciel de développement Ruby on Rails. Decidim permet aux utilisateurs de créer et de configurer une plateforme ou un portail web à usage de réseau social permettant l’exercice de la participation des citoyens. Ce portail permet à toute organisation (conseil municipal ou de quartier, association, université, ONG, collectifs locaux, coopératives) de mettre en place des processus massifs de consultation tels que des budgets participatifs, des enquêtes publiques ou des appels à idées.

Afin de saisir parfaitement la façon dont Decidim fonctionne, il faut comprendre la distinction entre les espaces de participation et les outils de participation. La nuance paraît fine au début et peut être difficile à saisir mais elle permet de mieux comprendre la structure de la plateforme :

  • Les espaces de participation. Ils constituent le cadre à l’intérieur duquel la participation est organisée, les canaux et médias à travers lesquels les citoyens et les membres des collectifs peuvent formuler leurs revendications, élaborer leurs propositions et prendre des décisions. Quatre espaces de participation sont disponibles dans Decidim : Initiatives, Processus, Agoras et Consultations. On peut par exemple envisager : une initiative citoyenne pour obtenir la modification d’un règlement (Initiative) ; une assemblée générale d’un collectif de travailleurs (Agora) ; un budget participatif, un processus électoral ou une consultation pour définir un objectif à long terme (Processus) ; un référendum sur un sujet précis (Consultation). Processus et Agora sont déjà intégrés dans la plateforme en version 0.9, les deux autres espaces seront disponible à la fin du printemps.
  • Les outils de participation. Ce sont les fonctionnalités qui permettent l’interaction entre la plateforme et les espaces de participation. Decidim propose pour l’instant les outils suivants : rencontres, conférences, appels à idées, dépôt de propositions, enquêtes par questionnaire, discussions et débats, résultats, suivi de la réalisation des projets, votes, pages et newsletters.

Les utilisateurs de la plateforme (les participant.e.s), interagissent à travers des mécanismes de participation — que nous appelons outils de participation — qui remplissent des fonctions spécifiques à l’intérieur de chaque espace de participation. En d’autres termes, les Initiatives, les Agoras, les Processus et les Consultations ont à leur disposition des outils qui composent et rythment les différents espaces de participation.

 

Les caractéristiques des 4 espaces de participation

 

  • Les Processus constituent un espace dans lequel un administrateur peut créer, activer, désactiver et gérer différents outils de participation, avec la possibilité de les lier entre eux et de les configurer en fonction des différentes étapes programmées.
  • Les Agoras offrent à un administrateur la possibilité de définir des groupes et des collectifs qui se retrouvent périodiquement, de détailler leur composition, de faire la liste de leurs rencontres (avec géo-localisation), de faciliter la tenue des réunions en gérant l’agenda, la capacité des lieux et l’inscription des participants si nécessaire, en prenant position sur les propositions et délibérations émises par les assemblées.
  • Les Initiatives permettent à un administrateur de lancer de façon collaborative des initiatives citoyennes, de définir leurs objectifs et leur déroulement, de collecter des soutiens, de recueillir le fruit des discussions et des débats, d’organiser la mobilisation des habitants autour de points de rencontres pour la signature de pétitions.
  • Les Consultations sont un espace d’organisation de référendums, permettant de susciter des discussions et des débats autour du sujet retenu. Elles sont connectés à un système de vote sécurisé et à un espace de publication des résultats.

A l’intérieur de ces espaces de participation s’articulent donc différents outils, personnalisant l’espace selon la volonté de l’administrateur ou organisation lançant l’espace.

 

Les divers outils de participation

 

  • L’outil propositions permet de créer une proposition officielle ou citoyenne géo-localisée, d’y associer des documents, de naviguer à travers les propositions et de leur appliquer des filtres.
  • L’outil résultats transforme les propositions en constats ou en décisions, en rendant publique une réponse officielle à leur acceptation ou à leur rejet.
  • L’outil de suivi offre la possibilité de répartir les décisions d’action en projets unitaires dont on rend compte de la mise en place avec un module de visualisation des états d’avancement.
  • L’outil enquêtes peut être utilisé pour concevoir et publier des enquêtes et sondages et afficher leurs résultats.
  • L’outil commentaires permet aux utilisateurs de commenter les propositions, de les apprécier par des votes, de répondre et de réagir aux réponses en recevant des notifications.
  • L’outil votes offre la possibilité d’appliquer plusieurs modes de scrutins aux propositions : illimité, limité, pondéré, valorisé en fonction d’un budget, etc.
  • L’outil pages permet de créer des pages à contenu informationnel comportant des textes formatés, des images et des vidéos.
  • L’outil rencontres en présentiel permet de convoquer des réunions, de gérer leur localisation et leur date ainsi que l’enregistrement des participants et de publier ensuite les compte-rendus des travaux et les résultats des débats.
  • L’outil conférences (à venir) permet de créer un site web associé à une conférence thématique avec des outils spécifiques d’organisation (inscriptions, ateliers, programme, conférenciers, etc).
  • L’outil newsletter est disponible pour envoyer une lettre d’information aux personnes inscrites sur la plateforme, ou plus sélectivement à celles concernées par un espace particulier (à venir).

Ces outils donnent donc véritablement corps aux différentes démarches de participation et encadrent les diverses formes que peuvent prendre les contributions des citoyen.ne.s sur la plateforme. Pour contribuer et/ou voter, les utilisateur.trice.s doivent d’abord passer par une vérification de leur identité, potentiellement opérée en plusieurs étapes qui sont destinées à certifier le sérieux et la crédibilité de la plateforme.

Classification des participant.e.s

 

Les participant.e.s à une plateforme Decidim peuvent être répartis en trois catégories, correspondant à des possibilités d’interaction plus ou moins importantes avec le contenu de la plateforme :

  • Les Visiteurs peuvent voir tout le contenu de la plateforme sans s’enregistrer.
  • Les Membres enregistrés peuvent contribuer à la plateforme : après avoir fourni un nom d’utilisateur, un pseudonyme, un mot de passe et une adresse email (ou une identification via certains réseaux sociaux), ils peuvent commenter, faire des propositions, envoyer des messages et suivre certain.e.s participant.e.s ou événements, recevoir des notifications.
  • Les Membres vérifiés bénéficient d’un niveau plus étendu de participation. Ils peuvent être accrédités comme membre d’une organisation, ou comme résident.e/électeur.trice d’une municipalité ou encore appartenir à un groupe détenant un pouvoir organisationnel ou de décision (association, communauté, collectif, etc). Une fois leur statut confirmé, ils peuvent s’inscrire à des réunions, défendre des propositions, signer des pétitions et voter dans des consultations.

Les participant.e.s peuvent s’enregistrer de façon individuelle ou en tant que membre d’une association ou d’une organisation. Des profils représentant des groupes d’utilisateur.trice.s peuvent être créés avec la possibilité de s’exprimer soit collectivement soit à titre individuel. Les préférences de notification peuvent être configurées à la fois pour les statuts individuels et pour les statuts collectifs.

 

Plus qu’un logiciel libre, une véritable communauté

 

Decidim dépasse en qualité tout ce que nous avons pu observer en termes de logiciel libre civic tech. Une dizaine de développeurs contribuent régulièrement au projet, les issues GitHub (problèmes dans le code, déposés sur la plateforme de centralisation GitHub) sont traitées en quelques heures, des réponses vous sont apportées en quelques minutes sur Gitter (messagerie instantanée dédiée aux utilisateur.trice.s de GitHub) et l’application est couverte à 98% par des tests unitaires — c’est-à-dire que chaque outil est testé individuellement afin d’en vérifier le bon fonctionnement. Ces quelques précisions illustrent parfaitement le dynamisme du projet Decidim et la qualité technique de son développement, qui font de la plateforme un projet destiné au long terme et à la recherche de l’amélioration constante de ses fonctionnalités.

C’est en nous rendant à la Decidim Jam, la conférence annuelle qui rassemble la communauté autour de l’outil, que nous avons pris la mesure de ce qui se cachait derrière le code. Decidim est animé par une communauté de plusieurs centaines de personnes de tous horizons. Citoyen.ne.s, développeur.euse.s, designers, agents publics, politiques et chercheur.e.s s’y retrouvent pour co-construire cet outil de participation envisagé comme un véritable commun que chacun fait vivre au gré de ses contributions.

La communauté s’organise autour de 4 grands organes :

  • Un groupe de coordination inter-municipal, composé d’utilisateur.trice.s qui partagent leurs expériences et assurent une partie du financement ;
  • Un groupe de recherche (Decidim Lab) regroupant des chercheur.e.s de 3 universités différentes, qui organisent des rencontres, des conférences, des débats… ;
  • SOM decidim (physique) et Metadecidim (numérique) qui sont les espaces de rencontres et de travail pour co-construire l’outil.

Ils s’organisent autour de 5 axes de réflexion : tech, gouvernance, recherche, expérience utilisateur et mobilisation. C’est sur meta.decidim.barcelona que les nouvelles fonctionnalités sont décidées et planifiées. Le schéma ci-dessous décrit le processus d’émergence, d’adoption et de développement de toute nouvelle fonctionnalité que la communauté souhaite ajouter à Decidim.

On peut constater que ce processus est relativement élaboré mais demeure néanmoins souple, ce qui illustre bien l’esprit initial de construction de Decidim. Ainsi, même la gouvernance de Decidim (l’ajout de nouvelles fonctionnalités) est ouverte, ce qui permet une transparence totale du processus et une liberté moindre d’interprétation laissée aux développeurs ; le code est sous le contrôle direct des institutions et des citoyen.ne.s.

Pour compléter ce processus, il faut noter qu’il y a également des entreprises, dont Open Source Politics, qui maintiennent, développent de nouvelles fonctionnalités et font de la prestation de service autour de Decidim pour les institutions.

Ces spécificités de l’organisation du développement de Decidim en fait un outil numérique particulièrement actif. L’avantage de l’adoption d’un tel outil réside principalement dans l’inclusion automatique au sein d’un large panel d’utilisateurs qui partagent leur expérience de la plateforme et guident donc tout nouvel arrivant. Il s’agit également de bâtir un logiciel satisfaisant un maximum d’usages possibles, dans un maximum de situations possibles.

Testez l’outil sur notre instance de démonstration demo.decidim.opensourcepolitics.eu.

Open Source Politics est une entreprise qui développe des plateformes de démocratie participative pour des acteurs publics, privés et associatifs. Contactez-nous si vous souhaitez vous engager dans un dispositif de concertation ou un budget participatif utilisant des outils civic-tech !

@OpenSourcePol

Decidim, la plateforme de participation citoyenne d’envergure européenne

Decidim, la plateforme de participation citoyenne d’envergure européenne

Decidim, la plateforme de participation citoyenne d’envergure européenne

Cet article sur Decidim (plateforme de participation citoyenne) est basé sur une série de conversations que nous avons eues avec Pablo Aragon, Xabier Barandiaran, Josep Jaume[1] et de nombreux autres collaborateurs du projet open source Decidim.

decidim.org

Invités en avril 2017 à l’événement “Gouverner la ville autrement” organisé par le Grand Lyon et Le Monde, nous avons rencontré Francesca Bria, responsable de l’innovation de la municipalité de Barcelone, et découvert par la même occasion leur nouvelle plateforme Decidim : un framework open source pour la participation citoyenne numérique.

D’où vient la plateforme de participation citoyenne Decidim ?

La plateforme a été lancée en février 2017, quelques mois après la prise de fonction de la nouvelle municipalité. L’élection des candidat.e.s de Barcelona en Comù au Conseil municipal de la ville est advenue notamment vial’identification de problématiques ultra-localisées — Ada Colau, la maire de Barcelone, était elle-même co-fondatrice de la Plateforme des victimes du crédit hypothécaire (Plataforma d’Afectats per la Hipoteca), une association créée en réaction à la crise immobilière espagnole. Ancré dans les solutions locales, le Conseil municipal a également dû penser d’emblée à l’échelle plus large de la ville et de ses alentours : il fallait que les différentes villes de l’agglomération catalane puissent se servir d’espaces de participation dédiés et autonomes sur Decidim.

Un des principaux points de la candidature de Barcelona en Comù était sa filiation avec le mouvement des Indignés, et l’adoption de la revendication de ces derniers consistant en l’ouverture de la démocratie. Cette revendication, dirigée contre les pratiques de la classe politique espagnole dans son ensemble, a nourri la réflexion sur l’adoption d’une plateforme numérique facilitant la participation de tou.te.s à la prise de décision municipale.

L’exigence de multiplication des points de vue, en d’autres termes la nécessité d’inclusion, s’est ainsi exprimée dans l’élaboration du processus participatif de construction du Plan d’action de la ville et de l’agglomération. Les personnes impliquées ont estimé qu’une plateforme numérique était nécessaire, et qu’il était important d’utiliser la technologie open source pour ce processus afin de garantir transparence et mutualisation. Ils ont dans un premier temps pensé à adapter la technologie de la plateformedecide.madrid, Consul. Très vite, l’équipe en charge du projet se rend compte de la difficulté à adapter l’outil aux besoins de la ville de Barcelone, dont les fonctionnalités ont été pensées dans le contexte politique bien précis que nous avons exposé ci-dessus.

Il en est allé de même pour les quelques autres outils disponibles, relativement peu nombreux, qui ont été étudiés en amont de la construction de la plateforme de participation citoyenne Decidim : la plateforme d’e-pétitions gov.uk (Royaume-Uni), Your Priorities (Islande), Open Irekia (Pays Basque). L’environnement technique du futur outil était ainsi assez pauvre, et aucune de ces plateformes ne répondait complètement aux besoins de la gestion quotidienne des institutions locales.

Ce contexte multifactoriel a directement mené le nouveau Conseil municipal barcelonais à l’expression du besoin de créer un outil flexible. Ses multiples options de configuration devaient permettre aux administrateurs de s’assurer que les fonctionnalités de participation puissent s’adapter à des besoins locaux spécifiques. La modularité de la plateforme autoriserait dès lors l’utilisation de la plateforme dans des contextes extrêmement différents, d’échelles ultra-localisées à l’agglomération entière et au-delà, ce qui nécessitait des possibilités de configuration de la plateforme extrêmement poussées.

La ville de Barcelone a alors investi plusieurs centaines de milliers d’euros dans le développement de Decidim. L’attribution des marchés publics évoluait en même temps, ce qui a permis à la ville de choisir un groupement de plusieurs PME barcelonaises à la pointe de l’innovation dans le domaine du développement web. Dès le départ, cette commande publique a en effet été pensée pour ne pas créer de dépendance envers un prestataire unique : le marché a ainsi été divisé en plusieurs lots et un écosystème de trois ou quatre entreprises se répartissent les fonctionnalités à développer en fonction de leur domaine de prédilection. En quelques mois, la première version du logiciel sort et plusieurs milliers de citoyens participent à la co-construction du plan d’action municipal.

Comme l’a présenté un des leaders du projet dans une interview, l’objectif principal du développement de Decidim était de construire un outil qui centralise de nombreuses fonctionnalités rendant possible une participation multiple des citoyen.ne.s à la politique de la ville. Selon lui, plus que de permettre un « simple » budget participatif, il fallait autoriser la discussion entre habitant.e.s sur spectre le plus vaste possible de sujets touchant à la politique municipale. Ainsi, il fallait doter la ville d’un outil à mi-chemin entre une plateforme tournée exclusivement vers la prise de décision technique et efficace et un réseau social (et politique). Decidim opère cette hybridation et s’impose en contre-modèle des grandes plateformes américaines en mettant code open source et sa structure qui garantit la vie privée des utilisateur.trice.s, la transparence, l’indépendance vis-à-vis de structures privées. L’équipe en charge du projet veut également que la plateforme instaure, de manière intrinsèque au code, le respect des droits individuels digitaux ainsi que l’égalité [voir l’article sur le contrat social de Decidim].

En plus de Barcelone, Decidim a été déployée dans une dizaine de municipalités en Espagne, et s’apprête à être utilisée plus largement à travers l’Europe (Turin, Helsinki…) et dans des institutions nationales (État fédéral de Belgique). Ces institutions s’inscrivent par ce choix dans un mouvement où partage d’expérience, inclusion, collaboration, transparence, mutualisation des ressources et respect des données personnelles sont au cœur de la construction d’une démocratie participative numérique.

Cet élargissement de l’utilisation de l’outil au niveau européen est d’ailleurs un des projets cruciaux de Decidim afin de recueillir un nombre toujours plus important d’expériences et donc d’évolutions potentielles de la plateforme. Les nouvelles fonctionnalités prévues (et déjà financées) permettront donc de positionner Decidim comme la plateforme de démocratie participative de référence en Europe.

Depuis l’été dernier, Open Source Politics a adapté le logiciel aux besoins francophones. Nous l’avons déployé pour plusieurs institutions françaises dont la mairie d’Angers, la région Nouvelle-Aquitaine et la Commission Nationale du Débat Public. Désormais partenaire officiel de Decidim, Open Source Politics participe avec beaucoup de motivation à son développement et son adoption en France et en Europe.

1] Pablo Aragon est chercheur à l’Université Pompeu Fabra et Xabier Barandiaran est professeur de philosophie à l’Université du Pays Basque. Josep Jaume Rey est lui co-fondateur de l’entreprise de développement informatique Codegram, qui participe au code de la plateforme Decidim.

Open Source Politics est une entreprise qui développe des plateformes de démocratie participative pour des acteurs publics, privés et associatifs. Contactez-nous si vous souhaitez vous engager dans un dispositif de concertation ou un budget participatif utilisant des outils civic-tech !

@OpenSourcePol

Le Contrat Social de Decidim, un texte fondateur

Le Contrat Social de Decidim, un texte fondateur

Nous reproduisons ici, pour la première fois en français, le « Contrat Social » de la plateforme Decidim, traduit du catalan en passant par l’anglais. Toute traduction implique nécessairement des choix, qui peuvent par endroit altérer l’intention initiale de la phrase, mais nous avons tenté de restituer au mieux l’esprit de l’original.

Le choix d’intituler ce document « Contrat social » est lourd de sens puisque ce concept est l’un des plus connus de la philosophie politique. Initialement théorisé par Grotius au 17ème siècle avant d’être popularisé par Hobbes, Locke et Rousseau, le contrat social constitue une hypothèse de réponse à plusieurs questions philosophiques fondamentales. L’objectif est en effet de fournir un cadre conceptuel permettant d’expliquer la fondation de la société et de comprendre pourquoi l’être humain se soumet à des règles auxquelles il n’a pas choisi explicitement de se soumettre.

L’idée derrière la reprise de cette notion par les fondateurs de Decidim est donc d’assumer le développement d’un nouveau fonctionnement politique à travers l’adoption de cette plateforme. C’est donc la marque d’un renouvellement de la compréhension de notre participation, en tant qu’individus politiques, à la société. Cette conception renouvelée du poids politique du citoyen est issue directement, dans le cas de Decidim, de la relation étroite des leaders du projet avec le mouvement des Indignés, qui souhaitait explicitement refonder l’organisation du pouvoir politique pour obtenir une démocratie plus ouverte.

Contrat Social

Charte valorisant les garanties démocratiques et la collaboration ouverte.

Ce texte est le contrat social que tous les membres du projet Decidim s’engagent sur l’honneur à respecter.

L’utilisation et le développement de la plateforme Decidim, par une institution ou un groupe de quelque nature que ce soit, implique l’entier accord et l’engagement pour ce Contrat Social.

Logiciel libre et contenu ouvert

Le code de la plateforme, ainsi que celui des modules, des bibliothèques logicielles ou de tout autre code développé pour son fonctionnement et son déploiement sera toujours un logiciel libre et gratuit, sous licence Affero GPLv3 ou une version plus récente [https://www.gnu.org/licenses/agpl-3.0.en.html] lorsque le code est neuf et sous une licence compatible avec celle citée ci-dessus lorsque le code est réutilisé.

De même, le contenu, les données, les APIs et/ou toute autre interface déployée dans un but d’interaction avec n’importe quel type d’utilisateur doit suivre des standards ouverts et interopérables (ex : OpenID, RSS, Ostatus, etc.), toujours en ayant pour objectif de tendre à leur compatibilité avec les standards ouverts les plus utilisés.

Dans le but d’assurer la transparence et la collaboration citoyenne au sein des processus participatifs, les contenus, textes, graphiques, polices, éléments audio, vidéo, ou tout autres éléments de design seront publiés sous une licence Creative Commons By-SA [https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/legalcode].

Les données disponibles sur la plateforme, particulièrement toutes les données pouvant être collectées de manière systématique à l’aide de scrappers ou d’autres techniques de consultation massive, seront publiées sous licence Open Data Commons Open Database License [http://opendatacommons.org/licenses/odbl], en formats standardisés et accessibles (tels que CSV, JSON, etc.) et, dès que possible, avec des outils qui facilitent l’analyse et la visualisation de données.

Transparence, traçabilité et intégrité

La plateforme et ses configuration, développement, déploiement et utilisation actuels et futurs doivent nécessairement assurer et optimiser la transparence, la traçabilité et l’intégrité des documents, propositions, débats, décisions et tout autre objet, mécanisme ou processus participatifs.

Par transparence nous entendons que toute donnée liée à ces processus et mécanismes participatifs est disponible au téléchargement, à l’analyse et au traitement, toujours sous les standards et formats les plus utilisés pour partager l’information (accessibilité, multi-format, etc.).

Le principe de transparence est une condition nécessaire au contrôle des mécanismes et processus participatifs, mais il ne doit en aucun cas être étendu au traitement des données personnelles ou servir des attaques contre la vie privée des participant.e.s à la plateforme.

Nous entendons par traçabilité la capacité de trouver facilement et dans le détail l’histoire (passée comme future) de l’élaboration des propositions, plans, régulations ou quelqu’autre objet de participation ou décision compris dans un mécanisme ou un processus. La plateforme doit à tout moment montrer comment, pourquoi, par qui et avec quelles garanties un morceau d’un processus participatif a été rejeté, approuvé ou bloqué.

Nous entendons par intégrité l’authenticité d’un contenu spécifique, et l’assurance qu’il n’a pas été manipulé ou altéré sans que cette modification ait clairement été enregistrée et qu’elle soit visible et accessible. L’exigence d’intégrité revient à la non-manipulation des propositions et résultats des processus ou mécanismes participatifs.

Égalité d’opportunité et indicateurs qualitatifs

Conjointement aux garanties définies précédemment, la plateforme promet de fournir des opportunités identiques pour toute personne, aussi bien concernant les propositions que toute autre contribution que la plateforme accueille. Celle-ci offre des possibilités égales de participation à tous les processus (propositions, débats, etc.) : toute personne peut les voir, les discuter, les commenter, les évaluer, les traiter, sans discrimination d’aucune sorte. L’identité numérique des utilisateur.trice.s de la plateforme sera ainsi toujours personnelle et non-transférable. Le processus de vérification qui confère les droits à la décision sur la plateforme sera également unique, et la responsabilité incombe à l’entité administrative en charge de la plateforme d’éviter l’usurpation d’identité d’une personne ou d’une entité.

La plateforme doit promouvoir, avec l’objectif d’en assurer le caractère démocratique, l’utilisation d’indicateurs qualitatifs développés sur la base des données obtenues par les différents processus et mécanismes participatifs et par l’activité des utilisateur.trice.s. Le partage des réglages des différents modules ainsi que l’open data seront mis en avant dans le choix de ces indicateurs.

L’égalité de participation des citoyen.ne.s est un des principes fondamentaux de tout système démocratique ; la plateforme doit non seulement assurer une égalité d’opportunité concernant les usages et les fonctions mais également les droits d’accès. Ainsi, l’organisation en charge de la plateforme s’engage à agir pour favoriser l’accès à, et le soutien de, la plateforme pour tou.te.s les citoyen.ne.s de la même manière. Les outils et ressources appropriées pour la plateforme sont disponibles à tous sans distinction.

Confidentialité des données

La confidentialité et le caractère privé des données personnelles que les individus pourraient fournir pour participer à n’importe quelle fonctionnalité et/ou possibilité de participation que la plateforme offre doivent être garantis à tout moment. En aucun cas des données personnelles ne doivent être transmises à un tiers. Les données personnelles ne seront pas utilisées plus que ce qui est strictement nécessaire dans le cadre de l’enregistrement des utilisateur.trice.s et des améliorations de la navigation sur la plateforme.

Dès que la technologie de la plateforme le rend possible, l’expression de préférences politiques ou de volontés au cours de processus de décision devra rester inaccessible même à l’administrateur de la plateforme ou le(s) serveur(s) l’hébergeant.

Responsabilité et suivi

Répondre à toute demande et à toutes les contributions le plus rapidement possible doit être un engagement pris envers les citoyen.ne.s. Un autre se situe dans le suivi des résultats des processus participatifs et la réponse à celles et ceux qui les demandent. Enfin, le dernier engagement consiste en l’étude de l’intégration d’indicateurs pour contrôler le processus participatif une fois terminé, afin d’en évaluer systématiquement le déroulé.

Amélioration permanente et collaboration inter-institutionnelle

Des mécanismes d’évaluation périodiques seront mis en place afin de faciliter l’amélioration de la plateforme.

La priorité sera donnée à la collaboration et à l’échange d’expériences entre les institutions incluses dans le projet, dans l’objectif d’améliorer, réparer et construire de nouveaux développements visant à améliorer sans cesse la plateforme.

Dans ce but, une atmosphère de collaboration sera mise en valeur pour le développement d’améliorations qui visent à bénéficier à l’ensemble de la plateforme, ce qui permet la coordination entre différents acteurs si nécessaire.

Conditions d’utilisation

Tous les points de cette charte doivent être reproduits dans le texte du contrat de licence que chaque organisation qui intègre Decidim à ses services établit avec les utilisateur.trice.s et ne doivent jamais être contredits.

Open Source Politics est une entreprise qui développe des plateformes de démocratie participative pour des acteurs publics, privés et associatifs. Contactez-nous si vous souhaitez vous engager dans un dispositif de concertation ou un budget participatif utilisant des outils civic-tech !